L’Echappée belle approche !

L’Échappée belle, c’est dans moins de trois semaines. Magique mais ultra-technique, la course enchaîne sans répit cols, refuges et lacs au milieu des pierriers de Belledonne. Reconnaissance de l’Intégrale de 149 km du 19 août.  

En quelques étés, l’Échappée Belle s’est vite taillée une sacrée réputation. Avec l’UTMB et l’UT4M, c’est un des ultras les plus difficiles des Alpes. Sa technicité et sa beauté font sa renommée, tout comme l’âme généreuse qui l’anime depuis dix ans. Sur la fameuse Intégrale, on compte ainsi un bénévole par coureur ! Entre Isère et Savoie, le cadre est enchanteur, le terrain piégeur. Une quinzaine de cols s’enchaînent au-dessus de 2 000 mètres d’altitude sur un univers minéral très exigeant.

Chaque été, entre 50 et 70% des engagés jettent l’éponge. « Je donne toujours les trois mêmes conseils : gestion, gestion, gestion. C’est le seul conseil qui vaille ! » explique Florent Hubert. Créateur de l’épreuve et directeur de course, il décompose ici l’Intégrale de 149 km et 11 400 mD+ en trois portions clés.

Une entame façon GR20 corse pour l’Echappée belle

D’abord, un premier gros morceau de Vizille, au Pleynet (62e km), première base de vie. C’est là que se joue quasiment tous les abandons. « Cette section est du même acabit que le GR20 en termes de technicité. C’est une entame très montagneuse est piégeuse. Il ne faut jamais se mettre dans le rouge mais au contraire y progresser très tranquillement » recommande Florent Hubert. Le chemin est un monotrace – sauf sur les 16 premiers kilomètres – entre moraines et gros blocs pierreux.

Certains passages sollicitent les mains. Et les descentes ? Aussi exigeantes que les montées. Pas question d’y rattraper sa moyenne horaire. Autre paramètre essentiel, l’absence d’ombre. « Pendant 46 km, pas un seul arbre. Comme en Corse, on peut évoluer dans un four pendant des heures. La déshydratation guette, il faut être vigilant », rappelle le directeur de course. Il conseille ainsi de courir en manches longues, la tête bien couverte. Il y a certes 4 ravitaillements (Arselle, La Pra, Jean-Collet, Aiguebelle) sur cette Echappée Belle. Mais dans Belledonne, on passe plusieurs heures entre deux ravitos. 2 litres d’eau au dos, c’est le minimum.

Le terrain très minéral et technique de Belledonne rappelle le GR20 Corse. ©MatthieuRieux

Marcher en altitude, en semi-autonomie

François d’Haene a mis 10h sur cette portion de l’Echappée Belle. Pour les derniers, ce sera déjà 22 heures d’efforts. L’altitude est aussi un facteur clé. « Au 30e km, la montée à la Croix de Belledonne, point culminant de la course à 2 926 mètres, laisse des traces. L’effort en altitude est constant. Il faut s’y préparer. Je conseille de marcher avec du gros dénivelé en altitude et de s’entraîner à gérer la semi-autonomie » détaille l’organisateur, également ultra-traileur. Dernier sage conseil :s’accorder une vraie bonne pause sur cette première base de vie. Une, deux ou trois heures pour recharger les batteries, ce sera du temps gagné pour la suite.

Col Morétan, un grand moment

La deuxième section de cette Echappée belle s’ouvre du Pleynet (62ekm) jusqu’à Super Collet (100e km). Ici, on passe la première nuit. Elle sera marquée par la montée au col de Morétan (80ekm) atteint après une longue bavante de 1500 mD+. « Cette montée dans les cailloux est éprouvante. Au sommet, on est pile à la moitié de la course, même si le coureur a souvent l’impression d’avoir fait les 2/3 du circuit », commente Florent Hubert. Un cordage sécurise la descente. La pente est raide (jusqu’à 50°), dans une moraine, avec un gros névé à passer. « De nuit, c’est impressionnant. Cela demande de la lucidité. Je conseille d’aborder la section Le Pleynet-Morétan toujours en dedans, sans forcer. Car si l’on est fatigué au pied du col, on ne grimpera sans doute pas jusqu’en haut. », conseille l’organisateur.

Parfois, quelques névés aux abords des nombreux lacs croisés sur cette Echappée Belle. ©DR

Sur l’Echappée Belle, on relâche seulement pour le dénouement…

Ensuite, un troisième tronçon de Super-Collet (100e km) à Aiguebelle. 50 derniers kilomètres qui se jouent en deux temps. Jusqu’à Val Pelouse, l’avant-dernier ravitaillement, le monotrace, joueur, multiplie les bosses, toujours en altitude et dans les cailloux. Il faut encore une fois en garder sous le pied. Ensuite seulement – enfin ! – on pourra relâcher. Pourvu qu’on ait encore le goût de courir… En effet, la toute fin du circuit suit un sentier souple, au profil descendant.

« On peut sur ces 24 derniers kilomètres gagner énormément de temps. Certains regagnent 200 places entre Val pelouse et l’arrivée. Ceux-là se sont bien réservés. Et ils profitent alors de ces jolis sentiers pour trottiner ! », assure Florent Hubert. Pour sûr, sonner la cloche d’Aiguebelle, rituel final, clôturera un voyage au bout de soi-même.  

Idée de reconnaissance sur 3 jours. Jour 1 : Arselle – Croix de Belledonne – Col de la Mine de fer – Habert d’Aiguebelle – 30km et 2 514 mD+. Difficultés : Croix de Belledonne, col Mine de fer et Brèche Fendue. Jour 2 Habert d’Aiguebelle – Fond de France – Refuge de l’Oule – 37 km et 3 120 mD+. Difficultés : enchainement col de l’Aigleton, col de la Vache, montée au refuge de la Grande Valloire, première section du Morétan. Jour 3: Refuge de l’ Oule – Super Collet – Val Pelouse – Le Bourget – 49 km et 3 665 mD+. Difficultés : seconde section du Morétan, descente du Morétan, montée à la Pierre du Carre, Col d’Arpingon