Patrick Malandain, de retour de sa double traversée USA-Canada

Patrick Malandain heureux de sa double traversée USA-Canada

Patrick Malandain, normand de 59 ans, a enchaîné deux transcontinentales en un temps record. New York-Los Angeles, puis Vancouver-Halifax soit 10 732 kilomètres en 102 jours. 

Patrick Malandain sur sa traversée des USA

CV Flash. Court depuis ses 30 ans, a rallié Le Havre à Istanbul (2009), participé à la TransAmerica (2011), traversé l’Australie (2013), parcouru l’Europe en 10 000 km et 100 jours (2016), détient le record des 1000 km de France. Son site : patrickmalandain-ultrarun.com 

Parti le 19 mai de New York, Patrick Malandain est arrivé à Los Angeles le 4 juillet. 4 801 kilomètres plus à l’Ouest, 46 jours plus tard. 104 kilomètres quotidiens en moyenne sur cette traversée des Etats-Unis, la 3e performance mondiale. Mais ce n’est qu’une première moitié pour ce Normand. Après quatre jours de transit, il est en effet reparti côté Canada, pour le retour. Cette fois, de Vancouver jusqu’à Halifax. Et 5931 km avalés en 56 jours, soit 105 km en moyenne par jour.  

J’ai perdu 11 kilos et tous mes ongles de pieds.

Rien n’est impossible !

Un défi hors-norme, une première mondiale inédite à ce jour. A vrai dire, cet exploit, lui non plus ne le réalise pas. C’est fou ! Une chose est sûre, une intime conviction : rien n’est impossible. « Les seules limites que nous ayons, c’est celles que nous nous fixons. Le mental fait 99,9 % du travail sur ce type de défi », affirme ce père de famille.

Patrick Malandain a basculé dans l’ultra à 45 ans, en rencontrant Serge Girard, globe-runner hors pair, normand aussi. Les défis de ce voisin lui donnent des fourmis. Patrick Malandain se met à dépasser les bornes. Havre-Istanbul, traversée l’Australie en 38 jours, l’Europe en 10 000 km s’enchaînent jusqu’à cette double traversée  « US we can ». 

Une aventure familiale

Qu’est-ce qui l’a poussé à refaire ses lacets, chaque matin à 4h15, qu’il pleuve ou qu’il vente ? Goût du défi, bien sûr, pour ce compétiteur. « Chaque projet est égoïste au départ. Mais cela devient une aventure familiale. Depuis dix ans, ma femme Fabienne assure toute la logistique sur place. Mon fils Mathurin, resté en France a assuré la communication. ». 

Ses enfants, c’est justement un moteur. « Je n’ai pas grand-chose à leur donner mais j’espère leur montrer que dans la vie, on peut faire des choses. Il y a aussi mes sponsors, les gens qui me suivent… Je me dois d’être à la hauteur. » 

Une belle portion sur la mythique route 66.

Le mental encore. Et le corps ? Il trinque, forcément. « J’ai perdu 11 kilos et tous mes ongles de pieds. A mi-chemin au Canada, un genou a doublé de volume et j’ai eu des contractures aux cuisses pendant des jours. On s’habitue à la douleur, ça rentre dans l’ordre, les endorphines reprennent le dessus » assure l’ultra-fondeur.

Au jour le jour, rien n’a été simple en effet. «  J’étais parti pour battre le record du monde New York-Los Angeles. Je me suis très vite rendu compte que c’était injouable car le vent soufflait fort, de face tous les jours. ». 

Cette traversée des USA, il l’a déjà faite, en 2011 en sens inverse, sur la TransAmerica. Il l’avait bouclée en 2e positionen 73 km par jour en moyenne, avec une fracture du bassin sur la fin… Cette fois donc, malgré la météo contraire, il a monté le volume d’un cran, enchaînant parfois jusqu’à 16 heures de course par jour ! 

Patrick Malandain heureux de sa double traversée USA-Canada
Un camping-car a suivi Patrick Malandain durant toute sa traversée des USA et du Canada.

Une course infernale contre le temps 

« Nous sommes arrivés épuisés à Los Angeles. Même le camping-car est tombé en panne. Pendant ce transit, j’étais stressé. Nous avions déjà réservé nos billets d’avion. Le bateau était affrété pour notre camping-car. Pas le choix, il fallait que nous soyons le 3 septembre à Hallifax ! C’était une course infernale contre le temps. J’étais programmé pour y arriver mais je n’aurai pas fait 10 bornes de plus ! »

Pas le temps de faire de tourisme. « J’ai vu de beaux paysages, comme un bout du désert de Mojave aux USA, mais nous avions tracé les itinéraires au plus court, parfois via des deux fois deux voies. ».

Il a bien sûr fait des rencontres furtives avec des routiers intrigués. Et des anecdotes, en pagaille., comme le fait « camper » un soir sur un bout de la Route 66 abandonnée. Ces souvenirs forment un film que Patrick se repasse en boucle. Depuis son retour, il court toujours. La nuit, dans sa tête. En attendant le prochain défi…