Elvin Leroux, les six marathons majeurs à 30 ans

Elvin Leroux est le plus jeune français finisher des six marathons majeurs.

Elvin Leroux a réalisé un rêve dans Central Park en novembre dernier. A New York, il a décroché la Six Star Medal en bouclant son sixième marathon majeur. A 30 ans, c’est le plus jeune finisher du circuit mondial et sans doute le plus performant. Prochain objectif : passer sous les 2h40.

Elvin Leroux fait partie d’un cercle très fermé, celui des finishers du circuit Abbott World Marathon Majors. Dans le monde 17 679 coureurs ont terminé les six marathons majeurs (Tokyo, Boston, Londres, Berlin, Chicago et New York).

En France, 490 coureurs possèdent la très convoitée ‘Six Star Medal’ symbolisant l’aboutissement de ce challenge. Fraîchement trentenaire, Elvin est le benjamin de la bande, et le plus rapide. Car il a enchaîné la série en moins de deux ans, avec une folle progression et un joli record en 2h43’.

Le plus fou dans son histoire, c’est qu’il y a peu de temps encore, ce jeune coureur ne connaissait pas ces « majeurs ». Et à regarder encore un peu plus loin dans le rétro, il avoue qu’il n’aimait pas franchement courir. Sauf derrière un ballon. Après treize ans de foot à Saint-Nazaire, où il a grandi, la bascule s’opère lorsqu’il débarque à Paris.

©Vincent Lyky

Un premier marathon en cadeau de Noël

Le jeune agent immobilier trouve alors dans le running un sport accessible. Il le pratique à loisir, sans autre ambition que de s’aérer l’esprit après le boulot. « C’est une bonne drogue, qui rend zen et bien dans sa peau. Et surtout, ce qui est magique, c’est que plus on s’entraîne, plus on a de résultats, et plus on a envie de bien faire ! ».

Deux, quatre, six tours du Parc Monceau. Puis sur un coup de tête à Noël 2017, il s’offre un dossard pour le Marathon de Paris 2018 qu’il partagera avec son père, marathonien de longue date.

A 24 ans, sa traversée de la rive droite en 3h36 sera « une révélation ». Le voilà mordu comme papa. Quelques mois plus tard, il termine Valence en 3h15’ et entame un petit tour d’Europe sur 21 km comme 42 km, avec Rome et Amsterdam l’année suivante.

Le Covid met un coup d’arrêt à son élan. « En 2020, j’avais tout de même cumulé 2000 kilomètres » rapporte le marathonien qui d’une saison à l’autre augmente les curseurs, jusqu’à s’entrainer six jours sur sept. « Presque un deuxième métier », confie l’agent immobilier. 

Berlin le début de la série

Elvin Leroux est le plus jeune français finisher des six marathons majeurs.

C’est en 2021 à Berlin qu’Elvin découvre les World Marathon Majors. « Je venais de décrocher une étoile en 3h07’ alors j’ai voulu aller chercher les autres », précise le coureur qui réalisera son premier ‘sub 3h’ quelques semaines plus tard à Rotterdam (2h57).

Dès lors, sa passion prend une autre dimension. A l’envie de se surpasser se mêle une formidable occasion de découvrir le monde. « Lorsque l’on commence cette série des World Marathon Majors, on ne sait pas où l’on finit en fonction des tirages au sort sur qualifications et des tours operators », explique-t-il.

Sélectionné pour Chicago en 2022, il boucle en 2h50’ « encore plus vite qu’à Rotterdam l’année précédente, et j’avais encore la caisse ! ». L’année suivante, un nouvel exploit à Boston. Malgré le parcours compliqué et une pluie continue, Elvin bat son record d’une minute et découvre sa nouvelle ville préférée.

Enchaînement Tokyo et Londres et même chrono !

Elvin Leroux est le plus jeune français finisher des six marathons majeurs.

La suite, c’est une année fabuleuse en 4 marathons. Il y a d’abord eu Tokyo début mars avec un nouveau record en 2h43’20’’ et bonne claque culturelle en prime.

Un mois et demi plus tard, il pointait devant Westminster. Pile dans le même chrono (2h43’26’’), premier surpris sa double performance sur cet enchaînement osé Tokyo + Londres.   

Cet été, il a couru le Marathon pour Tous des Jeux Olympiques. Pas de chrono en ligne de mire cette fois-ci, mais le privilège de vivre un marathon historique. «  Je m’étais qualifié en 2021 sur la course-poursuite contre Eliud Kipchoge et j’attendais ce marathon de Paris 2024 avec impatience. Je l’ai terminé en 2h57’, ce fut le plus compliqué, avec 28°C et tracé très relevé », commente le Parisien d’adoption.

Le graal dans Central Park

Elvin Leroux est le plus jeune français finisher des six marathons majeurs.

Restait donc à son programme New York. L’inimitable New York. Celui par lequel la majorité des candidats au World Marathon Majors commence fut son dernier. Et quel dernier !

« En fait, j’aurai dû faire New York en 2023, à 29 ans donc, mais à cause d’une sérieuse anémie qui a compliqué mon année, j’y ai renoncé. Je me suis refais la santé et cela m’a permis de casser la baraque en 2024. Finir dans Central Park avec mes parents qui m’attendaient et la Six Star Medal à la clé, c’était énorme ! ».

Objectif Sydney, 7eme étoile

Sauf qu’à peine trois jours plus tard, Elvin apprenait que la famille Abbott accueillait un petit nouveau à l’autre bout du monde… « Je me suis vite dit que cela me remettait un objectif pour 2025. J’ai pris de suite un dossard pour Sydney. J’ai hâte de faire ce voyage. L’Australie m’a toujours attiré. En marge du marathon, j’ai prévu de visiter Perth et Melbourne. Cela représente un budget, mais il faut que j’y aille. Pas pour battre mon record car le parcours est très compliqué mais pour poursuivre ma série. Rester le plus jeune français finisher des marathons majeurs, c’est mon objectif à moi. Je ne serai jamais parmi les champions des champions mais j’essaie de faire au mieux pour mon âge », commente le marathonien.

Le rêve des 1%

Actuellement parmi les 2% les plus rapides des pelotons, souvent classé parmi les 1000 premiers, il vie à présent les 1% les plus performants. « Mon rêve serait de gagner une heure sur le chrono de mon premier marathon. Passer de 3h26’ à 2h36’ en quelques années seulement, c’est mon challenge. Je sais que j’ai le potentiel. Je retourne d’ailleurs Londres en avril avec l’objectif de passer sous les 2h40’. Je sais qu’il ne m’a pas manqué grand chose l’an dernier. En tout cas, tant que je sentirai que j’ai une marge de progression, je poursuivrai cet objectif. Je veux montrer qu’avec de la discipline et de la passion, tout est possible ! »

Courir le monde, un art de vivre pour Elvin Leroux

Elvin Leroux est le plus jeune français finisher des six marathons majeurs.

Pas de doute, ce Breton un peu têtu (c’est lui qui le dit) aime aller au bout des choses. Pour tenir 42.195 km à 3’52’’/km, pas de secret ; il va au charbon qu’il vente ou qu’il gèle, six jours sur sept.

Des sacrifices ? Forcément. Mais le trentenaire préfère parler d’engagement consacrant à sa passion son temps libre et ses économies. Courir ainsi le monde, et le plus vite possible, est désormais un art de vivre qu’il partage avec ses proches.

2025, nouvelle année record

Du labeur, du bonheur et des compteurs qui s’affolent. Après une année 2024 record, avec 3700 kilomètres parcourus, 2025 démarre fort. Elvin a battu son record au 10 km (34’35 ») sur les Champs Elysées. Il a enchaîné avec un nouveau chrono sur semi-marathon à Naples (1h15’10 ») et recourra un semi à Lisbonne début mars.

Voilà qui le préparera pour un autre chrono espéré en moins de 2h40 au marathon de Londres fin avril, en attendant le marathon-trip à Australie l’été prochain. Déjà, la suite s’esquisse déjà en pointillé. Cape Town en Afrique du Sud est désigné 8e majeur pour 2026 et Shanghai suivra en 2027. Rendez-vous est donc pris dans deux ans, neuf étoiles autour du cou.