Laurence Alnet, championne du monde de marathon à 70 ans

Laurence Alnet, coureuse recordwoman chez les M7.


Sur le Marathon de la Rochelle le 24 novembre, Laurence Alnet a battu le record du monde de la catégorie M7 (70-74 ans) en 3h26’40’’. Un tour de force et un retour en force pour cette grand-mère qui a mis le marathon de côté durant des années. Et elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.


Un record du monde en guise de cadeau à 70 ans, ce n’est pas banal. Depuis son exploit sur le Marathon de La Rochelle en 3h26’40’’ sous les bourrasques de vent, Laurence Alnet reste sur un petit nuage. 42.195 km à 12,25km/h de moyenne, de quoi faire pâlir plus d’un petit jeune – plus ou moins jeune d’ailleurs…

« Recordwoman, je n’en reviens toujours pas ! Surtout que je n’ai repris l’entrainement qu’à la mi-septembre après des fractures sur trois cotes fin mai puis un zona dorsal en août qui m’a fait beaucoup souffrir durant un mois » ajoute la Nantaise, pas peu fière, comme tout son entourage.

Un record du monde déjà battu en mai dernier

Laurence Alnet, 70 ans, a battu le record du monde du marathon dans sa catégorie M7 en 3h26'.

3h26 au marathon à 70 ans, c’est une performance majuscule. D’autant plus que les conditions n’étaient pas optimales sur l’épreuve charentaise réputée roulante. « Il y avait de grosses rafales de vent, parfois à 80 km/h, ce qui était très épuisant surtout au deuxième tour avec le vent de face et de côté », raconte-t-elle. Son chrono rochelais près de 10 minutes plus rapide que l’ancien record M7 jusqu’alors détenu par une Allemande (3h35) vaut mieux que celui de son précédent marathon.

Car oui, Laurence Alnet avait déjà battu ce record mondial au printemps. « Au mois de mai, j’ai couru le Marathon de la Loire. Sans pression avec un objectif entre 3h30 et 3h25. Je me suis entraînée pendant 8 semaines  à raison de quelques semaines à 100 km en six séances. A l’arrivée, j’avais fait un super chrono : 3h24’45’’, première de ma catégorie. Mais je n’avais pas encore 70 ans révolus car j’ai fêté mon anniversaire le 18 juillet. Et ce marathon n’était pas World Athletics, donc l’homologation n’était pas possible. »

Laurence Alnet, 70 ans, a battu le record du monde du marathon dans sa catégorie M7 en 3h26'.
Le sourire au 35ekm pour Laurence Alnet sur le Marathon de la Loire en mai 2024.

« C’est ce qui nous a décidé avec mon coach à préparer un autre marathon cette année. Ce fut donc La Rochelle avec l’objectif ‘record du monde’. Je suis fière d’avoir réussi et d’avoir réalisé une belle performance vu les conditions », raconte Laurence, compétitrice dans l’âme. « J’ai toujours malgré mes 70 ans un esprit très compétitif, oui. C’est un dépassement de soi à chaque compétition. Cette force de caractère et ma volonté m’ont permis de revenir à un bon niveau sportif », poursuit-elle.

Cette retraitée, heureuse grand-mère de cinq petits enfants est tombée dans la marmite de la course à pied dans sa jeunesse. 55 années d’expérience dont la moitié passée au sein du club Stade Nantais Athletic Club, entraînée Jean-Pierre Guiton. Une longue carrière marquée de victoires et de blessures. De hauts et de bas qui donnent plus encore de relief à son récent titre mondial.

Des hauts et des bas

Laurence Alnet, coureuse recordwoman chez les M7.
Laurence Alnet, sur le Marathon de Rochelle en 2024.

« J’ai débuté la course à 14 ans. J’ai connu des hauts, notamment de multiples victoires dans ma catégorie à l’époque en vétéran 1 et 2. J’avais un record sur semi en 1h22’14’’ réalisé à Orvault en 2000 et un record sur marathon qui date de cette année, en 2h54’06’’ à Reims. Mais aussi des bas. Suite à un grave accident de la route en février 1984, j’ai eu une fracture du bassin et multiples autres fractures qui m’ont valu deux ans de rééducation.

« En 2006, j’ai une grave blessure à la malléole lors d’un championnat régional à Alençon suite bousculade à l’arrivée. Résultat, six mois d’arrêt. En 2009, j’ai eu une rupture partielle du tendon d’Achille au 32e km du Marathon de Toulouse. J’ai tout de même terminé en 3h24. Mais après cela, j’ai arrêté. Je n’ai pas eu d’intervention chirurgicale mais les médecins m’ont conseillé fortement de ne plus faire de marathon. »

Une recommandation difficile à encaisser. Car le marathon est sa distance préférée. Mais elle s’y est pliée. « J’ai écouté les médecins. Mais après 15 ans ‘sans’, j’avais dans un coin de ma tête que pour mes 70 ans je ferai un marathon. »

C’est donc ainsi qu’elle s’est relancée cette année. Un come back en guise de cadeau pour entamer avec enthousiasme sa septième décennie. D’ailleurs, l’année avait bien démarré avec un chrono en 45’02 » sur 10 km à Roanne en avril, et le titre de championne de France M7 à la clé.

Record d’Europe sur semi, le prochain objectif

Le 1er novembre, Laurence Alnet, 70 ans a terminé le semi de Saint-Christophe de Ligneron en Vendée en 1h37′.

Et maintenant ? L’objectif 2025 sera d’aller chercher le record d’Europe Masters M7 sur le semi-marathon de Lisbonne en mars. Actuellement, le temps référence affiche 1h38’53’’.

Laurence a déjà fait mieux, en terminant le semi de la Brière en 1h36’28’’ en mars dernier. Quelques mois plus tard, en pleine préparation pour son marathon de La Rochelle, elle terminait celui de Saint-Christophe de Ligneron en Vendée en 1h37’.

Après cet objectif printanier, un nouveau marathon se profile déjà à l’horizon. Ce sera celui de Rennes, en octobre 2025. Encore un marathon rapide qu’elle pourrait bien conclure par un nouveau record chez les M7 ! « Tant que les chronos seront toujours aussi bien et que j’aurais la niaque je continuerai. Combien de temps, je ne sais pas ! ». Avec elle, touchons du bois.