Douleur au tibia, au pied ou à la hanche : et si c’était une fracture de fatigue ?

La fracture de fatigue est une microfissure de l'os lié à un surmenage.

La fracture de fatigue est une cassure microscopique dans la couche externe de l’os du tibia, du pied ou encore du bassin ou de la hanche. Cette blessure de surmenage ne frappe pas les coureurs faibles, mais ceux qui en font trop. La clé, c’est la prévention, la progressivité et l’écoute de ses signaux corporels.

La fracture de fatigue, aussi appelée fissure de stress, n’est pas une fracture « classique ». Il s’agit d’une cassure microscopique dans la couche externe de l’os. Elle apparaît à force de chocs répétés sur des structures osseuses saines, typiquement lors de la course à pied.
Chez le coureur, elle survient souvent après une augmentation brutale du volume ou de l’intensité des entraînements, ou après un changement de surface (bitume, piste, trail).

Les zones les plus touchées

La fracture de fatigue est une microfissure de l'os lié à un surmenage.

Les fractures de fatigue peuvent se produire partout où l’impact est répété, mais certaines zones sont plus vulnérables :

  • Tibia : douleur localisée sur la face interne ou antérieure, souvent confondue avec une périostite.
  • Pied : notamment les métatarsiens (2ᵉ et 3ᵉ) ou l’os naviculaire, avec une douleur précise sur le dessus du pied.
  • Bassin ou sacrum : douleur profonde dans la fesse ou l’aine, augmentant à la course.
  • Col fémoral : douleur à la hanche ou à l’aine, parfois trompeuse car elle ressemble à une contracture.

Pourquoi l’os finit par céder

Nos os se renouvellent en permanence grâce à un équilibre entre destruction et reconstruction osseuse. L’activité physique stimule ce processus — jusqu’à un certain point.

Si les contraintes mécaniques deviennent trop fréquentes, l’os n’a plus le temps de se réparer : c’est la fatigue osseuse, première étape vers la fracture.

Une fracture de fatigue n’est donc pas liée à un traumatisme violent, mais à un surmenage progressif.

Les signes qui doivent alerter

La fracture de fatigue est une microfissure de l'os lié à un surmenage.
©Adobestock

Le tableau typique est celui d’une douleur progressive, d’abord à l’effort puis au repos.

  • Douleur localisée à un point précis, souvent décrite comme un « point exquis ».
  • Sensibilité marquée au toucher.
  • Soulagement temporaire au repos, mais retour rapide de la douleur dès la reprise.

Sans arrêt, la fissure peut évoluer vers une fracture complète, nécessitant plusieurs mois d’immobilisation.

Diagnostic : attention au retard

Les signes radiologiques apparaissent 2 à 3 semaines après le début des douleurs. Les premières radios peuvent donc être normales.
En cas de doute, le diagnostic précoce repose sur la scintigraphie osseuse ou l’IRM, capables de repérer les microfissures bien avant la radio.

Portrait-robot du coureur à risque. Femme de 30 ans avec un faible taux de masse grasse. Aménorrhée (absence de règles prolongée). Anomalie morphologique (jambes inégales, pieds creux ou valgus). Densité minérale osseuse basse. Consommation fréquente d’anti-inflammatoires ou de protecteurs gastriques.

Les 13 facteurs favorisants

©Adobestock
  1. Hausse trop rapide du volume d’entraînement.
  2. Séances intenses trop rapprochées.
  3. Sols durs (bitume, tartan).
  4. Changement brutal de surface.
  5. Chaussures usées ou inadaptées.
  6. Troubles morphologiques (pieds creux, genu varum/valgum…).
  7. Reprise précipitée après arrêt.
  8. Faible densité minérale osseuse.
  9. Masse grasse insuffisante.
  10. Aménorrhée prolongée.
  11. Tabagisme.
  12. Traitement prolongé par corticoïdes.
  13. Médicaments anti-reflux.

Comment guérir vite et bien

Le traitement repose avant tout sur le repos.

  • Arrêt de la course immédiat (4 à 10 semaines selon la zone).
  • En cas de douleur intense : mise en décharge avec béquilles.
  • Activités de substitution : vélo, natation, aquarunning.
  • Reprise progressive, encadrée par un kiné ou un médecin du sport.

Si le protocole est bien respecté, la consolidation osseuse se fait en 4 à 10 semaines. En revanche, une reprise trop précoce peut allonger la guérison à 6 mois ou plus.

Comment prévenir la fracture de fatigue

  • Augmenter le volume d’entraînement de façon progressive (≤10 %/semaine).
  • Varier les surfaces et les intensités.
  • Remplacer ses chaussures régulièrement (tous les 700-800 km).
  • Adopter une alimentation riche en calcium et vitamine D.
  • Intégrer des séances de renforcement musculaire et de travail d’appuis.