Pubalgie : le point sur une zone hypersollicitée

Le surmenage est souvent en cause dans une pubalgie.

La pubalgie n’est pas réservée aux footballeurs. Cette douleur de la région pubienne peut aussi toucher les coureurs. En cause : le surentraînement.

La pubalgie est une blessure localisée sur et autour de l’articulation du pubis. Elle est à la fois articulaire, tendineuse et musculaires. En cause, la symphyse pubienne. C’est l’articulation du bassin sur laquelle s’insèrent des muscles abdominaux (grands droits, obliques) et des muscles de la cuisse (adducteurs). C’est un véritable carrefour entre le tronc et les membres inférieurs. Là, s’exercent en permanence des forces de traction importantes et opposées. Certains muscles abdominaux (les grands droits) la tirent vers le haut. Les muscles adducteurs de la cuisse (face interne), eux, la tirent vers le bas.

Pendant la course, le bassin se balance de haut en bas et subit des forces de rotation lorsque le balancement des bras est exagéré. La symphyse pubienne se trouve alors cisaillée. Normalement, les tractions exercées par les différents muscles s’attachant autour du pubis s’équilibrent et tout se passe bien. 

Pubalgie : attention au sur-régime !

Le carrefour pubien, siège de la pubalgie.
Le carrefour pubien, siège de la pubalgie.

Les mois préférés de la pubalgie : avril et septembre. Pourquoi ? Bien sûr, il y a l’augmentation de la dureté des sols, mais aussi, et surtout, ce sont des périodes habituelles de surentraînement. Car la cause principale de la pubalgie, c’est le surmenage. Entraînements plus intenses, plus fréquents et si la compétition s’en mêle, c’est le passage à un niveau supérieur, le recours systématique à des gestes plus puissants. 

Au début, c’est pendant la course que survient la douleur : au niveau du pubis, parfois en-dessus, parfois au-dessous. Puis, elle devient permanente au point de gêner la vie quotidienne.

Des gestes aussi simples que marcher, se retourner dans un lit, aller aux toilettes, tousser ou sortir d’une voiture sont problématiques. Pour diagnostiquer l’affection, le médecin va rechercher une douleur par une pression sur la symphyse pubienne puis étudier la contraction contrariée des adducteurs et des abdominaux. Il arrive parfois que la radiographie montre un grignotage de l’os. 

Trois blessures autour du pubis

Schématiquement, on en distingue trois formes selon le siège de la douleur. Il y a d’abord la tendinite des adducteurs. C’est un inflammation des tendons du pubis qui se caractérise par une douleur située sous le pubis et irradiant dans la cuisse. Ensuite, l’arthropathie pubienne.

Cette atteinte de l’articulation du pubis se caractérise par une douleur du pubis. Enfin, l’atteinte dite « pariétale abdominale », touchant cette fois des muscles grands droits et obliques s’attachant sur le haut du pubis. Dans ce cas, la douleur est au-dessus du pubis. Le diagnostic est conforté par la radiographie (modifications de l’articulation). 

Quel traitement pour la pubalgie ?

Les courbatures sont un passage quasi obligé après un effort de longue durée. Voyons comment minimiser les douleurs.

Le traitement de première intention est médical. La stratégie gagnante associe : repos sportif localisé, anti-inflammatoires, rééducation pour réduire la cambrure lombaire et étirements des muscles du carrefour pubien, notamment les adducteurs. La chirurgie est proposée en cas d’échec du traitement médical. 

La prévention doit être organisée dès les premiers entraînements. Elle repose sur un bon échauffement, sur la musculation des abdominaux et sur la pratique d’étirements des muscles de la cuisse afin de respecter l’équilibre musculaire du pubis. Dernier point important : des mesures hygiéno-diététiques adaptées. En effet, il est conseillé de ne pas trop manger de viande rouge et de sucreries. On recommande aussi de privilégier au maximum les sols souples au bitume.

10 points de repère

1. La douleur de la région pubienne est le signe essentiel de la pubalgie.


2. Elle résulte le plus souvent d’un déséquilibre entre les grands obliques insuffisants et les muscles adducteurs hypertoniques, créant ainsi un surmenage « pubien ».

3.  Début généralement progressif : 1) au réveil 2) uniquement lors de l’effort 3) pendant et juste après la course 4) en permanence avec entrave des gestes de la vie courante

4.  Les coureurs très musclés et râblés, les hypercambrés, ceux qui ont une jambe plus courte ou une hyperpronation (déformation interne de la chaussure) sont les plus exposés.

5. Le traitement est fondé sur le repos, absolu dans la majorité des cas, avec un minimum de deux à trois mois, souvent de six voir même douze mois.

6. Ce repos doit s’associer d’une compensation talonnière pour une jambe plus courte éventuelle (objectivée par une radio type EOS), la correction de la lordose lombaire par des séances de posture et des étirements type stretching des muscles concernés.

7.  Ne pas attendre pour consulter en pensant « que cela passera ». Plus on attend, plus le « tunnel » sera long !

8.  Consulter de préférence un spécialiste de médecine du sport, coureur à pied lui-même qui, à chaque étape de l’évolution – traitement médical, rééducation, étirements, reprise de la marche, footing, réathlétisation, contrôlera l’efficacité du processus de retour à la course à pied.

9. Préférer dans un premier temps les activités portées : vélo, aquarunning, natation (éviter la brasse et les palmes).

10. Ne reprendre l’entraînement (espacé et progressif) qu’à la disparition complète de la douleur. Pour ne pas s’exposer à un faux pas à la reprise, respecter au préalable le test suivant : six kilomètres de marche en une heure sans douleur pendant et après.