EcoTrail AlUla, merveille d’Arabie
Six distances dont un ultra pour l’EcoTrail AlUla. 987 concurrents ont participé à sa deuxième édition au cœur du désert d’Arabie Saoudite le 18 mars. Sandrine raconte la découverte en 25 km de ce musée à ciel ouvert.
AlUla, oasis méconnue du Nord-ouest de l’Arabie Saoudite, comme théâtre de cet EcoTrail. 987 concurrents ont pris part à l’événement regroupant six distances, de l’ultra à la course enfants. C’est deux fois plus qu’en 2020 pour la première édition. Mêler ainsi sport, patrimoine et nature est inédit dans ce royaume du Moyen-Orient.
Les Saoudiens y ont adhéré massivement, représentant 55 % des engagés, par ailleurs issus de 66 pays différents. Et particulièrement les Saoudiennes. Elles représentaient 30,6% des participants. Ce score record témoigne de l’évolution récente des droits des femmes dans ce pays. Et cette mobilisation féminine faisait plaisir à voir ! Que ce soit pour accompagner les enfants lors de la Kid Race, ou encore pour participer au 10km le samedi matin, les femmes ont bien répondu présentes sur cet EcoTrail AlUla.
Même si courir sous 35 degrés avec des vêtements longs et couvrants ne correspond pas aux « standards » du running, pratiquer le même effort, profiter de la beauté des paysages avec parfois, un regard complice sous la burka, est définitivement un moment hors du temps.
EcoTrail AlUla, une plongée hors hors du temps
Un voyage hors du temps, voilà qui résume bien mon périple express à AlUla. 48 heures sur place, le temps de courir le 25 km et d’en prendre plein les yeux.
Le jour J, j’ai d’abord tâtonné pour trouver le départ, à l’endroit nommé Winter Park. Les trails de 50 et 80 km partaient directement de l’hôtel Sahary resort. Mais pour le 25 km et le 10 km, le départ était plus excentré. Un peu de débrouille et d’entraide, et me voici dans la voiture de Mathilde, expatriée française vivant à Riyad. Cette jeune maman de jumeaux s’apprête à en découdre avec sa première course officielle un an après leur naissance.
Après un court trajet, le bus emprunté nous dépose au milieu de nulle part. L’arche start est posée là, en plein désert. 200 autres participants dorent déjà sous le soleil. La journée s’annonce chaude.
Au « Go », c’est parti pour 5 premiers kilomètres très sableux. Une bonne répétition avant mon prochain Marathon des Sables ! Les appuis sont fuyants. Il faut « lire » le sable, c’est-à-dire trouver les portions les plus roulantes. Mais aussi et surtout lever les yeux. Car le spectacle est là, partout. Un décor incroyable de canyons façonnés par les siècles. Le circuit très plat (sans dénivelé) joue à cache-cache entre de ces immenses rochers ocres.
Mathilde est quelques mètres derrière moi, régulière, à son rythme. J’enchaîne marche et course de mon côté, vigilante à ne pas me blesser à 5 jours du départ du Marathon des sables.
Des miroirs en plein désert
Au km 8, le site de Maraya fait sensation. C’est une salle de spectacle à ciel ouvert, surréaliste avec ses miroirs reflétant le désert et ses couleurs, variant en fonction de la luminosité.
Puis c’est le premier ravitaillement. Il est posté à la sortie d’un hôtel de luxe… Une caravane en alu rutilante tient lieu de chambre d‘hôtel ultra-moderne. On rêverait d’y passer une nuit à la belle étoile ! Pour l’instant, il fait chaud, très chaud. 35 degrés en plein cagnard. Les passages au creux des rochers font du bien. Au gré du tracé, alternant chemins de gravillons et partie sableuse, je rejoins bientôt Walid. Ce Lyonnais venu rendre visite à son frère en Arabie Saoudite profite de l’occasion pour participer à cet EcoTrail.
Il souffre et marche, comme beaucoup d’entre nous pour récupérer dans le sable.
Bientôt, ouf de l’eau, au deuxième ravitaillement. J’y retrouve Mathilde. Nous repartons ensemble mais je prends vite le large, pressée d’en finir.
Un final à Hegra, la Petra saoudienne
Car j’avais bien repéré les 5 derniers kilomètres. On les court au cœur d’Hegra, un site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette Petra saoudienne est un chef d’œuvre du monde. 138 tombeaux rupestres et monumentaux ont été taillés dans la roche. Un finish grandiose au cœur de cette pépite habituellement interdite au public non accompagné de guides.
Pour peu on zapperait le tracé final qui nous ramène sur le chemin tout droit vers l’arrivée, histoire de s’en émerveiller encore. J’arrête le chrono à 3h07. Bientôt je retrouverai Mathilde toute émue d’avoir réussi son défi. C’est aussi (surtout) ça la magie de la course. Et sur les courses de 50 et 80 km de cet EcoTrail AlUla ? Plus corsées côté dénivelé mais avec un même effet « waouh » à l’arrivée.