Floriane Hot, championne rayonnante du 100 km au marathon
Floriane Hot, championne du monde en titre et recordwoman d’Europe de 100 km a décroché l’or sur le championnat de France de marathon à Saint-Tropez le 24 mars. Un retour au sommet pour cette Aixoise rayonnante de 32 ans, heureuse maman d’un petit garçon depuis moins d’un an.
Devenir championne de France de marathon dix mois seulement après la naissance d’un enfant, c’est un bel exploit !
Floriane Hot : « Merci ! Je suis super contente de ce titre, presque à la maison, avec mon fils Nino et ma famille à l’arrivée. J’en ai rêvé pendant ma préparation. Augustine Emeraux-Lombard avait un meilleur chrono d’engagement que moi (record en 2h36’ contre 2h41’ pour Floriane, NDLR).
Mais je savais aussi que tout pouvait se jouer sur ce championnat, avec un parcours très vallonné. Je l’avais repéré deux fois et je me disais que la course allait durer 7 kilomètres car les 7 derniers kilomètres s’annonçaient compliqués. C’est ce qui s’est passé. Tout s’est joué sur la fin. J’ai fait la différence dans les montées avec un mistral à 80 km/h qui a rajouté un peu de piment pour tout le monde ! ».
Depuis l’été dernier, avec ton compagnon Nicolas Navarro (en lice pour les Jeux Olympiques sur marathon), vous êtes parents. La vie de champions avec un bébé, c’est encore un peu plus la course…
« Oui, c’est toute une organisation. Ce n’était pas forcément facile au début mais on a vite trouvé notre rythme. Nino, qui va maintenant à la crèche, est super cool, ça facilite les choses. Il nous suit partout, dort bien, cela nous permet de récupérer car c’est le manque de sommeil qui est parfois dur à gérer.
Les virus de l’hiver et les dents chamboulent un peu les plannings parfois mais on lâche plus prise depuis qu’on a un bébé, en acceptant que la prépa bouge parfois. Être tous les deux dans la course nous aide beaucoup parce qu’on met tout en œuvre pour que l’un et l’autre puisse s’entraîner au mieux. Et pour l’instant, ça ne se passe pas trop mal on va dire… »
Tu as repris ton travail de contrôleuse aérienne ?
« Oui mais depuis mon titre de championne du monde de 100 km, j’ai un aménagement de temps qui me permet de ne pas travailler les jours où j’ai de grosses séances pour me rattraper ensuite sur les périodes plus creuses. C’est une chance car cela me permet de tout concilier. »
Au fait, ton premier dossard, c’était où ?
« Je me suis lancée directement sur marathon, et sans entraînement. Erreur de débutante (rires). C’était à Toulouse en 2014, suite à un défi entre amis. J’avais terminé en 3h41’ et adoré. Ensuite, je me suis inscrite en club à Aix, et je suis encadrée depuis par mon coach Jérémy Cabadet. C’est comme ça que tout a démarré.»
Floriane Hot, après 5 marathons, qu’est-ce qui t’avait décidé à te lancer sur 100 km ?
« Un coup de tête. Après mon marathon à Valence en 2021 (record en 2h41’28’’), j’hésitais à refaire un marathon au printemps. Nicolas qui m’a lancé le défi de courir un 100 km. Il a fallu qu’il me le dise une fois et j’étais lancée. Je me suis dit, pourquoi pas. J’aime bien les challenges, on verra où cela me mène… »
Et cela t’a mené directement au sommet de l’ultra-fond : championne de France de 100 km au printemps (7h42’, à Belvès) et championne du monde (7h04’, à Berlin) quelques mois plus tard !
« 2022 a été une année complètement dingue. D’abord, je ne m’attendais pas du tout à mon premier titre à Belvès. Au-delà de 60 km, ma plus longue sortie en prépa, c’était l’inconnu.
Je pensais n’en faire qu’un, mais comme tout s’est bien passé et que j’ai obtenu ma qualification pour le championnat du monde en août, j’ai voulu honorer le maillot français alors j’ai enchaîné sur une deuxième prépa 100 km, en boucles et plat celui-là. Encore une fois, je n’avais aucune idée de mon niveau par rapport aux autres filles, vu que je n’avais fait qu’un seul 100 km vallonné. J’étais vraiment très heureuse et super fière de cette médaille pour ma première sélection en équipe de France. »
Pour ton deuxième 100 km couru en 7h04’ (soit à 14,15km/h de moyenne !), tu as décroché un double record de France et d’Europe…
« Oui cela été une sacrée surprise car à vrai direje ne connaissais pas même pas le chrono du record d’Europe. J’avais travaillé mon allure sur la base du record de Laurence Klein (7h26’44’’), je suis partie plus vite que prévu et cela a tenu. Lorsque qu’on m’a dit, sur la fin, qu’il y avait le record d’Europe à aller chercher j’ai trouvé ça fou, cela m’a motivé et au final, j’ai réussi à garder la même allure. C’est un souvenir dingue. »
Revenons à 2023, tu as vite repris l’entraînement après ton accouchement…
« Le sport, c’est mon équilibre alors ça m’a fait du bien de repartir dans une dynamique de course, sachant que j’avais pu courir tout doucement jusqu’au bout de ma grossesse.
Après mon accouchement, je n’ai pas voulu brûler les étapes. Au début, j’alternais 3’de marche et 3’de course et j’ai augmenté ainsi au fur et à mesure. J’ai repris en compétition sur Carro-Carry, le 24 septembre. La veille de cette course en 2022, j’avais appris que j’étais enceinte. C’était mon petit clin d’œil de rependre là, cette fois avec Nino à l’arrivée. »
Floriane Hot, on t’avait vu sur le Marathon de Valence en décembre dernier, six mois seulement après tout accouchement.
« L’objectif était aussi de prendre du plaisir sur ce marathon de Valence que j’adore et où nous avons plein de souvenirs avec Nicolas. Jusqu’à un mois avant, je ne savais pas encore si je serai au départ. Je voulais être sûre que l’enchaînement des kilomètres de la préparation se passait bien. J’ai vu que tout était OK, je me suis sentie capable, et tout s’est bien passé. Je termine à 10’ de mon record et Nicolas a battu le sien et décroché sa place pour les Jeux Olympiques, donc j’étais très contente. »
Quel est ton prochain objectif ?
« Sans doute les championnats du monde de 100 km, en décembre en Inde. Je tenterai bien de conserver ma couronne tant qu’à faire. Ce n’était pas forcément prévu au début mais cela tombe bien au niveau calendrier. Nico aura terminé les Jeux Olympiques, Nino sera plus grand, je pourrais entamer une prépa après l’été…
Pour l’instant, c’est encore en pointillé. Tout dépendra du fait que je sois sélectionnée, on saura ça fin août, et de ma forme. En attendant, la grosse étape, c’est les J.O pour Nicolas. L’objectif est qu’il arrive le mieux préparé possible pour réussir ce marathon olympique à la maison ! »
Passer sous les 7h sur 100 km, cela te paraît possible ?
« Je ne sais pas honnêtement car je ne me voyais déjà pas faire 7h04’. C’est vrai que ce serait un bel objectif de fin d’année sur le championnat du monde. »
Est-ce qu’entre le marathon et le 100 km ton cœur balance ?
Pour l’instant j’ai l’impression que le 100 km c’était une autre vie, avant l’arrivée de Nino. Je me rappelle avoir vraiment souffert sur les championnats du monde et me dire au bout de 2h, il te reste 5 ou 6h de course mais qu’est-ce que tu fais là, pourquoi tu t’infliges ça, c’est dur, c’est long… Je compte y revenir, c’est donc que j’aime ça.
Mais c’est vrai que le marathon reste la distance reine, un effort long mais pas trop, avec une préparation plus simple qu’un 100 km qui demande beaucoup plus de temps et toute une logistique à mettre en place, pour les sorties longues notamment. »
Quel sera ton prochain dossard Floriane Hot ?
« Je suis inscrite pour le Semi du Ventoux début juillet que j’ai envie de faire depuis un moment. Ce n’est pas loin de chez nous, c’est une course de dénivelé, j’aime ça, et par chez nous il y a de quoi faire à ce niveau-là… »