Jésus et ses 300 marathons
Gilbert Dantzer, alias Jésus, figure bien connue des pelotons a fêté son 300e marathon en novembre dernier. Depuis 40 ans, ce joyeux coureur déguisé prêche le même évangile : la perf’ d’accord, la fête d’abord.
Vous l’avez sans doute déjà croisé, ce Jésus des marathons. Torse nu, couronne d’épines et croix sur le dos, Gilbert Dantzer, de son nom, court ainsi entre dix et quinze marathons par an. Depuis 40 ans. Il a fêté son 300e marathon au Beaujolais, le 19 novembre dernier.
Tout était calculé depuis plus d’un an pour fêter ce jubilé entouré d’autres « centenaires », coureurs affichant plus de 100 marathons que célèbre l’organisation de Villefranche-sur-Saône. Jésus n’est pas le plus capé de la bande – citons Pascal et Chantal Comte, plus de 800 marathons à eux deux – et ne court clairement pas après le record.
La fête avec les copains
« Le chiffre, je m’en fous, le chrono aussi, du moment que j’arrive dans le temps limite ! Ce qui m’intéresse c’est de faire la fête, déguisé avec une bande de potes, de boire des canons et de partager un bon gueuleton », déclame-t-il avec son franc parler. La fête fut extraordinaire pour Jésus entouré de ses apôtres, des copains portant l’aube et une médaille à son effigie autour du cou pour l’occasion. 6h20’ de balade sous les applaudissements entre châteaux et vignobles du Beaujolais, son meilleur cru en 18 participations.
Depuis qu’un jour le champion Dominique Chauvelier l’a surnommé Jésus, à cause son look cheveux longs et barbe franche, ce déguisement lui colle à la peau. Il le sort sur les super-festifs comme le Médoc (21 participations), Blaye ou encore le Cognac. Des costumes, il en a d’autres. Borne kilométrique, baba-cool en chemise tahitienne avec guitare en bandoulière mais « c’est Jésus qui plait le plus. Je n’y aurai jamais cru », raconte le marathonien de 68 ans.
Un premier marathon sans y croire…
Cet ancien technicien chez Dassault ne pensait pas non plus connaître une telle carrière. Car à vrai dire, il n’aime pas tant courir. « Je m’y suis mis en 1983 pour participer chaque année au cross de mon entreprise. Puis j’ai couru Paris-Versailles, sans y croire, puis mon premier marathon. C’était en 1987, je m’étais inscrit deux jours avant, je courais 8,5 km par semaine, au plus. J’ai terminé ce premier marathon en 3h10. J’aurai peut-être pu être bon en m’entraînant sérieusement à l’époque. Mais je n’ai pas de regrets. Les plans d’entraînement, le fartlek, la VMA, tout ça, ce n’est pas mon truc », insiste Gilbert.
Aujourd’hui, il ne court plus en semaine, se contente volontiers de marcher avec sa compagne Jacqueline, marathonienne aussi, ou de pédaler. « Il n’y a vraiment que les courses qui me plaisent et me motivent pour faire la fête. »
20 marathons sous les 3h !
La perf d’accord, la fête d’abord, il a fait sienne cette devise des Festiviales-Challenge de la Convivialité. Même s’il affiche un beau palmarès! 20 marathons sous les trois heures, un record en 2h52 (Marathon des Hauts-de-Seine, 1992), des trails dont une Diagonale des Fous, un paquet de courses « découverte » à l’étranger…
En tout, 1 500 courses. Une sacrée collection de médailles, de bons souvenirs et de multiples rencontres. Car Jésus, fort sympathique, ne passe jamais incognito sur les marathons où il se rend au volant de son Van Volkswagen.
Sa dernière course de l’année ? La Corrida de Houilles, dans les Yvelines. Ce rendez-vous à domicile est un autre incontournable. Gilbert a participé 38 fois à ce 10 km qui vient de fêter son 50e anniversaire. Toujours partant pour participer aux immanquables, le retraité s’avoue tout de même usé. « J’ai les genoux bien abimés depuis des années. Cette fois, je n’ai plus le choix, je programme des PRP cet hiver. Il faut que ça marche car je prévois d’aller courir au Bénin en février ». Prions pour lui, son calendrier 2023 est déjà bien rempli.