Salomon : de la montagne à la ville
Équipementier leader sur les sentiers depuis plus de vingt ans, Salomon continue de façonner la culture trail-running en partant à la conquête des runners urbains sans renier son héritage montagnard.

Pour la petite histoire. En 1947, la famille Salomon ouvre son atelier de scies à bois et de carres de ski dans le vieil Annecy. Dix ans plus tard, la marque invente la première fixation de skis avec le succès que l’on connaît. Depuis 2000, l’enseigne déploie son expertise sur l’outdoor hors hiver jusqu’à devenir une multinationale cotée en Bourse dont le chiffre d’affaires dépasse le milliard. Si son siège reste basé à Annecy, Salomon réalise aujourd’hui environ 10% de son chiffre d’affaires en France.
Salomon trône fièrement depuis l’an dernier sur les Champs-Élysées. Cette boutique sur la plus belle avenue de Pairs résume toute sa stratégie : descendre de a montagne pour investir les villes, de New York à Tokyo.
La multinationale d’Amer Sports passée sous pavillon chinois se veut plus inclusive. Elle séduit aujourd’hui aussi bien l’ultra-traileur préparant un UTMB – son client historique – que le jeune citadin fan de sa XT6 aux couleurs avec la marque de luxe Margiela.
A la source du trail

Cette XT6, paire numéro 1 de ses ventes, est une « archive » trail de la décennie précédente détournée en lifestyle pour son confort. L’univers sportstyle a le vent en poupe. Mais le trail-running reste bien le point d’ancrage de la marque, et son principal vecteur de croissance.
Sur les sentiers, la saga Salomon s’est mêlée à la naissance du trail dans les années 2000 autour d’un certain Kilian Jornet. Depuis, la marque reste leader et archi-influente. Sa team regroupe des géants comme Courtney Dauwalter, Mathieu Blanchard ou François d’Haene.
Ces dernières années, elle a mis un sérieux coup d’accélérateur sur la route. Ce segment pèse pour 80% du marché, le trail qu’elle domine représentant le pourcentage restant.
Un sérieux package technologique

Certes, Salomon n’a pas la force de frappe de Nike, Asics ou Adidas en terrain urbain. Mais elle s’y est fait une place rapidement, forte d’un sérieux package technologique.
Sa paire vedette, l’Aero Glide est sortie dans sa 3e version en début d’année. Elle se démarque dans la catégorie confort par son dynamisme. « Pour un stack donné de 40 mm, c’est la chaussure la plus légère de 15 à 20% de sa catégorie avec une durabilité supérieure » martèle Gatien Airiau, product marketing manager footwear.
Ce traileur de haut niveau (UTMB Index 739) anciennement de chez Nike, pilote depuis quatre ans le développement de la gamme ‘running all terrains’ qui s’étoffe.
A côté de l’Aero Glide et l’Aero Blaze ciblant l’amorti, la S/LAB Phantasm combine mousse super critique et plaque carbone. « L’athlète suisse Mathias Kiborste a fait les minimas olympiques sur marathon avec cette chaussure. Pour une petite marque récente sur la route comme nous, c’est phénoménal ! » souligne Gatien Airiau.
Carbone : deux paires aux profils bien différents

A côté de l’Aero Glide et l’Aero Blaze ciblant l’amorti, la S/LAB Phantasm combine mousse super critique et plaque carbone. « L’athlète suisse Mathias Kiborste a fait les minimas olympiques sur marathon avec cette chaussure. Pour une petite marque récente sur la route comme nous, c’est phénoménal ! » souligne Gatien Airiau.
Sur le banc « racing » la Spectur se montre particulièrement innovante. A son origine, un constat. « Le temps moyen sur marathon est de 4h26’, soit plus du double du coureur élite. La foulée n’est pas la même, l’entraînement et le corps non plus, mais l’état d’esprit peut être le même !
Nous avons donc cherché à concevoir la meilleure chaussure possible pour le coureur amateur en quête de performance. Cette Spectur est plus indulgente et moins exigeante qu’une S/LAB Phantasm, tout en ayant le même package technologique », résume le responsable.
Une série GVRL attendue

La dernière production, c’est une série GVRL. Celle-ci s’inspire du désormais célèbre vélo Gravel plébiscité pour sa versatilité. Le runneur d’aujourd’hui ne cloisonne ni les terrains ni les disciplines. Et cette nouvelle approche Salomon promet de faire bouger les lignes.
Après une première version Defy GRVL ciblant la stabilité, la gamme se structure autour de l’Aero Glide GRVL, sortie en avril et l’Aero Blaze GRVL annoncée pour juillet.
Ces « hybrides » d’un nouveau genre sont pensées pour la pratique en milieu urbain comme en campagne, soit le pas-de-porte de la grande majorité de coureurs. « Le moteur est le même qu’une chaussure de route. L’enjeu était d’améliorer le grip sans détériorer l’amorti. Nous avons ajouté des éléments pour étendre sa capacité à aller sur des terrains variés, sans toutes les protections que requiert une paire de trail, nécessairement plus lourde », rapporte Gatien Airiau.
Objectif neutralité carbone
Au cœur de l’innovation, son centre de recherche ADC (pour Annecy Design Center) qui lui permet la réalisation rapide de prototypes, fort des nombreux métiers rassemblés (patronage, découpe, couture, impression 3D).
Son esprit pionnier se traduit également sur le volet environnemental. Son objectif est de réduire de 30% de son empreinte carbone d’ici 5 ans et de viser la neutralité carbone pour 2050.
Pour cela, la marque a signé en 2018 un partenariat clé avec l’industriel français Chamatex et investi dans l’usine Advanced Shoes Factory 4.0 implantée à Ardoix, en Ardèche.
Des paires « made in Ardèche »

Plusieurs modèles sortent déjà de cette usine ultra moderne inaugurée en 2021. Notamment S/LAB Phantasm MIF (blanche). La marque ne se contente pas de réaliser la dernière étape industrielle en France, comme le stipule la loi. En effet, toute la tige composée de 80% de matières sourcées en Europe y est fabriquée.
Le tout au même prix que sa cousine S/LAB Phantasm (rouge) produite en Asie. Sur ce point, un positionnement clair : « Nous partons du principe que c’est à la marque d’investir pour définir les nouvelles normes sans que le consommateur paye le surcoût lié à cette relocalisation » rapporte à ce propos Gatien Airiau.
Index, projet pilote capital

En parallèle, l’Index, première chaussure 100% recyclable sortie en 2020 lui a ouvert les possibles pour préparer un avenir plus vert. « Le but était d’avoir les matières les plus pures possible en fin de vie, afin qu’elles puissent être recyclées facilement. L’Index est composée de deux matières, du polyester en partie haute qui servira à refabriquer des t-shirts par exemple, et du TPU de la partie basse qui pourra être broyé pour refabriquer des colliers pour les chaussures de ski », rapporte notre interlocuteur.
Grâce à ses avancées sur ce projet d’avant-garde, Salomon a notamment délaissé l’EVA très polluant. Elle privilégie désormais une semelle monomatière performante en thermoplastique élastomère (TPU) sur les Aero Glide, et Aero Blaze et leurs déclinaisons GRVL.
La prochaine étape ? Y associer une semelle extérieure performante et plus responsable. Un bond en avant qui s’entrevoit à court terme sur ses modèles phares. Voilà qui promet d’ouvrir une nouvelle ère pour l’industrie du sport.