Archive d’étiquettes pour : UTMB



A 29 ans, Camille Bruyas a impressionné en terminant 2e femme de l’UTMB pour sa première participation avec un chrono canon en 24h09’. L’occasion de discuter avec cette kiné installée à Annecy, souriante et décontractée en toutes circonstances.

Camille Bruyas, à l’arrivée de l’UTMB 2021

Ce podium sur l’UTMB, tu y pensais ? 

Camille Bruyas: « Le plateau féminin était dense avec des filles qui ont beaucoup d’expériences et que j’admire. Non, c’est difficile de penser à un podium au départ d’un ultra comme l’UTMB. Et encore moins ce chrono (comparé aux autres années), qui est le meilleur temps français ! » 

Pensais-tu arriver un jour à ce niveau ?

Camille Bruyas: « Je n’y ai jamais pensé. Pour moi, le haut niveau c’est encore un peu flou. Je travaille donc ma vie n’a pas trop changé. J’essaie juste de combiner au mieux tout ça pour garder le meilleur équilibre possible. »

Avais-tu la pression au départ ? 

Camille Bruyas: « Je prends beaucoup de distance parce que cela reste un sport. L’UTMB est très médiatique, c’est sûr, il faut gérer tout ce qu’il y a autour, c’est la particularité de la course. Mais je suis très bien entourée et avec le staff et les athlètes Salomon, on a passé une bonne semaine ensemble à Chamonix avant la course. Cela a permis de bien organiser les choses, de prendre l’expérience des autres, notamment de François d’Haene. Ça c’est un gros plus ! »

Ton manager, Jean-Michel Faure Vincent dit que tu lui fais penser à François d’Haene à ses débuts. Qu’est-ce que cela t’inspire ? 

Camille Bruyas: « C’est cool, parce que François est cool ! (rires). Je n’ai pas la prétention d’avoir la carrière de François, en tout cas j’aime bien l’image qu’il véhicule, sa façon de faire, très détaché de tout ça, c’est inspirant. Ça me conforte, comme on a une façon de penser identique. Avant la course, cela évite de stresser. »

Camille Bruyas , avant le trail, tu pratiquais d’autres sports ?

Camille Bruyas: « J’ai pratiqué le basket-ball pendant 10 ans. La préparation l’été se passait toujours très bien car je courais tout l’été. J’ai toujours aimé ça. J’ai couplé ce sport avec l’athlétisme pour laisser place aux 3000 m et 10 km route petit à petit. »

Tu as vécu à La Réunion pendant deux ans, c’est là-bas que tu as découvert le trail ? 

Camille Bruyas: « Oui. Il y a peu de compétitions sur piste à La Réunion. Je les ai faites et puis j’ai eu envie de découvrir l’île. Toute une partie n’est pas accessible. Le mieux c’est la randonnée, et quand on peut courir un peu, bah, c’est encore mieux ! »

En trois ans, tu as bouclé les trois courses réunionnaises : Mascareignes (2016), Bourbon (2017) puis Diagonale des Fous (2018)… 

Camille Bruyas: « Oui, c’était un petit défi. La Diagonale était la suite logique puisque le Bourbon s’était très bien passé. Je pense que j’ai mal vécu les 60 derniers kilomètres de la Diagonale car je n’étais pas prête mentalement. A l’arrivée, j’avais dit plus jamais, c’est beaucoup trop long, beaucoup trop lent, moi j’aime courir. Cet UTMB me fait renouer un peu avec cette distance. Je pense que j’y retournerai. »

Camille Bruyas, tu es kiné. Comment fais-tu pour jongler entre entraînement et vie professionnelle ? 


Camille Bruyas: « Je suis en libéral et j’ai de supers collègues donc, je peux m’organiser comme je veux. C’est une chance ! Du coup, les grosses semaines d’entraînement, je prévois de travailler un peu moins. Je descends souvent au boulot à vélo. Comme j’habite sur un col, cela me fait un peu de sport pour remonter. J’ai deux jours sans entraînement par semaine, là, j’en profite pour bosser 8 à 12 heures. » 

La Western States te fait rêver. Tu comptes y aller ? 

Camille Bruyas: « Oui, peut-être l’année prochaine. A l’UTMB, il prenait les deux premiers et deux premières. Ce sera une belle aventure, c’est sûr ! »

©Salomon

Quel est ton spot favori pour t’entraîner ? 

Camille Bruyas: « C’est le massif des Bauges où j’habite. Mais je bouge beaucoup. Ce que j’aime dans le trail, c’est justement qu’on peut s’entraîner n’importe où. Il faut juste trouver une côte ou un bout de plat. Et on peut découvrir plein d’endroits. D’ailleurs, il est rare que je refasse strictement les mêmes parcours à l’entraînement, j’essaie de varier au maximum. »

Ton pire souvenir ?

Camille Bruyas: « Je dirai la Maxi Race en 2018. C’était un jour sans, j’ai mis du temps à récupérer. Ce n’est pas vraiment un pire souvenir, car je suis allée au bout et j’ai terminé 2e mais, simplement, je ne me suis pas fait plaisir. Je croise les doigts car pour l’instant, pas de gros échec… »

Ton meilleur souvenir ? 

Camille Bruyas: « Il y en a un tas ! J’adore les levers de soleil. Celui Lavaredo, sur Trè Cime était vraiment chouette. En termes de paysages, ça changeait. Je retiens aussi l’ambiance de l’UTMB. J’avais déjà fait la CCC mais cela n’a rien à voir. Là, il y a vraiment du monde partout et surtout, cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vécu ça. Rien que pour l’ambiance, je re-signe tout de suite ! »

Sur toutes les images, tu souris, même en pleine souffrance… 

Camille Bruyas: « Oui car on a choisi d’être ici. Je me dis, OK, on souffre mais il y a d’autres qui souffrent pour des choses plus graves que de finir un ultra. Et puis un sourire, c’est gratuit et cela fait plaisir aux gens (rires). J’aime bien prendre sur le ton de l’humour beaucoup de choses. Pas de prise de tête, c’est un peu mon état d’esprit. »

Tu pratiques aussi le yoga, qu’est-ce que cela t’apporte ?

Camille Bruyas: « Oui j’en fait beaucoup depuis La Réunion parce que je m’étais blessée. C’est un bon compromis pour se poser un peu et prévenir les blessures. Je ne travaille pas spécialement mon mental mais je pense que le yoga aide un peu. »

Pour la suite de la saison, des projets ? 

Camille Bruyas: « Pour l’instant, j’ai vraiment envie de ne rien faire. Je sais que pour ma santé, c’est important de faire des pauses, de se régénérer. Alors je vais prendre le temps. »



Des émotions, il y en a eu sur cet UTMB® Mont-Blanc 2021. La 18e édition du sommet mondial du trail a rassemblé près de 10 000 concurrents venant de 90 pays, sur ses 7 formats, allant de 40 km à 170 km pour le fameux UTMB.

Des émotions, déjà de beaux souvenirs après une semaine intense. Avec la PTL® d’abord et son départ de Suisse pour ses héros des temps modernes venus vivre l’aventure d’une vie avec leurs compagnons de cordée. La PTL® et ses chiffres affolant, 300km et 25 000 mètres de dénivelé à réaliser en moins de 151 heures. Pas de classement mais des équipes qui terminent main dans la main, la sueur aux corps, casques accrochés au sac, accolade franche et émue et cet esprit montagne si palpable à l’arrivée.

©UTMB

Mike Horn sur la MCC

De l’émotion, il y en a eu sur la MCC avec ses 1000 coureurs venus de la vallée, des partenaires, des bénévoles, et des membres de l’organisation. L’explorateur Mike Horn était lui aussi venu s’essayer à la fête et découvrir le trail running en famille, avec ses filles. Tous se sont accordés à dire que la course était magnifique tant pour l’ambiance que pour son parcours. Et tous retiendront le col de Balme sous les encouragements des bénévoles, le ciel azur, ses panoramas à couper le souffle et tous ces grands moments de fête, comme arrêtés dans le temps.

Sur la YCC, la fougue des coureurs en devenir a fait vibrer les familles venues les acclamer, les badauds venus profiter de l’ambiance festive et bonne enfant. Bravo à Lilian Burnet Vernier et Chiara Tramontana pour leur victoire.

Tristesse sur la TDS

De la tristesse aussi. Dans la nuit de mardi à mercredi, la TDS® a été endeuillée, et avec elle toute la famille du trail running. Ses vainqueurs ont tout de même été célébrés, à la hauteur de leur performance : la Française Manon Bohard et le Norvégien Erik-Sebastian Krogvig, et avec eux l’Italienne Giuditta Turini, la Hongroise Ildiko Wermescher, les Français Benoit Girondel et Arthur Joyeux Bouillon, tous les six sur le podium de la TDS®.  

©UTMB

Le départ de l’OCC a remis un peu de baume au cœur des coureurs et des spectateurs, avec son plateau exceptionnel et une météo toujours clémente. À la fin, deux champions se sont imposés pour la première fois sur cette course, la Française Blandine L’Hirondel et le Britannique Jonathan Albon, deux coureurs discrets et si attachants. Mathilde Sagnes (FR), Caitlin Felder (USA), Robbie Simpson (UK) et Peter Engdhal (SE) complètent le podium de cette OCC (56Km et 3500mD+) qui continue d’être de plus en plus plébiscitée par les coureurs. 

Thibaut Garrivier s’offre la CCC

S’en est suivi la présentation des élites et la tension était palpable autour de la course reine, l’UTMB®, annoncée le lendemain. Mais avant cela, c’était au tour de la CCC® de battre son plein. De retour de blessure, Thibaut Garrivier a mené une course parfaite et levé les bras en vainqueur sous l’arche après 10h23 d’effort, accompagné par l’Espagnole Marta Molist Codina, elle aussi très émue. Scott Hawker (NZ) et Thibaut Baronian (FR) prendront la pose avec le vainqueur pour cette photo finish de la CCC® 2021 ! Chez les femmes, Abby Hall (USA) et Petra Sevčíková (CZ) seront aussi célébrées et attendues par les photographes et le public pour immortaliser leur heure de gloire, tout comme les centaines de passionnés qui ont continué de franchir la ligne d’arrivée après 27h de course.

©UTMB

D’Haene, roi incontesté de l’UTMB

Vendredi et le départ de l’UTMB®, l’émotion était à son comble et un vibrant hommage a été rendu au coureur tchèque décédé. Les coureurs se sont élancés pour 170 km autour du Mont-Blanc et avec eux, le public qui les a suivis tout au long du parcours dans une ambiance de liesse populaire : des encouragements tout au long des sentiers, des mains tendues et des « aller, aller » prononcés dans plusieurs langues pour ce beau et grand retour de l’UTMB® Mont-Blanc. En grand favori, François D’Haene s’est imposé et devient ainsi le coureur le plus titré de l’épreuve devant un certain Kilian Jornet. Courtney Dauwalter a elle aussi brillé de mille feux. Après 2019, elle a réussi le doublé avec une facilité déconcertante pour finir 7ème au général et établir le nouveau record de l’épreuve chez les féminines en 22h30. Une performance extraordinaire gravée dans le marbre ici à Chamonix. Camille Bruyas a terminé deuxième pour sa première participation à l’UTMB®, accompagnée par la Suèdoise Mimmi Kotka qui termine enfin cette épreuve qui lui tenait tant à cœur.



Au terme d’une course folle, François D’Haene s’impose et devient le coureur le plus titré de l’UTMB.

©UTMB

Au 20h45, c’est le temps qu’il aura fallu à François D’Haene pour gagner l’UTMB® 2021. Parti avec les favoris, il s’est détaché dans la nuit pour partir en tête avec l’Américain Jim Walmsley qui finira par abandonner après Courmayeur. Avec 170km et 10 000 mètres de dénivelé, la course aura marqué les organismes des coureurs avec l’abandon d’une bonne partie des favoris au passage en Italie.
Aucun coureur n’aura réussi à inquiéter le Français, viticulteur dans le Beaujolais, parti dans sa conquête d’une quatrième victoire historique après celles de 2012, 2014 et 2017. Il devient ainsi le coureur le plus titré de l’UTMB®. Le podium est composé de François D’Haene (FR), Aurélien Dunand Pallaz (FR) et Mathieu Blanchard (FR), un podium 100% français pour la première fois de l’histoire de l’UTMB®.
Chez les femmes, l’Américaine Courtney Dauwalter est partie pour réaliser le doublé 2019 et 2021. Elle confirme que les Américaines sont  impériales sur le Sommet Mondial du Trail avec 4 victoires à leur actif.





Dans l’univers de l’ultra distance, Perrine Fages est un phénomène. Aussi inspirante que déconcertante, cette avocate de 40 ans a bouclé Ironman(s), Norseman, Enduroman, Bikingman(s), Diagonale des Fous, SwissPeaks, entre deux escapades solitaires au bout du monde. 

Menue silhouette, douce voix et allure coquette, ne pas se fier aux apparences : Perrine Fages est une ultra, pure et dure. Des femmes, dans cette galaxie, il n’y en a pas des tas. En quelques années, elle y a fait sa place sans perdre son humanité : « J’aime avoir le cœur qui bat vite et les yeux qui brillent. Bon, j’ai souvent les yeux qui brillentBeaucoup de choses me fascinent. Je me dis pourquoi pas moi ? J’ai très souvent peur mais cette peur m’encourage à essayer et me lancer ! », résume sans prétention l’avocate expatriée au Qatar. 

On a qu’une vie, autant la vivre à fond. Voilà son mantra. Son ressort ? Le goût de l’effort. Cavalière hors-pair (3 ans en équipe de France junior), elle vit toute jeune déjà pour la compétition. Puis elle étudie le droit pour passer le barreau. Si elle oublie un temps le sport, elle s’y remet en vacances pour prendre l’air : alpinisme l’hiver, plongée l’été, en courant après les fuseaux horaires. 

©DR

Premier dossard, nouvelle histoire pour Perrine Fages

En 2013, alors avocate pour un cabinet américain à Paris, elle encourage deux collègues qui préparent le marathon de Paris. « Cette course ne me faisait pas du tout rêver, d’autant plus que je ne courais jamais. »se souvient-elle. Mais voilà… La magie opère du côté de Porte Dauphine : « C’était formidable de voir 50 000 personnes toutes là avec des objectifs différents, des histoires différentes, mais toutes ayant le même objectif : franchir la ligne d’arrivée. J’ai vu les visages s’éclairer, les larmes couler. J’ai eu furieusement envie d’en être. » 

Bientôt le premier dossard, début d’une nouvelle histoire. Après les 20 km de Paris en octobre pour se roder, elle embraye au printemps sur le marathon capital. Ensuite, le tableau se remplit : Paris encore, puis Istanbul, Dubaï, le Koweït, Doha (4 fois) et un meilleur chrono en 3h23’. Dire qu’elle ne s’est jamais vraiment préparée, sauf pour le premier… 

En 2015, Perrine Fages s’expatrie au Qatar, comme juriste chez BeInSport. Elle emmène un vélo dans ses bagages, elle qui n’en n’a jamais fait. Ses amis l’ont mise au défi de prendre le départ d’un Ironman. Eux lâchent l’affaire en route, pas elle. Elle enchaîne même à une cadence folle, presque boulimique : half d’Aix, Ironman de Nice, half Altriman, deux mois après l’half EverGreen – alors qu’elle n’avait jamais roulé en montagne ! – puis un autre Ironman en Malaisie, le tout, neuf mois après sa première sortie vélo. Un phénomène, on vous dit ! 

Double traversée de la Manche

Et ça continue de plus belle : en 2018, elle s’attaque à l’Enduroman, un ultra-triathlon entre Londres et Paris avec 140 km de vélo jusqu’à Douvres, la Manche à traverser pour la partie natation (34 km), puis 290 km jusqu’à l’Arc de Triomphe. Pendant dix mois, Perrine Fages s’entraîne entre 30 à 40 heures par semaine, en plus de son boulot. De gros sacrifices, mais elle ne regrette rien. Dans la Manche, elle a trinqué. Première traversée avortée tout près des côtes françaises. Pour cause de mauvaise météo, on lui ordonne de remonter dans le bateau. Furieuse, elle ira quand même à Paris à vélo. La deuxième sera la bonne, un mois plus tard, en juillet. Perrine détient le record féminin de cette épreuve hors-norme.

L’athlète se promet de revenir à Calais, mais cette fois en simple maillot, seule version reconnue par les puristes de cette traversée mythique. Entre l’eau à quelques degrés et les piqures de méduses, inutile de dire qu’il faut être blindé : « Ce n’était pas prévu mais l’été dernier, j’ai participé à un relais en maillot sur cette traversée. C’est une première étape qui m’a permis de refaire la paix avec la Manche ». Ce ne sera pas pour 2021, faute de créneau possible, mais rendez-vous est déjà pris pour 2022. 

>> Lire aussi: Brice Bonneviale Raconte son Enduroman

©BikingMan

BikingMan et UTMB

Après son Enduroman, l’inusable héroïne s’est remise en selle. Perrine Fages a ainsi enchaîné 3 BikingMan (autour de 1000 km chacun) dont un très éprouvant à Taïwan, une semaine après les championnats du monde Ironman d’Hawaï. « En octobre 2018, je suis, comme on dit dans le jargon, complètement cramée », confie-t-elle.

Enfin pas tout à fait : « L’UTMB a eu la bonne idée d’organiser un ultra à Oman, juste à côté de chez moi. Impossible de résister ! Je me suis reposée en novembre, avant de faire ce 130 km ». Après cette première en trail, deux constats : « le trail c’est dur, et il faut que j’apprenne à descendre ».

L’année suivante, elle prendra triple ration : la TDS à Chamonix – entourée de sa famille, un grand souvenir -, La Diagonale des Fous puis l’UTMB à Oman, en version 170 km. Le tout sans préparation spécifique. 

Voyage solo à vélo pour Perrine Fages

Mais il n’y a pas que les dossards dans la vie ! Curieuse du monde – elle rêverait de défendre les droits de l’homme et encore plus ceux de la femme -, elle voyage à vélo dès qu’elle le peut. Tailler la route, elle adore ça, l’avantage du métier d’avocate et du célibat. Elle prend plaisir à préparer chaque périple patiemment, en nouant des contacts sur le terrain. Si le dépassement de soi est un moteur, l’aspect humain est capital à ses yeux : « C’est formidable la bienveillance des gens quand vous êtes seule à vélo. Il y a beaucoup plus d’échanges et de partage. »

Arménie, Ethiopie, Arabie Saoudite, Pakistan, Iran… Plus d’une centaine de pays visités à coups de pédales. Une vie à coucher, dirait Sylvain Tesson. Justement. Les petits matins rieurs bord d’une route font son bonheur. C’est là, au bout du monde, en haut d’un col, connectée aux éléments, après des jours d’approche, qu’elle se sent vivante. 

©DR

« Débloquer un pallier » 

S’est-elle déjà mise en danger ? Forcément. Elle n’en dira pas plus, au cas où sa mère lirait ces lignes… Perrine Fages a-t-elle atteint sa zone rouge ? Son bout du bout ? Oui, un tas de fois. C’est justement ce qu’elle aime en ultra. Repousser ses limites, « débloquer un pallier » comme elle dit, juste pour aller un peu plus loin la fois suivante. 

L’introspection fait toujours partie du voyage : « En ultra cyclisme, comme en ultra-trail, on va chercher au plus profond de soi ses peurs, ses doutes, ce que l’on est. On se confronte à soi-même. C’est une séance d’auto-psychanalyse à chaque fois ». 

Lorsqu’on lui demande si elle a conscience d’avoir une vie hors-norme, elle botte en touche. Humilité, sans doute. 

Comme pour nous tous, 2020 restera singulière. Chamboulée, forcément, avec une série d’épreuves annulées. Côté professionnel, tout a valsé. Coincée en France pendant le premier confinement, Perrine se prépare a priori à quitter le Qatar. 

2020, confinée mais pas trop 

Cette grande bourlingueuse a tout de même vu du pays, comme on dit. En janvier, Perrine Fages était en Finlande sur la Rovaniemi 300, qu’elle a dû arrêter à mi-chemin sur blessure. Rodée au « grand froid », elle a proposé à son ami aventurier Steven Le Hyaric de traverser le lac Baïkal à vélo quelques semaines plus tard : « une expérience extraordinaire, très difficile. Une première étape pour des expéditions polaires plus longues. » Voilà, c’est dit.

L’été dernier, elle était en France. 4 jours et demi en Corse pour faire le GR20, puis un tour du Mont-Blanc en 50 h. Une semaine plus tard, elle épinglait un dossard sur la SwissPeaks 360. 316 km pour 25 000 m de dénivelé positif, un monument. Une révélation pour Perrine. « Terrorisée au départ, je me demandais ce que je faisais là. Tout le monde avait des sacs de la PTL, du Tor des Géants. Je ne me sentais pas à ma place, je ne savais pas du tout comment mon corps allait réagir après 170 kilomètres. » 108h d’efforts plus tard, « un vide énorme » en voyant l’arrivée : « j’ai réalisé que j’avais vécu une aventure extraordinaire. J’ai envie de m’essayer de nouveau à ce type de distance, et surtout de me mettre plus sérieusement au trail. » 

Pour 2021, l’ultra-sportive a déjà recoché l’UMTB à son calendrier. Avant cela, un trail de 90 km prévu au Qatar en novembre. Puis des projets, un tas de projets : traverser le Ladkah en Inde avec son vélo Gravel, boucler le Tor des Géants… Perrine n’a pas fini de nous épater et de nous faire voyager ! 

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