Duncan Perrillat : « je rêve des Jeux olympiques »
Tout juste sacré champion de France de marathon à Deauville, le Grenoblois Duncan Perrillat rêve de vibrer plus vite, plus haut, plus fort. Rencontre avec ce champion autodidacte de 29 ans qui a tout plaqué pour briller en athlétisme.
Vous avez décroché le titre de champion de France de marathon à Deauville après une course incertaine, vécue dans la souffrance. Racontez-nous…
« J’ai souffert quelques jours avant la course de douleurs en bas du dos, entre le sacrum et l’os iliaque. Je ne me suis d’abord pas alarmé et puis j’ai voulu me rassurer en faisant un petit footing la veille au soir. J’étais à 6’ au kilomètre, vraiment à la peine ! Je ne voyais clairement pas comment j’allais pouvoir courir 42 km à 18-19 km/h le lendemain. J’ai hésité et j’ai pris le départ malgré tout, en m’échauffant à peine, sans savoir si j’allais aller au bout. Au fil des kilomètres, l’envie de gagner ces France a été plus forte que la douleur. Je n’ai jamais pris le départ d’une course en ayant une telle motivation, ni en souffrant autant !»
Ce trophée tricolore était une revanche suite à votre mésaventure de l’an dernier à Rennes. Gagnant, vous aviez été disqualifié car vous ne portiez pas le maillot de votre club, comme l’exige le règlement.
« Oui, l’histoire du maillot on m’en parle encore. Etre disqualifié sur ma première course révélation a été difficile à vivre. Je suis passé en quelques minutes de « waouh, je suis champion de France pour mon premier marathon » à « je suis disqualifié, ces 42 km ne comptent pas ». Cette année, j’avais à cœur de refaire mes preuves. Je suis retourné à Rennes, j’ai gagné le marathon en 2h12’37’’, et j’ai décroché le titre national à Deauville. J’aurai bien sûr préféré être plus légitime en gagnant au scratch (le Marocain Alâa Hrioued s’imposant devant 2h16’37’’, ndlr) mais vu mon état, j’étais super content de finir ! »

Duncan Perrillat, Rennes l’an dernier, vous aviez fait sensation avec premier marathon couru en 2h14’. Un chrono très prometteur…
« Merci. Je ne m’attendais pas à ce chrono à Rennes l’an dernier mais j’avais tout de même demandé un lièvre pour courir sur les bases de 2h16’. J’avais fait pas mal des séances de 25-30 kilomètres en maintenant des allures à 3’10’’ au kilomètre. J’avais la distance dans les jambes. Je savais qu’avec la fraîcheur, l’envie et l’adrénaline du jour J, j’étais capable de faire une bonne performance. »
On vous découvre à 29 ans mais vous courez depuis longtemps ?
« J’ai toujours aimé courir. Petit, j’accompagnais souvent mon père pendant ses footings. J’ai commencé avec les cross au collège. Vers 17 ans, je me suis plus impliqué, puis à 20 ans, je suis parti aux Etats-Unis avec une bourse sportive pour faire mes études et courir. J’ai travaillé un an à Chicago en mettant l’athlé de côté. Je me défendais, mais pas assez pour faire du haut niveau. Je me disais que les athlètes professionnels étaient déjà très bons jeunes, que je n’avais pas les capacités pour accrocher le haut niveau à 20 ans… »

…Et puis votre passion pour la compétition vous a rattrapée ?
« Oui, en 2019, un nouveau job m’attendait à Londres. J’ai profité de deux mois de pause pour refaire quelques compétitions en France. Je me suis rendu compte que j’avais passé un palier. Je me retrouvais au milieu de Français avec des sélections internationales, à faire des places dont je rêvais par le passé. Au cross sélectif pour les Europe par exemple, j’ai terminé derrière Yohan Durand (2h09’ au marathon), devant l’international Simon Denissel. Je n’étais pas attendu, un peu le vilain petit canard parmi ces champions. J’y ai vu un signe. J’ai démissionné avant même de commencer ce nouveau boulot à Londres pour me donner une seconde chance en athlétisme. J’ai d’abord travaillé à mi-temps a côté, puis il y a eu le Covid. Depuis, j’essaie de trouver des sponsors pour m’aider dans ma carrière sportive. Mon club Neuilly-Plaisance Sports me soutient, l’équipementier Hoka m’accompagne, j’ai aussi le soutien de Peyce qui référence toutes les courses. J’en cherche d’autres. »
Duncan Perrillat, quel votre prochain objectif ?
« Comme l’an dernier, je pars m’entraîner au Kenya mi-janvier et j’enchaîne avec le marathon à Séville le 13 février. J’avais signé mon record l’an dernier en 2h12’12’’. Cette fois, je viserai un gros 2h08’ et un petit 2h09’, qui serait très beau et me mettrait parmi les meilleurs. Je n’ai rien planifié de plus pour l’instant, j’aviserai en fonction pour la suite de la saison ».
Les Jeux olympiques, vous y pensez ?
« Oui c’est un rêve, mais je le dis avec des pincettes car je sais que nous avons une génération très forte sur marathon. Pour l’instant, je ne fais pas partie des trois athlètes qui ont le plus de chance d’être qualifiés. Je suis derrière mais il ne manque pas grand-chose pour passer cette marche et faire partie de ces trois-là. J’ai envie d’y croire ! »
Photo d’ouverture : Marathon de Deauville 2022 – ©Arthur Dirou / Stadion / FFA