Premier marathonien français à inscrire son nom au « Seven Continents Club », Philippe Paillaud a écrit son premier roman policier, Marathon Rouge Sang, paru aux éditions Cédalion. Cet ouvrage captivant associe l’univers du running à une enquête criminelle à rebondissements. Découverte.
Philippe en bref. 66 ans. Membre du Seven Continents Club. Finisher de 24 marathons, dont ceux de New-York (1991), Santiago du Chili (1995), King George Island (2007) et Moscou (2016). Record : 3h36 (Dubaï, 2001). Auteur du Marathour du monde en sept continents (2007, éd. Patrimoines et médias) et Marathon rouge sang (2018, éd. Cédalion, 15€ – disponible en librairies sur commande et sur les sites www.editionscedalion.com et www.lalibrairie.com.
« Quand l’épervier se lamente devant un nid vide, les étourneaux voltigent alentour, insultant à sa douleur », écrivait Prosper Mérimée, dans sa nouvelle ‘‘Colomba’’. La vendetta, guerre privée de vengeance entre familles, était au cœur de l’intrigue. Elle l’est aussi dans Marathon rouge sang, le premier roman policier de Philippe Paillaud, premier marathonien français à inscrire son nom au « Seven Continents Club », en 2007. Le coureur originaire de Melle (Deux-Sèvres) fait même de l’ouvrage de l’auteur de Carmen un testament pour l’assassin, dont l’identité ne sera connue qu’après 300 pages d’une enquête tortueuse et captivante. Comme dans Un risque à courir de Jean-Marie de Dinechin, le monde du running est au cœur de l’intrigue. Les victimes assassinées, Sylvie Joubert (fille d’un sénateur) et Christian Delmont (propriétaire d’une boutique de sport), étaient engagées au marathon de Paris. La psychose d’un serial killer de joggeurs s’empare de la capitale.
V comme vendetta
Le commissaire Dougret, surnommé Gotlib pour sa ressemblance avec le héros de la BD Rubrique-à-brac, mène l’enquête. Mais le personnage central de l’histoire est son principal soutien, Bertrand Letellier, un journaliste sportif et marathonien émérite. Celui-ci renaît de ses cendres après une longue déchéance qui le vit perdre un emploi en or, ses amis, sa femme et sa fille. Une rencontre fortuite avec Céline, une ex-collègue de travail devenue patronne de la revue ‘‘Run & Fun’’, l’a relancé. Il est à nouveau journaliste en vogue et coureur d’un club parisien au moment des meurtres qui impliquent ses amis Christian Delmont (la seconde victime) et Carlos Garcia (le premier suspect). Sa quête de vérité le pousse à investiguer avec Dougret et à comprendre que des événements survenus en 1960 en Kabylie et au Chili en 1974 sont les clés des meurtres. Lorsque Gina Guyot, femme d’un riche viticulteur, est à son tour assassinée pendant le marathon du Médoc, l’étau se resserre. Mais les rebondissements seront encore nombreux avant de savoir si l’assassin est un coureur ou un spectateur à l’affût.
Marathon et polar
Cette œuvre de fiction, qui évoque la quête d’intégration et dénonce racisme, nationalisme et loi du talion, associe à merveille vécu de marathonien et enquête criminelle. « En 2007, mon premier livre Le Marathour du monde en 7 continents, qui permit de reverser 9 000 € à la Ligue contre le cancer, retraçait les marathons à travers le monde qui m’avaient guidé jusqu’au Seven Continents Club. Après ce projet, la journaliste et romancière Isabelle Horlans m’a persuadé d’écrire un roman, qui puisse toucher un plus large public. Mon vécu professionnel et des recherches sur l’Algérie et le Chili, deux pays qui m’ont toujours passionné, sont au cœur de cette intrigue complexe», explique Philippe Paillaud. Mais les runners ne sont pas oubliés. « Mon polar inclut des récits de mon marathon de Paris de 2015 et des évocations d’épreuves à l’étranger auxquelles j’ai participé entre 2008 et 2016. Les histoires ou les caractéristiques de vrais marathoniens se cachent derrière des personnages centraux tels que Cécile Bertin (Céline), Patrick Candé (Patrice), Guy-Marie Guéret (Jean-Marie Aubusson) et Lucien Brain (Lucien Train). Bien souvent, la fiction rejoint la réalité. Et, tout au long de l’enquête, l’univers du running est omniprésent. Dans le final, la technologie dans le domaine de la course à pied est même décisive », annonce l’écrivain-marathonien.
Article rédigé par Julien Bigorne, paru dans le numéro 201 de Running Attitude.