Coupure : comment revenir plus fort ? 

La coupure dans l’entrainement amène souvent à une perception de diminution des performances et à un effet de désentraînement important lors de la reprise. Mais est-ce vraiment le cas ? Voyons comment gérer cette période et reprendre sereinement.

La coupure dans l’entrainement amène souvent à une perception de diminution des performances et à un effet de désentraînement important lors de la reprise. Mais est-ce vraiment le cas ? Comment gérer cette période et reprendre sereinement ? Notre coach, William Petit vous répond.

Précisons d’emblée que le phénomène de désentraînement n’est pas la même chose que la récupération, partie essentielle et intégrante de tout programme d’entraînement, tout simplement parce que la forme perpétuelle n’existe pas et que votre corps n’est pas une machine ! Des pauses sont nécessaires au fil des saisons pour vous régénérer et éviter les blessures.

Le désentraînement désigne la perte des adaptations induites par l’entraînement, subséquente à une pause prolongée ou à une charge d’entraînement insuffisante. Ce processus dépend de facteurs qui vous sont propres (forme physique, durée et fréquence de l’entraînement, paramètres physiologiques) et se répercute sur plusieurs plans.

3 types de coupures, 3 effets distincts

©Compressport-Justin Galant

On distingue ainsi trois types de coupure, chacune ne produisant par les mêmes effets.

1. Reprise après une coupure liée à un cycle d’entrainement

Le but est d’assimiler les charges de travail. Ici la coupure ne sera pas complète, on aura juste une diminution de la charge d’entrainement (en quantité et en qualité) pour pouvoir repartir sur de bonnes bases sur un nouveau cycle.


Exemple de reprise après un cycle d’entraînement
. Repartir sur un programme complet : la dernière semaine étant une semaine allégée en terme quantitative (nombre de séances et kilométrage total tout en essayant de garder un rappel d’intensité sur une séance). Idéalement, on pourra repartir sur un kilométrage total identique voire l’augmenter légèrement de 5 à 10% max.

2. Reprise après une coupure liée à une compétition

La coupure dans l’entrainement amène souvent à une perception de diminution des performances et à un effet de désentraînement important lors de la reprise. Mais est-ce vraiment le cas ? Voyons comment gérer cette période et reprendre sereinement.
©Compressport-Justin Galant

Cette fois, l’objectif est la régénération. Il faut laisser le temps aux muscles, tendons et articulations de récupérer pour repartir sur des bases saines et plus solides. Hélas, trop souvent, les athlètes reprennent trop vite après un objectif majeur. D’autant qu’un objectif revêt aussi toujours un « coût mental » important liées aux nombreuses contraintes d’une préparation. Recharger les batteries physiquement comme mentalement est nécessaire pour revenir avec fraîcheur.


Exemple de reprise post-marathon
. SEMAINE 1 : repos total. S2 : natation ou vélo 1h à 1h30, footing 40’ ou vélo 1h30, footing 50’. S3 : footing 55’, 20’ + 10 x (30’’/30’’) + 15’, footing 1h. S4 : footing 1h, 20’ + 5x (5’/2’) + 15’, footing 1h10. S5 : footing 50’, 20’ + 10 x (45’’/45’’) + 15’, footing 1h15 avec 4 x (6’/2’)

3. Reprise après une coupure liée à une blessure

Cette fois, la coupure n’est pas voulue et clairement subit. Suivant la durée d’immobilisation, le désentrainement sera être plus ou moins prononcé. Avec lui, un sérieux « coup » au moral et l’impression de « tout perdre ». On vous rassure : oui, il y a diminution progressive des capacités respiratoires, physiologiques et musculaires… mais on ne repart jamais de zéro même après un gros arrêt. Le plus difficile souvent est d’accepter cette blessure et d’en tirer les leçons pour la suite.

Exemple de reprise après une blessure (+ de deux mois d’arrêt). SEMAINE 1 : 40’ en alternant 2’ course lente et 2’ marche, renfo 40’, vélo 1h à 1h15, 45’ en alternant 3’ course lente et 2’ marche. S2 : 45’ en alternant 4’ course lente et 2’ marche, renfo 40’, vélo 1h à 1h15, 50’ en alternant 5’ course lente et 2’ marche. S3 : 50’ en alternant 6’ course lente et 2’ marche, renfo 45’, vélo 1h15 à 1h30, 55’ en alternant 8’course lente et 2’marche. S4 : 55’ en alternant 10’ course lente et 2’ marche, renfo 50’, vélo 1h15 à 1h30, 3x 15’ course lente alternée avec 2’ marche. S5 : 2x 20’ course lente alternée avec 2’ marche, vélo 1h, renfo 30’, 30’ course lente, 40’ course lente. Pour valider une séance et passer à la suivante, il faudra n’avoir aucune douleur. Si c’est le cas, repassez à la séance précédente.

Comment rebondir après un arrêt ?

La coupure dans l’entrainement amène souvent à une perception de diminution des performances et à un effet de désentraînement important lors de la reprise. Mais est-ce vraiment le cas ? Voyons comment gérer cette période et reprendre sereinement.
©Compressport-Justin Galant

Je préconise de faire une sorte de body-scan (sur les sensations physiques) et de mind-scan (sur les sensations mentales) afin de se questionner sur sa pratique.

Après un cycle d’entrainement. Notez vos sensations à chaque séance (avec l’échelle de Borg de 0 (aucun effort) à 10 (effort maximal), comparez-le, notez l’intensité demandée au même titre que le corps de la séance (différence entre le début et la fin de la série ?)

Après une compétition. Analysez le jour J à fond. Tout a-t-il été bien géré (allures maitrisées, ravitaillements bien pris, respect du plan de course…) ? La préparation était-elle optimale ou bien trop difficile, les sensations bonnes au fil des séances et des semaines ? Tout cela vous permettra d’optimiser votre prochaine préparation.

Après une blessure. Identifiez les causes de la blessure et ce qu’il faut adapter/changer pour s’en prémunir pour la suite.

Les bases d’une reprise sereine

Une reprise bien gérée se vit à l’instant T. Pas question de comparer son niveau actuel à ses performances antérieures ni même à celles de ses collègues. Soyez lucide sur votre forme du moment, patient et indulgent, votre corps vous le rendra bien et les performances reviendront. Acceptez de « régresser » dans un premier temps vous permettra de vous construire des bases plus solides sur le moyen terme.

En parallèle, appliquez la méthode PAIRES, inventée par notre coach, William Petit.

PROGRESSIVITÉ . Augmentez progressivement le nombre de séances par semaine pour pouvoir se remuscler et récupérer par cette reprise.

ALTERNANCE. A la fois entre les séances de récupération et les séances d’intensité, mais aussi sur le contenu, afin d’avoir des séances variées.

INTENSITÉ. Commencez par un premier bloc de séances où il n’y aura pas d’intensité puis passer à de petits blocs d’intensité avec un faible nombre de séries et de répétitions pour aller ensuite sur des blocs plus longs et plus intenses.

RÉGULARITÉ. Avoir une régularité dans les séances d’entrainement afin de bien les assimiler par la suite

ENTHOUSIASME. Rappelez-vous qu’il y a peu de temps vous ne pouviez peut-être pas courir, et que pouvoir le faire rester une chance.

SENSATIONS. Ne cherchez pas à comparer vos chronos à ceux où vous étiez performant et non blessé. C’est très tentant mais clairement démotivant. Fiez-vous plutôt à vos sensations.