Casquette Verte, un 100 km inédit autour du Parc des Princes
Casquette Verte attaque fort 2023. Une victoire sur le 100 km de la Trace des Maquisards et une semaine plus tard, un 100 km en off autour du Parc des Princes. Rencontre avec cet ultra-traileur parisien décidément inclassable !
Casquette Verte (Alexandre Boucheix) sort d’une année record avec 9 ultras-trails cumulés et 4 victoires. Son bilan Strava 2022 : 10 000 km – un compte rond qui le fait marrer – et plus de 230 000m de dénivelé positif cumulé… Du pur délire pour un Parisien !
La même, sans la pression
En 2023, cet enfant terrible du trail a annoncé vouloir changer de braquet. Son objectif ? Zéro objectif ! Courir toujours autant mais en fuyant les démons de la compétition. Au diable la pression et les pronostics de comptoir. « Que ceux qui ne comprennent pas aillent se faire cuire le cul (sic). Je veux m’enlever toute notion de performance, de chrono. Limite, l’idée serait de me mettre hors classement tout le temps. Je veux juste m’amuser, sans que la pression du résultat gâche mon plaisir », explique-t-il en substance.
100 km autour du Parc des Princes, juste pour le fun
Et ça lui réussit ! Le 18 février, il a remporté sa première victoire de l’année sur la Trace des Maquisards de l’Ain (100 km et 4000 mD+). En toute décontraction, il a donc gagné sans le chercher en 9h18, en compagnie de Mathieu Augier avec qui il a partagé la course.
Une semaine plus tard, il a remis ça, sans dossard cette fois. Une nouvelle « dinguerie » en off dont il raffole. Casquette verte a donc couru 100 km en tournant autour de la pelouse du Parc des Princes à Paris pour fêter l’ouverture des inscriptions du nouveau 10 km PSG We Run Paris, prévu le 2 juillet.
Ambassadeur de l’événement et fan du club de foot, Alexandre a cumulé 255 tours autour du stade. Chrono en 7h37′, soit une « petite » moyenne de 4’34 »/km. « Quand j’étais au collège, lycée, il n’y a rien qui me saoulait plus que lorsque le prof d’EPS disait « Va faire un tour de terrain pour t’échauffer ! ». Alors Parisien s’est lancé ce défi inédit juste pour dire « Ça, c’est fait ! »
S’éclater, avec ou sans dossard
On l’attend ensuite sur le 80 km de l’EcoTrail Paris en mars. En avril, il prévoit une escapade au MIUT à Madère, avec un dossard élite mais juste pour découvrir les paysages de cette île contrastée. Son été sera rythmé de quatre grands « U ». Ultra 01 (175 km) en juin, UT4M (180 km) en juillet – deux courses qu’il avait gagnées en 2022 – UTMB (170 km) fin août – terminé dans le top 20 – puis UTMJ (77 km) dans le Jura à la rentrée.
Ensuite, cap sur l’ile intense pour boucler sa 4e Diagonale des Fous (170 km), sa course fétiche. En novembre, il retournera sur l’Ultra 100 miles de Kullamannen en Suède sans aucune velléité de victoire, tout comme du côté de Lyon pour boucler son année. 2023, année 100% plaisir, avec ou sans dossard.
A un moment ça va péter…
Bien sûr, à borner de la sorte, Alexandre sait ce qui lui pend au nez. « A un moment, ça va péter, je le sais. Une fracture ou un truc grave m’arrêtera. C’est le jeu, ce n’est pas comme si je faisais du bilboquet. En attendant, j’ai envie de m’amuser au maximum. »
En 2022, il a ainsi passé l’équivalent de 40 jours à ne faire que courir, à une cadence folle. Le plus déroutant dans l’histoire, c’est que ce champion du niveau d’un pro travaille à plein temps. Chef de projet chez JC Decaux, Alexandre jongle entre le costard au bureau, et le short et sa casquette verte le reste du temps. « Mon gros avantage, c’est que je n’ai pas un métier physique, comme par exemple Benat Marmissolle pour ne citer que lui. Moi, j’ai le cul vissé sur une chaise derrière un ordinateur toute la journée », explique ce cadre trentenaire avec le franc parler qu’on lui connaît.
Au départ, juste un semi…
En 2014, Alexandre, jeune diplômé, enchaînait les soirées en boite de nuit à coup de clopes et de whisky. C’est la rencontre d’un collègue traileur qui le fait « plonger » dans l’univers de la course. « J’ai voulu devenir ce collègue qui vous raconte le lundi matin à la machine à café qu’il couru trente bornes en toute détente ce week-end et qu’il prépare un petit ultra de 80 km. A l’époque, je pesais 23 kilos de plus. J’en ai bavé, puis au bout d’un an, je me suis inscrit au semi de Paris ». Ce premier dossard devait être un aboutissement, cela a été le début de sa folle aventure. Sur route d’abord, avec un record sur marathon en 2h58, puis très vite sur ultra avec le succès que l’on connaît.
Partager et susciter l’envie
Un petit coup d’œil dans le rétro lui fait dire qu’il est content d’avoir atteint ce niveau en s’éclatant. Mais plus encore de susciter de l’envie autour de lui. « Ce qui me rend le plus fier, c’est de croiser des mecs qui me disent qu’ils se sont mis à courir les trails en me suivant. Si j’ai pu montrer que le trail n’est pas qu’un sport de montagnard, qu’on le droit de pratiquer aussi à Paris, je suis content », explique Alexandre, heureux de partager sa passion. L’ultra-traileur se plie à répondre à chaque commentaire – 2h de réseaux sociaux par jour – même s’il avoue que cette charge mentale devient pesante. « Je sais que je vais tuer le personnage Casquette Verte à un moment ou à un autre, un peu comme les Daft Punk (rires). »
La suite alors ? « Pour l’instant, je n’ai couru que pour ma gueule, mais dans les années à venir, j’aimerai m’investir dans un projet caritatif. L’homme qui a monté le Téléthon m’inspire énormément. Avec sa petite association, il vendait des cartes postales et des chocolats puis il est allé toquer chez France Télévisions pour convaincre la chaîne de faire une émission appelant aux dons pour sauver les enfants malades avec le succès que l’on connaît. Cela montre bien qu’avec de la volonté et de l’huile de coude, on peut faire de grandes choses ! »