Rosa Murcia-Gangloff, le retour de flamme
Doyenne des athlètes françaises aux Jeux Paralympiques de Paris, Rosa Murcia-Gangloff a réalisé une performance remarquable en terminant quatrième du marathon T12 à 60 ans. Cet exploit s’inscrit dans la continuité d’une carrière exceptionnelle, 32 ans après sa participation au 10 000 m aux JO de Barcelone.
Le 8 septembre dernier, des milliers de téléspectateurs et spectateurs ont suivi avec ferveur le marathon des Jeux Paralympiques de Paris. Parmi les 80 athlètes qui ont parcouru les 42,195 km entre La Courneuve et l’esplanade des Invalides, Rosa a captivé l’attention de tous.
Son courage face à des conditions difficiles, notamment une forte chaleur, sa déficience visuelle aggravée par un glaucome, ainsi que des crampes qui l’ont fait chuter à quelques mètres de l’arrivée, a profondément touché le public. « Je cours pour le plaisir, et je n’ai jamais cessé de croire en moi », a-t-elle déclaré après la course.
Un parcours sportif exceptionnel

Les jeunes spectateurs, découvrant son histoire, ont admiré sa détermination, tandis que les plus anciens ont salué la longévité de son parcours sportif. Rosa a su revenir au haut niveau après 27 sélections en équipe de France valide entre 1987 et 1996. Son statut de doyenne des athlètes françaises aux Jeux Paralympiques, à 60 ans, témoigne de sa passion inébranlable pour la course à pied.
Pour Rosa, chaque étape de sa carrière a été marquée par des défis. Elle a souvent évoqué son parcours en ces termes : « La route n’a pas toujours été facile, mais chaque obstacle a renforcé ma détermination. » Son engagement ne se limite pas à la performance ; elle est également un modèle de persévérance et de résilience.
Une leçon de vie inspirante

Rosa incarne bien plus qu’une athlète. Elle est une véritable source d’inspiration. « Le fil rouge de mon parcours, c’est mon plaisir de courir », déclare-t-elle avec conviction. Originaire de Saint-Quentin-Fallavier, elle a commencé à courir pour rejoindre ses amis dans les bois, transformant ainsi une simple activité en passion. « Pour jouer avec mes amis, il fallait courir vite, et cette situation m’a été bénéfique », sourit-elle en repensant à ses débuts.
Sa victoire sur un cross inter-écoles lui a ouvert les portes de son premier club. « À 15 ans, un coach a dit à mes parents : Si votre fille travaille, elle peut faire le tour du monde ! », se remémore-t-elle. C’est ainsi qu’elle a rejoint l’ASPTT Lyon, où elle a rencontré son mari, un athlète talentueux. « Notre amour du sport nous a unis et a enrichi notre vie commune », ajoute-t-elle.
Des records à la hauteur de son talent
En senior depuis 1986, Rosa a fait face à une concurrence redoutable. Malgré cela, elle a su briller sur diverses distances, obtenant des podiums mondiaux par équipe en cross et battant le record de France du 10 000 m en 31’42’’83, un record qui a tenu pendant 20 ans. « Ce record a été un aboutissement de nombreuses années de travail et de sacrifices », souligne-t-elle.
Sa carrière a été marquée par des épreuves, notamment une expérience difficile aux JO de Barcelone et un drame lors de l’Euro d’Helsinki 1994. « J’étais prête à me battre pour une médaille, mais le chantage de la fédération m’a forcée à courir un marathon alors que je n’étais pas prête », confie-t-elle. Malgré une belle performance lors de son premier marathon à Paris (2h37), le marathon d’Helsinki a été un tournant. « J’ai connu une grosse déshydratation. C’était un véritable cauchemar », se souvient-elle. Cette expérience lui a appris l’importance de l’expérience et de la préparation.
Un nouveau départ malgré les épreuves
Malgré un glaucome diagnostiqué en 2002, Rosa n’a jamais abandonné sa passion pour la course. Elle a remporté dix titres nationaux et un titre européen en masters. « Mon glaucome a été un défi, mais j’ai continué à courir, car le sport fait partie de mon identité », affirme-t-elle.
L’idée de participer au marathon des Jeux Paralympiques de Paris a émergé en 2023, alors qu’elle est passée en catégorie T12. « Dans cette catégorie, le minima était de 3h25, et je devais viser 3h10 pour assurer ma place. J’ai terminé le marathon de Paris en 3h08 », raconte-t-elle, la fierté dans la voix. Cette préparation intensive a été rendue possible grâce à un mécène, permettant de financer un stage à Font-Romeu.
Une performance éblouissante à Paris

Le jour de la course, Rosa a été guidée par son mari, Gilles Gangloff, puis par Mathieu Leroux. Malgré les obstacles tels que les dos d’âne et les pavés, sa volonté de finir devant ses filles, Jeannette et Lola Paloma, a été un puissant moteur. « J’ai dû me pencher pour lui parler, car le bruit ambiant était incroyable. Son handicap lui fait perdre 30% de ses capacités physiques, mais sa force mentale est sans limite », explique Mathieu.
À l’arrivée, Rosa a exprimé sa joie : « Finir quatrième à Paris, devant ma famille, c’est un rêve devenu réalité. Je n’aurais jamais pensé revenir à ce niveau après tant d’années. » Son temps de 3h13 est bien plus qu’une performance ; c’est un symbole de son parcours.
Vers de nouveaux horizons

Rosa Murcia-Gangloff ne compte pas s’arrêter là. À 64 ans, elle projette déjà de participer aux Jeux de Los Angeles en 2028. « L’âge n’est qu’un chiffre. Tant que j’ai la passion et le soutien de ma famille, je continuerai à courir », déclare-t-elle avec détermination. Son parcours montre que la passion et la détermination peuvent transcender toutes les épreuves, faisant d’elle une véritable légende du sport.
Rosa est bien plus qu’une athlète. Elle est un symbole d’inspiration pour des générations. Sa carrière, marquée par des défis et des triomphes, nous rappelle que le véritable succès ne réside pas seulement dans les médailles, mais dans la persévérance et l’amour du sport. Rosa Murcia-Gangloff continue de prouver qu’avec courage et résilience, tout est possible.