Rencontre avec David Redor, alias « Crazy Dave »

Marathon man, ce pourrait être lui, David Redor, alias Crazy Dave. Ce Français de 44 ans a enchaîné 100 marathons à travers les Etats-Unis l’an dernier. Et ce n’est qu’un début…

Au départ, rien d’extraordinaire. Après quelques 10 km et semis, David Redor s’inscrit à son premier marathon accompagné d’un ami. C’était en 1997, à Paris. « J’ai trouvé ça extra, le virus m’a pris. Pendant quelques années, j’ai couru deux- trois marathons par an. » Puis le curseur est monté… 12 marathons en 2012, de même en 2014. Courir et voyager, voilà qui plaît à ce juriste de formation, qui partage sa vie entre les Caraïbes et les Landes.

52 aux USA

En 2016, suivi par des sponsors, il embarque pour l’Amérique. Avec une envie : 52 marathons en un an. « Un marathon dans chacun des états, plus un à Washington et un aux Bahamas », raconte David.Les marathons officiels se succèdent, en moins de 5h. « Je n’avais pas d’objectif chrono, je souhaitais inscrire ce défi dans la durée, et préserver la machine. Mon record en 2016, c’est Washington, couru en 4h23. » Le 1er octobre, il atteint la barre des cinquante 26,2 miles sans heurts ni douleurs. Et pousse encore le curseur. « Je me sentais bien, alors j’ai décidé de doubler la mise », confesse tout bonnement David. Trois mois donc pour enchaîner 50 marathons. Pari insensé, est-on tenté de penser… Mission accomplie, pourtant, le 31 décembre dernier au Texas, avec un 100e marathon bouclé dans l’année. « J’ai dû enchaîner sévère en décembre, en courant 16 marathons en 15 jours, parfois deux la même journée, le tout sans kiné ni pépins », se rappelle-t-il. De ce défi, il garde un tas d’anecdotes. Comme la fois où dans le Delaware, la compagnie aérienne ayant égaré sa valise, il a couru en sous-vêtements et chaussures de ville. « C’était folklorique! » Reste que ses performances cumulées laissent bouche bée. Il ne carbure qu’à la papaye déshydratée fournie par son sponsor Immun’Age, et à son mental en acier trempé. « Je préfèrerais mourir sur le béton que d’abandonner ! » lâche-t-il sans détour.

De l’Everest à Millau

En 20 ans de course, Crazy Dave assure ne jamais s’être mis dans le rouge. Quelques mois de coupure, il s’y est remis. Cette fois, pour le Marathon de l’Everest. Il s’est entraîné sur les îles Saint-Barthélemy et Saint-Martin, en enchaînant les côtes en plein soleil pour travailler sa résistance. « Pour courir en haute altitude, j’ai grimpé l’Island Peak, située à côté de l’Everest, 6 200 m sans oxygène, six jours avant le marathon. C’était inclus dans le package. Je termine en 9h23, 121e sur 250 concurrents. » David a ensuite couru le Marathon du Médoc en dilettante. Une occasion de travailler son foncier avant les 100 km de Millau, disputés en septembre dernier. « La météo annonçait une pluie légère, alors je n’ai pas pris de deuxième paire de chaussures. Une vraie erreur de débutant car on s’est pris 50 km de flotte. Après le 70e km, j’ai dû faire soigner de grosses ampoules. Les podologues m’ont conseillé d’abandonner. Je leur dit : “Occupez-vous de mes pieds, je m’occupe du reste”. J’ai fini en 20h mais je n’en suis pas fier. » Ce 100 km restera un aparté, car c’est bien la distance mythique des 42,195 km, qui fait vibrer ce « cumulard » – 170 marathons à ce jour. « En 2018 ou 2019, je m’attaquerai au record du monde des marathons effectués en un an. » Une performance détenue par l’Américain Larry Macon, avec 239 marathons cumulés en mode « marche ». David, lui, vise les 300 marathons en douze mois en courant. Il compte s’y attaquer aux Etats-Unis, le seul pays qui en propose quasiment 365 jours par an. «J’ai vu que 50 marathons en trois mois c’était faisable. Alors, si j’accélère dès le début, le record sera battu.» Reste à trouver les sponsors et les 100 000 dollars nécessaires. A suivre…

 

Article d’A.Milleville publié dans Running Attitude 184, novembre 2017