Pierre Sénac, le come back
Meilleur Français en 2012, Pierre Sénac a retrouvé le marathon de Berlin en septembre dernier. Trois ans après son opération d’une pubalgie, le Valdoisien l’a bouclé en 2h38’. La Six Star est dans son viseur.
« Je n’aurai jamais cru recourir comme ça ». Le 26 septembre, en franchissant la Porte de Brandebourg, Pierre Sénac a retrouvé une sensation enivrante. Qui lui avait manqué depuis quatre ans : approcher de la ligne d’arrivée d’un marathon. En effet, le coureur de 56 ans, originaire de Franconville (Val-d’Oise), a en effet dû surmonter une épreuve avant de boucler le marathon de Berlin en 2h38’08.
Trois ans sans compétition
« Le 9 août 2018, j’ai été opéré d’une pubalgie. On m’a réduit l’adducteur gauche. Je n’ai pas pu faire le moindre footing pendant un an et demi. Lorsque j’ai pu reprendre, c’était le confinement ! Impossible de s’entraîner en groupe ou plus d’une heure et pas de compétition en vue. C’était dur mais ça a fait travailler le mental ». Pierre Sénac, agent de maîtrise à Beauchamp (95), n’aura rien lâché pour boucler le 30e marathon de sa carrière. Et le 25e en moins de 2h40 ! « J’ai doublé mes entraînements trois jours par semaine, accumulé le foncier durant 4 mois jusqu’à perdre 4 kilos. J’ai aussi suivi les conseils d’un nutritionniste, consulté kiné et podologue et fait des séances de cryothérapie », résume ainsi le sociétaire de l’Entente Franconville Césame Val-d’Oise (EFCVO).
30ème marathon pour Pierre Sénac
Revenir dans la capitale allemande avec l’agence Sportifs à bord était un bon présage. C’est en effet avec cette même agence de voyages sportifs qu’il avait réalisé des prouesses sur ses précédentes participations. « En 2010, j’avais rattrapé Noreddine Khezzane (un ami, 9 fois champion de France vétéran) pour finir en 2h32’. En 2012, j’avais été le meilleur Français en réalisant 2h29’26’’ à 47 ans. Puis, en 2013, j’avais terminé dans le top 100 en 2h31’ », se souvient Pierre Sénac. Encore logé à 400 mètres à peine du départ, bénéficiant d’une météo idéale, il partait avec des atouts. Même une mésaventure ne l’a pas perturbé. « Au 1er km, j’ai perdu quatre de mes six gels énergétiques. Mais je me suis adapté et je n’ai pas connu de fringale ». Sans montre, sa régularité a été celle d’un métronome. Le voilà remis en selle. « Maintenant que je me suis décrassé la gueule (sic), je vais essayer de boucler les Six Marathons Majeurs. Il m’en reste deux : Boston et Tokyo », confie le dur à cuire. Pierre Sénac pourrait ainsi être l’un des premiers Français à les finir en moins de 2h45’.
Débuts en 1984
« Mais recourir à 6h30 du matin, c’est déjà mon bol d’oxygène quotidien ! Et pouvoir poursuivre mon aventure sur marathon, débutée il y a 37 ans, c’est un bonheur inou ï». En 1984, sur son premier à Taverny, il n’imaginait pas un tel destin. « Je l’avais fait à 18 ans, sans entraînement et par goût du défi. Deuxième espoir, j’étais rentré chez moi tout fier avec un micro-onde sous le bras…La passion était née ». Il décupla ensuite ses qualités physiques et mentales de coureur à l’Armée au 21e RI de Fréjus et au 23e BIMA de Dakar. « Là-bas, j’étais le seul Européen à suivre les Africains ». À son retour, son tempérament de battant s’affirma. La course à pied lui a apporté un équilibre. Une confiance que Pierre Sénac a d’ailleurs cherché à transmettre pendant 12 ans en tant que moniteur-éducateur au sein de la Fondation des orphelins apprentis d’Auteuil. Même lauréat de cross et de 10 km, le marathon reste sa prédilection.
Fan de New York
« J’ai remporté celui de Cierrey dans l’Eure en 2000, réalisé mon meilleur temps à Paris (2h29’31 en 2001) et terminé vice-champion de France vétéran 2 à Rennes en 2015. Mais rien n’égale New York. Je l’ai fini 8 fois d’affilée entre 2004 et 2011, et 2e Français en 2007 après avoir distancé Philippe Remond. Sur ce marathon magique, le chrono compte peu. On profite d’encouragements ininterrompus. Cette énergie fabuleuse et cette traversée au cœur de la diversité de notre monde« , conclut Pierre Sénac.