Raid Sahraouiya : bien plus qu’un raid sportif !

Raid Sahraouiya, une aventure féminine multisport et solidaire dans le désert marocain.

Le Raid Sahraouiya a rassemblé 45 équipes autour de Dakhla, au Sud du Maroc. Clémence Lefebure raconte ses 5 jours de défis entre VTT, canoë, trail de nuit, course d’orientation et sensations fortes.

“On ne revient pas la même du Raid Sahraouiya”. C’est ce que disent les anciennes participantes de ce raid 100% féminin qui a lieu e au Maroc à Dakhla, la Perle du Sud. C’est une aventure humaine, solidaire et sportive durant laquelle chaque binôme concourt pour ramener des fonds à son association.

Ici, pour faire connaissance, la question n’est pas « ton temps sur semi ? » mais « tu cours pour quelle asso ? ». Un esprit collectif et solidaire qui se ressent au quotidien via les présentations et visites des assos, mais aussi par l’entraide entre les participantes. Cerise sur le gâteau : un confort au service de l’effort qui fait bien plaisir ! Ici pas de nuit en tente, mais en bivouac ultra-confort, avec vue époustouflante au cœur du désert puis en bord de mer.

Raid Sahraouiya : sur le sable mou, ça change tout

Raid Sahraouiya, du VTT, du trail, du canoë et beaucoup de solidarité au programme.
Ça roule pour Clémence, jusqu’à la prochaine dune… ©Chris Besson

Le premier jour de ce Raid Sahraouiya donne le ton. 38 km qui démarrent par 12km de VTT. Moi qui ne me déplace qu’à vélo, je pars confiante. Et pourtant… bizarre j’ai l’impression d’être freinée dès le départ. Un pneu à plat ? Non, juste un élément naturel avec lequel nous allons devoir composer toute la semaine : LE SABLE ! Sur le papier, les épreuves semblent accessibles mais c’est sans compter ce paramètre sable qui vient challenger l’effort. Courir sur sable mou, porter son vélo, gérer ses ampoules aux pieds… Personne n’est préparé, à moins d’habiter sur la Dune du Pyla !

Après avoir bravé nos dunes en VTT, on file sur notre 1èrecourse d’orientation. Objectif : trouver le plus vite possible 11 balises, à l’aide d’une carte et d’une boussole. Impulsive et dans l’action, je file direct avant que Sophie, plus réfléchie me rappelle à l’ordre. « Tout doux Clem, on se construit une stratégie de course et ensuite on attaque ». On décide de démarrer par les balises les plus éloignées, et de suivre un tracé selon le sens du vent et le relief. De vraies Mike Horn en puissance. Bon, pour l’instant plus « Mike » que « Horn »…

Descente en rappel, mon gros challenge

Raid Sahraouiya, une aventure féminine multisport et solidaire dans le désert marocain.
J’y vais mais j’ai peur… ©Chris Besson

S’en suit un trail de 6,5km, plutôt le double en ressenti avec vent et sable sur une interminable ligne droite ! Nous atteignons enfin l’épreuve tant attendue mais redoutée de toutes : la descente en rappel. Pour l’acrophobe que je suis, cette falaise de 50m est LE challenge de ce raid.

Je m’agrippe à la corde concentrée pour surtout ne pas regarder le vide, encouragée par Sophie qui affronte les mêmes peurs que moi quelques mètres plus loin. Ce n’est qu’une fois arrivées sur la terre ferme que nous prenons conscience du paysage idyllique : une plage déserte de sable blanc, à flanc de falaise. On l’a fait !

Deuxième jour. Une grosse journée en perspective avec course d’orientation VTT, trail, bootcamp, trail de nuit. On retrouve nos copines de course : un vrai booster qui pousse au dépassement sur chaque épreuve. Pour contrer le vent, on passe en drafting, l’une derrière l’autre pour de belles pointes de vitesse en VTT sur un terrain enfin plus dur, quel kiff !

Plus en confiance, on anticipe la couleur du sol pour trouver les passages les plus praticables, on s’habitue aux dérapages en terrain sablonneux, de vrais berbères ! La journée se termine en apothéose par un trail de nuit de 9 km en plein désert, à la frontale, un soir de pleine lune. Une expérience déroutante et magique, durant laquelle nous mesurons chacune la chance d’être là.

Tony Estanguet, es-tu là ?

Raid Sahraouiya, une aventure féminine multisport et solidaire dans le désert marocain.
©Chris Besson

Troisième jour. Jusqu’ici tout va bien… jusqu’au canoë en mer où nous allons ramer au sens propre du terme mais surtout au figuré ! On ne fait que dériver du mauvais côté malgré nos tentatives pour redresser le cap, on s’épuise à pagayer dans la semoule, ce canoé se transforme en galère…

Notre séance d’entraînement sur la Seine s’était pourtant si bien passée ! En désespoir de cause, on tente d’invoquer l’esprit du maître en la matière : Tony Estanguet. Un appel entendu… mais pas pour nous. Tony tu t’es trompé de canoé ! Deux autres binômes nous doublent, tout en grâce et volupté, filant au loin vers l’arrivée.

Quatrième jour. Après notre claque de la veille, on redoute cette journée. Au programme : 6 km de canoë entrecoupés d’une course d’orientation sur une île paradisiaque au milieu du lagon. Pour éviter un nouveau fiasco, on opte pour la stratégie du « moins pire » : faire tout à l’opposé d’hier ! Je prendrai l’avant du canoë, Sophie l’arrière. Et cette fois, nous prendrons le temps de bien trouver notre rythme en fonction du courant.

Rien n’est jamais perdu !

Clémence et Sophie terminent 5e du Raid Sahraouiya.
Sophie et Clémence, deux amies sportives mamans de jumeaux, terminent 5e de ce raid. ©Chris Besson

Le départ se fait en mode 24h du Mans. 50m de run sur sable pour rejoindre notre canoé. 1, 2, 3 c’est parti ! On fonce en sprint jusqu’à notre embarcation qu’on tracte jusqu’à la mer. Au moment de monter, le drame : une seule pagaie… Celle de Sophie a dû tomber vers le départ.

Elle retourne la chercher, et me laisse sur le bord de mer, penaude face aux participantes déjà en action sur les flots. Une once de découragement me traverse « Game is over  ». Mais voir Sophie tout donner me rebooste : « On lâche rien ! On n’a peut-être pas de pagaie, mais on a des pieds ! Alors, avance ! » Je tire notre bolide sur la plage pour ne pas perdre 1 seconde, jusqu’à ce que Sophie me rejoigne pagaie à la main. Ce très mauvais départ nous aura porté chance : nous arriverons 1ère de ce 4ème jour d’épreuve, portées par nos copines de course Cécile et Alexia. Une journée gravée à jamais qui restera une belle métaphore de vie : rien n’est jamais perdu tant que tu as la volonté !  

Ce raid se finira en beauté avec un trail suivi d’une chasse au trésor en mode Pékin Express dans la ville de Dakhla. Ce n’est pas une ligne d’arrivée que nous franchissons en cinquième position, mais bien une ligne de départ vers de nouveaux défis. Les anciennes avaient raison : on ne revient pas pareil de ce Raid Sahraouiya…