A 29 ans, Camille Bruyas a impressionné en terminant 2e femme de l’UTMB pour sa première participation avec un chrono canon en 24h09’. L’occasion de discuter avec cette kiné installée à Annecy, souriante et décontractée en toutes circonstances.
Ce podium sur l’UTMB, tu y pensais ?
Camille Bruyas: « Le plateau féminin était dense avec des filles qui ont beaucoup d’expériences et que j’admire. Non, c’est difficile de penser à un podium au départ d’un ultra comme l’UTMB. Et encore moins ce chrono (comparé aux autres années), qui est le meilleur temps français ! »
Pensais-tu arriver un jour à ce niveau ?
Camille Bruyas: « Je n’y ai jamais pensé. Pour moi, le haut niveau c’est encore un peu flou. Je travaille donc ma vie n’a pas trop changé. J’essaie juste de combiner au mieux tout ça pour garder le meilleur équilibre possible. »
Avais-tu la pression au départ ?
Camille Bruyas: « Je prends beaucoup de distance parce que cela reste un sport. L’UTMB est très médiatique, c’est sûr, il faut gérer tout ce qu’il y a autour, c’est la particularité de la course. Mais je suis très bien entourée et avec le staff et les athlètes Salomon, on a passé une bonne semaine ensemble à Chamonix avant la course. Cela a permis de bien organiser les choses, de prendre l’expérience des autres, notamment de François d’Haene. Ça c’est un gros plus ! »
Ton manager, Jean-Michel Faure Vincent dit que tu lui fais penser à François d’Haene à ses débuts. Qu’est-ce que cela t’inspire ?
Camille Bruyas: « C’est cool, parce que François est cool ! (rires). Je n’ai pas la prétention d’avoir la carrière de François, en tout cas j’aime bien l’image qu’il véhicule, sa façon de faire, très détaché de tout ça, c’est inspirant. Ça me conforte, comme on a une façon de penser identique. Avant la course, cela évite de stresser. »
Camille Bruyas , avant le trail, tu pratiquais d’autres sports ?
Camille Bruyas: « J’ai pratiqué le basket-ball pendant 10 ans. La préparation l’été se passait toujours très bien car je courais tout l’été. J’ai toujours aimé ça. J’ai couplé ce sport avec l’athlétisme pour laisser place aux 3000 m et 10 km route petit à petit. »
Tu as vécu à La Réunion pendant deux ans, c’est là-bas que tu as découvert le trail ?
Camille Bruyas: « Oui. Il y a peu de compétitions sur piste à La Réunion. Je les ai faites et puis j’ai eu envie de découvrir l’île. Toute une partie n’est pas accessible. Le mieux c’est la randonnée, et quand on peut courir un peu, bah, c’est encore mieux ! »
En trois ans, tu as bouclé les trois courses réunionnaises : Mascareignes (2016), Bourbon (2017) puis Diagonale des Fous (2018)…
Camille Bruyas: « Oui, c’était un petit défi. La Diagonale était la suite logique puisque le Bourbon s’était très bien passé. Je pense que j’ai mal vécu les 60 derniers kilomètres de la Diagonale car je n’étais pas prête mentalement. A l’arrivée, j’avais dit plus jamais, c’est beaucoup trop long, beaucoup trop lent, moi j’aime courir. Cet UTMB me fait renouer un peu avec cette distance. Je pense que j’y retournerai. »
Camille Bruyas, tu es kiné. Comment fais-tu pour jongler entre entraînement et vie professionnelle ?
Camille Bruyas: « Je suis en libéral et j’ai de supers collègues donc, je peux m’organiser comme je veux. C’est une chance ! Du coup, les grosses semaines d’entraînement, je prévois de travailler un peu moins. Je descends souvent au boulot à vélo. Comme j’habite sur un col, cela me fait un peu de sport pour remonter. J’ai deux jours sans entraînement par semaine, là, j’en profite pour bosser 8 à 12 heures. »
La Western States te fait rêver. Tu comptes y aller ?
Camille Bruyas: « Oui, peut-être l’année prochaine. A l’UTMB, il prenait les deux premiers et deux premières. Ce sera une belle aventure, c’est sûr ! »
Quel est ton spot favori pour t’entraîner ?
Camille Bruyas: « C’est le massif des Bauges où j’habite. Mais je bouge beaucoup. Ce que j’aime dans le trail, c’est justement qu’on peut s’entraîner n’importe où. Il faut juste trouver une côte ou un bout de plat. Et on peut découvrir plein d’endroits. D’ailleurs, il est rare que je refasse strictement les mêmes parcours à l’entraînement, j’essaie de varier au maximum. »
Ton pire souvenir ?
Camille Bruyas: « Je dirai la Maxi Race en 2018. C’était un jour sans, j’ai mis du temps à récupérer. Ce n’est pas vraiment un pire souvenir, car je suis allée au bout et j’ai terminé 2e mais, simplement, je ne me suis pas fait plaisir. Je croise les doigts car pour l’instant, pas de gros échec… »
Ton meilleur souvenir ?
Camille Bruyas: « Il y en a un tas ! J’adore les levers de soleil. Celui Lavaredo, sur Trè Cime était vraiment chouette. En termes de paysages, ça changeait. Je retiens aussi l’ambiance de l’UTMB. J’avais déjà fait la CCC mais cela n’a rien à voir. Là, il y a vraiment du monde partout et surtout, cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vécu ça. Rien que pour l’ambiance, je re-signe tout de suite ! »
Sur toutes les images, tu souris, même en pleine souffrance…
Camille Bruyas: « Oui car on a choisi d’être ici. Je me dis, OK, on souffre mais il y a d’autres qui souffrent pour des choses plus graves que de finir un ultra. Et puis un sourire, c’est gratuit et cela fait plaisir aux gens (rires). J’aime bien prendre sur le ton de l’humour beaucoup de choses. Pas de prise de tête, c’est un peu mon état d’esprit. »
Tu pratiques aussi le yoga, qu’est-ce que cela t’apporte ?
Camille Bruyas: « Oui j’en fait beaucoup depuis La Réunion parce que je m’étais blessée. C’est un bon compromis pour se poser un peu et prévenir les blessures. Je ne travaille pas spécialement mon mental mais je pense que le yoga aide un peu. »
Pour la suite de la saison, des projets ?
Camille Bruyas: « Pour l’instant, j’ai vraiment envie de ne rien faire. Je sais que pour ma santé, c’est important de faire des pauses, de se régénérer. Alors je vais prendre le temps. »