Anaïs Quemener : « je vis ma plus belle année ! »

Anais Quemener a décroché son deuxième titre de championne de France de marathon à Deauville.

Anaïs Quemener a battu tous ses records cette année et vient de décrocher son deuxième titre de championne de France de marathon. Mais sa plus belle victoire, c’est d’avoir vaincu un cancer du sein agressif il y a sept ans. Cette aide-soignante de 31 ans est une vraie guerrière.

Anaïs Quemener, ce deuxième titre de championne de France de marathon, six ans après votre premier sacre, en 2016, cela représente quoi pour vous ? 

« C’est un peu une consécration, l’aboutissement d’un long entraînement. Ce championnat de France de Deauville était mon objectif de l’année. Après mon premier titre en 2016, je savais où je mettais les pieds. Je visais un meilleur chrono, autour de 2h36’-2h38’. J’ai mis un peu plus de temps et termine en 2h40’36’’ mais je suis très heureuse de décrocher à nouveau ce titre qui vient clôturer en beauté 2022. C’est ma meilleure année ! J’ai battu tous mes records sur 10 km (33’54’’ à Paris), semi-marathon (1h14’55’’ à Paris) et marathon (2h37’26’’ à Paris) après avoir faire un top 10 au France de cross et gagné Paris-Versailles notamment. »

En 2016, vous aviez décroché votre premier titre de championne de France en 2h55’, six mois après avoir vaincu votre cancer du sein. Nous avions alors découvert une championne guerrière.

« Merci, c’est gentil. Gagner ce championnat de France en 2016 avait été pour moi une revanche sur la vie. J’y allais pour battre mon record personnel de l’époque qui était de 2h58’. Je voulais me prouver qu’après mon cancer, j’avais retrouvé mon niveau d’avant. J’avais terminé en 2h55’26’’. Le titre était totalement inattendu ! Les favorites de la course n’étaient pas présentes, il y a eu des abandons à droite et à gauche, moi j’avais une grosse envie de courir… C’était comme dans un film et cela reste mon meilleur souvenir de coureuse. »

Gagnante du dernier Paris-Versailles, Anais Quemener est très attendue sur le championnat de France de marathon de Deauville
Victoire sur le dernier Paris-Versailles pour l’athlète Salomon, Anais Quemener.

A 24 ans, on vous a diagnostiqué un cancer du sein agressif et métastasé. Comment avez-vous traversé cette épreuve ?

« En courant, justement. Je dis souvent, la course à pied m’a sauvé de mon cancer. Je ne travaillais plus à l’époque. Tout mon quotidien me rappelait que j’étais malade avec les traitements que je subissais. Je ne pouvais pas rester à rien faire chez moi. J’avais besoin de sortir courir, de faire du vélo, de m’aérer l’esprit. A l’entraînement avec les copains, j’avais l’impression d’être comme tout le monde, comme si je n’étais plus malade. Cela m’a aidé à tenir pendant ces mois difficiles où j’ai surtout eu la chance d’être très bien entourée, avec beaucoup de bienveillance de mon entourage. »

Depuis votre cancer, vous êtes très investie dans la lutte contre le cancer du sein, notamment avec l’association Casiopeea que vous parrainez.

« Quand j’étais en traitement j’ai rencontré Casiopeea via les réseaux sociaux. Je me posais mille questions et j’avais besoin de réponses en tant que malade. La présidente de l’association, Nathalie David, a eu un cancer du sein et fait de l’ultra-marathon. Je me suis reconnue dans son profil. Je suis allée à leur premier évènement, la Marche des Roses. Le lien s’est vite créé d’un événement à l’autre jusqu’à mon premier titre de championne de France où je suis devenue marraine de l’association. Depuis l’aventure continue. On n’habite pas toutes à côté mais nous essayons de nous voir de temps en temps en nous fixant des défis ensemble. Et c’est toujours super cool. »

Anais Quemener fait partie de la team Salomon.

Anaïs Quemener, la course à pied et vous, c’est une passion qui dure depuis toujours ?

« Oui, j’ai toujours baigné dedans. J’ai commencé à courir 7 ans, en club à l’âge de 9 ans. Bon, à l’adolescence, ce n’était pas ma priorité. Je préférais souvent sortir avec les copines plutôt qu’aller m’entraîner je dois le dire. Mais aujourd’hui, le sport, c’est presque toute ma vie ! C’est mon papa qui m’entraîne depuis des années. Il a été plusieurs fois champion de France militaire avec les pompiers de Paris. Il avait un très bon niveau 10 km, steeple et en cross. »

Vous êtes aussi aide-soignante à l’hôpital de Bondy, en Seine-Saint-Denis et vous travaillez de nuit. Comment faites-vous pour vous entraîner ?

« J’ai travaillé cinq ans aux Urgences de Bondy (93) maintenant je suis à la suppléance de l’hôpital. C’est un poste où l’on est amené à faire tous les services en fonction des besoins à l’instant T. Je travaille de 21h à 7h du matin trois jours par semaine. Je dors jusqu’à 13h voire 14h au plus si je fais une grasse matinée (rires), après je m’entraine avant de repartir au boulot le soir. Je cours six jours sur sept, avec entre 120 et 160 km au maximum au plus fort de ma prépa marathon. C’est un rythme qui me convient bien d’autant que je suis une petite dormeuse. J’aime mon travail et j’aime courir, alors je ne vois pas le côté contraignant, même si mon copain me dit souvent que je vis à 2 000 à l’heure… »

Quel est votre objectif pour 2023, Anais Quemener ?

« Je vais recourir le marathon de Paris. J’aimerai bien faire moins de 2h35’. Je prévois aussi de courir le marathon de Berlin fin septembre, avec l’objectif de faire un meilleur chrono qu’à Paris. A moyen terme, j’aimerai me rapprocher des minimas mondiaux qui sont en 2h32’. Je sais que cela va être difficile. Si ça marche tant mieux, cela ne marche pas tant pis, au moins j’aurai tenté. Et rien à regretter ! »