Manon Trapp : « Le marathon olympique, j’y crois toujours »

Manon Trapp, 23 ans, avait frappé fort à Valence, bouclant son premier marathon en 2h25’48’’ malgré une entorse. La Savoyarde de 23 ans compte bien s’attaquer au nouveau record de France de Méline Rollin et décrocher le troisième et dernier ticket pour les Jeux olympiques de Paris. Dans le cadre de sa préparation marathon, elle est attendue sur le semi de Paris le 3 mars.

Manon Trapp, en bref. 23 ans, licenciée au club Entente Savoie Athlé, court depuis 2017, a obtenu dix médailles d’or nationales, dont quatre sur cross (2019-2021-2022-2023), 2 sur 10 km route, 1 sur 5 km route (2023), 3 sur piste (2019-2022-2023). Elle est détentrice du record de France junior de semi-marathon.

Avec votre performance en 2h25’48’’ sur le marathon de Valence vous avez réalisé le démarrage le plus rapide de l’histoire sur marathon. Racontez-nous ce premier marathon…

Manon Trapp : « Au début, j’ai suivi la masse de coureurs en faisant attention à mon attitude, mes sensations et mon allure. Puis au 10ème kilomètre, au moment du ravitaillement, je suis tombée dans une bousculade, et je me suis fait une entorse. En voyant le peloton partir et moi, à terre, boiter, je me suis dit que c’était foutu.

J’étais désespérée mais d’un coup, c’est comme si mon passé de judoka (Manon, ceinture noire, a pratiqué 11 ans de judo en compétition, NDLR) avait ressurgi. En judo, je me suis déjà relevée de nombreuses chutes et j’ai continué le combat. Là, c’était la même chose. Je me suis dit que malgré les aléas, je devais finir mon marathon. Réaliser mon objectif, peu importe le chrono. »

Manon Trapp, triple championne de France de cross.
Manon Trapp a décroché 4 titres nationaux sur cross ces dernières années. ©Jean-Marie Hervio-KMSP – FFA

C’est-à-dire qu’après votre chute et malgré une entorse, vous avez donc réussi à repartir pour 30 kilomètres ?!

« Oui, j’ai réussi à me remettre dans la course. J’ai éprouvé à nouveau des coups de moins bien, puis je me suis sentie mieux à partir du 31ème kilomètre. J’ai finalement réussi à être régulière et à faire les minima ! A l’arrivée, j’ai éprouvé énormément de gratitude. J’avais envie de dire merci à tout le monde. A mes proches, mon équipe… Et aussi à moi-même, pour être restée forte du début de ma préparation jusqu’au franchissement de la ligne, malgré les moments de doutes, et lorsque j’étais dans le dur. »

Pensiez-vous du coup réussir les minima olympiques (2h26’50’’) avec une si belle marge ?

« Non ! En me fixant l’objectif de faire les minima sur mon premier marathon, j’avais bien sûr des peurs, des doutes. J’appréhendais le mur du 35e kilomètre. Je ne savais pas non plus si je serais capable de tenir 42 km à l’allure prévue… Dans le même temps, j’avais une bonne intuition. Mais faire une minute de moins avec mon entorse, cela a été une grande surprise à l’arrivée. » 

Manon Trapp, à l'entraînement, chez elle en Savoie.
Manon Trapp, à l’entraînement, chez elle en Savoie. ©Mathilde L’Azou

Manon Trapp, vous figuriez troisième sur la liste des qualifiées pour le marathon olympique au 30 janvier. Mais à Séville mi-février, la performance de Méline Rollin qui a battu le record de France en 2h24’12 » a redistribué les cartes. Avec elle, Mekdes Woldu (2h24’44 ») et Mélody Julien (2h25’01 ») figurent désormais en tête du bilan. La période de sélection court jusqu’au 30 avril. Cela vous laisse une occasion de revenir dans la course olympique…

« J’y crois toujours, oui. J’ai bien prévu de courir un marathon courant avril mais je ne sais pas encore lequel. Je ne suis pas encore décidée à 100%. »

Manon Trapp, à l'entraînement, chez elle en Savoie.
Manon Trapp, de retour chez elle en Savoie après un stage au Kenya, s’alignera sur le Semi-marathon de Paris le 3 mars. ©Mathilde L’Azou.

Vous aurez le record de France de Méline Rollin 2h24’12 » en tête ?


« Je vais essayer de faire mieux et je pense pouvoir en être capable. Mais on n’est jamais sûr de rien sur un marathon, il faut rester humble. Je ferai tout pour en tout cas ! »

Courir le marathon olympique, Manon Trapp, ce serait pour vous…

« Tout simplement extraordinaire, une étape importante de ma carrière de coureuse. »

Vous êtes jeune, qu’est-ce qui vous a donné envie de basculer sur marathon, distance d’expérience, dit-on ?

« Je savais qu’au fond de moi le marathon était fait pour moi. Cette distance est en accord avec ma personnalité. Il y a une dimension d’exploration, à la fois géographique et mentale je dirai.

Lorsque j’ai vu que des filles plus jeunes que la ‘norme’, se mettaient au marathon alors qu’on me disait que c’était une distance plutôt réservée à l’après-carrière, j’ai dit à mon coach que je voulais tenter ma chance. Le parcours très exigeant des J.O de Paris 2024 avec du dénivelé m’a motivé. C’est un défi que j’ai envie de relever maintenant. »

Manon Trapp - championnat de France de 10 km 2019
Manon Trapp, championne de France sur 10 km en 2019, deux ans seulement après ses premières compétitions. ©Julien Crosnier / KMSP

Deux ans après avoir commencé à courir en 2017, vous remportiez le championnat de France de 10 km. Depuis, les titres se sont enchaînés, notamment quatre victoires nationales en cross… C’est un début de carrière éclair !

« Tout est allé très vite en effet depuis que j’ai démarré. J’ai vite progressé mais j’ai encore des choses à apprendre. Ce qui est certain c’est que ça a été une aventure passionnante. Et ce n’est que le début ! La course à pied a pris de plus en plus d’importance dans ma vie. Elle m’a aidé à construire ma personnalité, mes valeurs, la personne que je suis aujourd’hui. »

A part courir très très vite, qu’est-ce que vous faites dans la vie ?

« J’ai décidé, après avoir obtenu mon diplôme de master 2 en géographie, de prendre une année pour optimiser mes chances d’aller aux Jeux Olympiques. J’ai la chance d’avoir mes parents qui me soutiennent dans mon projet, et financièrement. Travailler à côté de ma préparation marathon aurait engendré beaucoup trop de fatigue. Sur mon temps libre, je suis également bénévole à l’association Mountain Riders, qui œuvre pour la transition écologique des territoires de montagne. »

Quel sera votre premier objectif 2024 ?

« Cette année, j’ai zappé la saison de cross avec un peu de nostalgie, mais on ne peut pas tout faire. Je me prépare pour le semi-marathon de Paris (3 mars) où j’aimerai bien battre mon record (1h11’23’’, NDRL). »