Vincent Dogna : chapeau l’artiste
Figure de la communauté running, l’artiste Vincent Dogna peint depuis douze ans sa passion pour la course à pied. A son actif, 35 marathons et plus d’une centaine de toiles toutes en émotions. Rencontre.
« La course à pied est ma source d’inspiration, la peinture mon mode d’expiration », voilà le mantra de Vincent Dogna. Courir et peindre, et vice et versa. Ses deux passions sont intimement mêlées. Ce que l’artiste fixe sur la toile, c’est ce que le coureur ressent. Le sentiment de « déjà vu » est troublant. Regarder sa peinture, c’est replonger dans ses propres souvenirs, revivre une émotion enfouie. Sa quête artistique est dans ce partage : « Le plus beau compliment, c’est me dire : vous êtes coureur, cela se ressent », confie l’artiste, que la course à pied a révélé.
Objectif 42 marathons
Après ses études d’art – trois ans à l’Ecole supérieure des arts appliqués Duperré à Paris, puis deux ans aux Métiers d’arts du Hainaut en Belgique – Vincent Dogna, tente de percer dans la veine surréaliste. Faute de succès, il passe à autre chose, il faut bien payer les factures… A la trentaine, il devient graphiste puis directeur artistique.
A l’époque, son quotidien n’a rien de sain. « Dans les années 80, je tournais à deux paquets de cigarettes par jour. J’étais tout sauf sportif. Et puis un jour, j’ai voulu arrêter de fumer. C’est comme cela que je me suis mis à la course à pied, entraîné par un copain. Mon premier dossard, c’était le Cross du Figaro, en 1992. 6 km et j’ai cru ne jamais y arriver. Au final, j’ai été applaudi comme si j’étais le premier. J’ai adoré l’ambiance. »
Le voilà donc piqué. S’enchaînent 10 km, semis, puis marathons. Paris en 1995 fut son premier. Il ira courir et découvrir le monde au pas de course : New York, Athènes ou encore Prague, son marathon record (3h16’ en 2004). A ce jour, 35 marathons bouclés mais un objectif affiché à 42 « pour la symbolique du nombre », précise le sportif de 57 ans.
Peindre pour courir par procuration
Et la peinture alors ? On y revient. En 2006, le marathonien vit une série noire : sur-entraînement, pubalgie, entorse à répétition…. Blessé, frustré de ne plus pouvoir cavaler, il ressort son chevalet. « Je n’avais pas touché les pinceaux depuis 20 ans ! J’ai décidé de peindre des coureurs pour vivre ma passion par procuration parce que courir me manquait », explique-t-il. Son geste fondateur : une ligne bleue jetée sur une toile vierge. Cette ligne, fil d’Ariane guidant le coureur pendant 42 kilomètres sera sa « muse ». L’artiste en (re)devenir file la métaphore : « C’est la trajectoire idéale, celle que l’on aimerait tous suivre au plus près pendant 42.195 km comme dans la vie ». Elle lui portera chance et inspirera une première série de toiles. Touche par touche, soir après soir, en rentrant du boulot, Vincent peint ses émotions au milieu du salon familial. Des natures mortes représentant des moments clés de la vie d’un coureur, ou des scènes de course, inspirées de photos prises sur le vif.
Au bout de deux ans, encouragé par son entourage, le père de famille dévoile son travail hors ses murs. Et cela démarre fort. Au culot, en 2009, il décroche une première exposition au Ministère de la Jeunesse et des sports. L’année suivante, son tableau « Blue line », sa « Joconde », sera sélectionnée au salon des artistes français du Grand Palais. Belle mise en lumière !
Vincent Dogna expose sur les courses
Dans la foulée, il tient son premier « stand » sur les Foulées de la Butte Montmartre. A deux pas de la place du Tertre et de ses peintres. Un signe ! Enthousiasmé par ses premières ventes, il quitte son job pour se consacrer à sa peinture. Depuis douze ans, il enchaîne sans relâche les expositions : 170 à ce jour, du Stade de France à Commission Européenne. Avoir fait rentrer le running dans cette institution est source de fierté.
En parallèle, il multiplie les stands sur les courses afin de vendre ses œuvres, toiles originales, tirages d’art signés, broches ou encore t-shirts à l’effigie de son « 42.195 km ». Vannes, Nice-Cannes, Laval, Deauville, Le Beaujolais, Metz, Paris mais aussi Genève, Prague, Trévise, Madrid ou encore Barcelone…. Ave ses tableaux bien empaquetés dans sa voiture, ce passionné a cumulé près de 200 000 kilomètres pour exposer une centaine d’œuvres regroupées sur son site www.ARTandRUN.com. Des « Dogna » sont ainsi accrochés chez des sportifs amateurs d’art en Grèce, à New York, au Canada ou encore au Kazakhstan ! Après deux années blanches, Covid oblige, on retrouvera avec plaisir Vincent Dogna sur les « villages » des courses ce printemps. L’artiste sera du 31 mars au 2 avril, sur le salon du marathon de Paris, Run Expérience, puis sur le Marathon de Nantes, sur le Marathon de la Loire ainsi qu’au Marathon du Luxembourg.