Antoine Vernier : 100 marathons jusqu’à Jérusalem

Semer l’amour en courant jusqu’à Jérusalem, c’est la croisade que mène Antoine Vernier, père de famille de 47 ans engagé sur les routes depuis deux mois déjà. Il enchaîne les marathons sans les compter, le cœur ouvert et empli d’un immense espoir. Et tant pis si ce n’est qu’utopie.

Le 27 mai, Antoine Vernier est parti de chez lui à Angers baskets aux pieds. Depuis, il rempile chaque matin pour environ 6h de course. En fonction des jours, le compteur oscille entre 35 et 58 km et l’allure tourne autour de 8 à 10km/h. Actuellement, il se trouve en Bulgarie, avec déjà plus d’une soixantaine de marathons derrière lui.

L’amour, pas la guerre

Ce qui le pousse à poursuivre sa route ? C’est un message à faire passer . « L’amour est la seule voie qui puisse régler durablement les conflits ». Ce sociologue de formation en est convaincu. Et c’est armé de cette intime conviction qu’il met le cap sur Jérusalem.

Son projet fou est né le 5 janvier dernier. En matin en courant, une vision. « Cela peut paraître un peu mystique mais je me suis vu capable d’aider un jeune soldat à poser son arme», nous raconte-t-il. Il poursuit :« Sur cette Terre sainte où depuis 5 000 ans toutes les religions cherchent l’amour, on se déchire de la façon le plus ignoble possible. On semble souvent bien impuissant dans le monde dans lequel dans on vit. Moi je dis, chacun peut se lever, sans les armes, avec le cœur ouvert. Ma démarche est simple, je suis juste l’élan de mon cœur (…) Un peu comme un caillou qui fait des ronds dans l’eau, peut-être que mon acte inspirera d’autres, comme d’autres m’ont inspiré. Il résonne déjà dans les cœurs de ceux que j’ai croisé sur ma route. Et c’est cela qui me nourrit et me pousse à avancer chaque jour plus loin » explique le marathonien qui n’en est pas à son premier périple.

Cet expert au sein l’ADEME, agence de la transition écologique est un sportif accompli. Antoine Vernier a couru son premier marathon à 18 ans. Il affiche un record en 2h54’ sur la distance. Puis il a terminé 8 Ironman – triathlon de 226 km comptant un marathon pour final  –   dont celui d’Embrun bien costaud. Ensuite, il basculé sur le trail, bouclant des ultras réputés comme le Grand Raid des Pyrénées ou la Petite Trotte à Léon, version XXL de l’Ultra-Trail du Mont Blanc en 300 km. 

23 marathons jusqu’à Davos, un acte politique

COUV LIVRE Antoine Vernier

Après des années à cumuler les dossards, cherchant à trouver ses limites, ce père de famille a changé de paradigme. La course à pied est devenu un moyen d’essayer de changer le monde.

« Pendant le Covid, il y avait une ambiance fin du monde. Les gens ne se parlaient plus parce qu’ils avaient peur. Je me suis demandé pour mes enfants qu’est-ce qui s’opposent la peur ? Il m’est paru évident que la porte de sortie pouvait être de parler d’amour. C’est ainsi que m’est venu l’idée d’un projet qui correspondait à mes convictions ; aller pour le symbole à Davos, le forum économique mondial, en courant 23 marathons depuis chez moi. J’ai voulu faire un acte politique en parlant d’amour avec les gens, faire quelque chose d’un peu artistique autour du sport », nous explique-t-il.

Antoine Vernier a tiré un documentaire « Et si on parlait d’amour !? » et écrit un livre suite à ce défi réalisé en 2022.

Un ‘24 heures pour s’aimer‘ avec ses voisins

Antoine Vernier 1

L’année suivante, une nouvelle question : « Finalement est-ce que le plus dur n’est pas d’aimer, là où l’on est, ceux qui nous entourent dans notre quotidien ? » Voilà qui le motive à mettre sur pied son « 24 heures pour s’aimer ». Il l’organise dans sa commune, Mûrs-Erigné, près d’Angers. Ainsi pendant qu’il enchaînait 150 km, 18 volontaires accompagnés de monsieur le maire toquaient aux portes des 6 300 habitants de la commune. Les cœurs se sont ouverts, les consciences se sont éveillées, comme le montre le second documentaire retraçant son initiative originale.

Antoine Vernier pensait avoir tiré un trait sur ses défis, qu’il finance en partie de sa poche. Mais les attaques du 7 octobre et les horreurs depuis, dans un camp comme dans l’autre, l’ont ébranlées.

Cap sur le Proche Orient

Antoine Vernier

En août 2023, cet agnostique était allé à Jérusalem en vacances. Il y retourne donc cette fois sans avion. A pied, un voyage beaucoup plus long marqué par un contexte géopolitique très lourd. L’enjeu, un vibrant espoir de paix, transcende le défi physique à ses yeux. Cela pourra paraître utopique ou totalement vain. Qu’importe, lui n’aura pas de regrets en s’engageant ainsi corps et âme pour montrer qu’une autre issue est possible.

Tout bien recalculé, son périple totalisera 111 marathons en longeant la côte de la Syrie et du Liban. Le Proche Orient est encore loin. Il met le cap sur la Turquie avec Antalya dans le viseur pour le 21 août. Le plus dur reste à venir. Et les tensions iront crescendo. Il le sait. La suite s’esquisse en pointillé, les frontières syriennes étant fermées. Mais Antoine Vernier croit malgré tout dur comme fer pouvoir aller porter son message de Palestine en Israël. Il est aussi onscient des dangers qu’il encourt. « Je ne prévois pas ce qui va se passer. Je sais qu’il y a un risque pour ma vie. Je sais aussi qu’en suivant l’élan de son cœur, il peut se produire des miracles ». Il prévoit d’arriver à Jérusalem autour du 20 septembre

Ses récits au jour le jour sur son profil Facebook, Antoine Vernier documentaire marathon.