Un marathon de Londres royal au bar !
Le 28 avril dernier, Londres a vibré pour les 43 221 coureurs de son marathon, 39e du nom. Standing-ovation inimitable et ambiance débridée… Sandrine s’est laissé gagner par la folie de ce « majeur » au grand cœur. Elle nous raconte.
Le fameux « appel de Londres », ce sera une deuxième fois pour moi. Je garde un souvenir ému de ce « major ». En 2014, j’y avais battu mon record personnel, en 3h53. Initialement, j’avais dans l’idée d’approcher ce RP, mais j’ai revu in fine mes priorités. La performance est une chose, le plaisir doit primer, pas vrai ? Je décide de cacher l’écran de ma montre avec une bande de K-Tape, histoire de ne pas me mettre la pression. Deux heures d’Eurostar plus tard, me voici de l’autre côté de la Manche avec le groupe de l’agence Sportifs à Bord. Voyage tout confort, avec hôtel – que dis-je… le Strand Palace, s’il vous plaît – dans l’hyper-centre, à 600 mètres de l’arrivée… Je crois rêver.
La révolution en carton
Le jour J, la journée démarre par une petite balade en bus pour rejoindre le départ à Greenwich. Notre groupe patiente sagement dans des tentes, bien à l’abri. La météo est fraîche, 8°C avec un peu de vent. Les boissons chaudes à disposition sont appréciées. Pas de bousculade, tout est millimétré, parfaitement huilé, de la dépose des sacs, jusqu’aux toilettes, accessibles sans file d’attente. Côté dames, l’urinoir d’un nouveau genre fait de l’effet. Les fesses à l’air, chacune soulage sa vessie debout, en tenant un petit récipient en carton jetable, même forme que ces messieurs, éclats de rire garantis. L’entrée dans les sas, de couleurs différentes – 4h15 pour moi – se passe sans encombre, et le départ sera rapide. Coup de canon à 10h pour les champions, 10h22 pour ma vague. C’est parti pour 5 kilomètres en pente douce, bien agréables pour dérouler la foulée. Le circuit est performant, sans difficultés, plus simple qu’à Paris, je dirais. Cette année toutefois, quelques rétrécissements de chaussées inopinés – sans doute pour permettre aux piétons de traverser – nous ont obligés à ralentir la cadence ici et là. Je dois dire que ce sera mon unique petit « bémol ». Car en dehors de cela, tout était extra.
Une planche et des cornes
À commencer par l’ambiance. Énorme : une standing ovation ininterrompue, du 2e km jusqu’à l’arrivée. Nuées de spectateurs et refrains rythmés. Ce qui se vit sur les bas-côtés est hallucinant, plus intense qu’à New York. On frise l’hystérie. D’ailleurs, je me suis vu remettre mes écouteurs pour « m’entendre »… Sur Tower Bridge, pour le passage du semi, c’était la folie. Quatre ou cinq rangées de supporters installés sur des gradins, hurlant sans discontinuer. Sur leur passage, les coureurs « charity », l’âme de ce marathon, embrasent le public. Imaginez, grâce à eux, un milliard de livres sterling a été levé en une journée, c’est un record planétaire. Ces coureurs au grand cœur sont souvent déguisés. Moi je suis servie, coincée entre un (beau) surfeur et un rhinocéros géant… Improbable, non ? La possibilité d’inscrire son nom au fameux Guinness Book suscite les défis les plus farfelus. Pour la petite histoire, 38 participants sont entrés dans ce livre des records au terme de cette 39e édition. Le plus rapide a bouclé en 2h43 habillé en zombie. Les plus lents, une équipe de six, ont mis 5h59 à courir au diapason, dans un unique costume XXXXXXL… Délirant !
J’ai juste vu Big Ben…
Pas d’extravagance pour moi, mais je reçois tellement d’encouragements, sans parler des messages des amis qui me suivent via les réseaux sociaux. Ça me dope, j’avance bien, remets un moment mes écouteurs pour étouffer les hurlements et me reconcentrer. Au 27e km, je retrouve Caroline, une amie. Blessée, elle avance en alternant 30’ course et 15’ marche. Je laisse définitivement tomber l’idée de faire un chrono, préférant l’épauler et partager l’instant. Tout cela est tellement grisant ! Ensemble, on profite, on tape dans les mains des gamins. La foule est si compacte, si agitée que je zappe complètement le décor. J’ai croisé Big Ben c’est sûr, mais pour le reste… mystère. Il paraît qu’en début de course, on a tourné autour d’un gros galion. Ah bon ? 40e km, je décide de filer devant Caroline. Plus que deux derniers kilomètres vers le finish. Un virage et c’est le Palais de Buckingham, puis la place Victoria Memorial – noire de monde – enfin le Mall. Cette large avenue ornée drapeaux britanniques est magique. Je passe l’arche en 4h22. Pas de RP à la clé donc. Qu’importe. Mon essentiel était ailleurs ce dimanche matin. Je suis heureuse d’avoir vibré au rythme de l’inimitable spirit of London.
Récit Sandrine Nail-Billaud publié dans Running pour Elles 52
avec A.M – Photos : Virgin Money London Marathon