Philippe, le ménestrail : jamais sans son ukulélé
Philippe Genevaux, alias le ménestrail, pousse la chansonnette sur les sentiers avec son ukulélé. Swisspeaks, Marathon des Sables, Echappée Belle… la tournée de ce coureur troubadour n’est pas près de s’arrêter.
Ingénieur en technologie optique la semaine, troubadour le week-end. Ainsi va la vie de Philippe Genevaux. Depuis quelques années, ce trentenaire Montpelliérain rythme les trails, en chantant gaiement accompagné de son ukulélé. « Je l’emmène sur toutes mes courses. Avec lui, je vis des moments exceptionnels. Chanter, jouer quelques notes, cela permet de vite tisser des liens. C’est d’ailleurs sur les ultras qu’il m’est le plus utile », confie ce trailer-musicien, Ménestrail sur Facebook. Jouer et chanter lui permet en effet de partager en toute convivialité mais, cela lui fait aussi du bien pour encaisser ses « coups de moins bien ».
Entrée en scène sur le Trail des Aiguilles Rouges
Son premier trail remonte à 2010. Alors étudiant, Philippe se lance directement sur un 54 km en vallée de Chevreuse avec un copain. « J’ai vite chopé le virus. J’ai augmenté la distance sur l’EcoTrail Paris 80 km l’année suivante, puis sur le Tour de la Grande Casse (63 km), sur mon premier 100 km en Côte d’Or. Ensuite, j’ai terminé la Diagonale des Fous en 2014, en 48h45’. A la fin, j’ai dit ‘plus jamais’, le lendemain : ‘c’est quoi le prochain ?’ ».
Son prochain, ce sera l’UTMB, le graal, terminé en 2015 en 42h15’, avec une déchirure au mollet.
A cette époque, pas de ukulélé pour l’accompagner. Comment s’est-il mis à en jouer ? Par un concours de circonstances… « En 2016, j’étais inscrit avec 4 copains au Trail des Aiguilles Rouges. J’étais le mieux entraîné de la bande, alors pour les motiver à avaler ce 51 km et 4000 mD+, j’ai eu l’idée de chanter. Car j’adore ça. Je me suis dit qu’avec un ukulélé pour m’accompagner, ce serait plus sympa. Depuis, vu le succès rencontré, ce petit instrument ne m’a pas quitté. Je le porte toujours à la main. Et quand j’ai besoin de mes bâtons, j’ai trouvé un système pour le sangler » détaille Philippe.
La musique, c’est son autre passion. Choriste soprano durant ses plus jeunes années, batteur dans un groupe punk rock à l’adolescence, puis guitariste autodidacte.
De Joe Dassin à Bigflo et Oli
«Au ukulélé, j’ai d’abord appris aux Champs-Élysées de Joe Dassin que tout le monde connaît et Scoubidou car nous étions déguisés en scoubidous sur le Trail des Aiguilles Rouges », raconte le coureur, qui aime aussi se grimer à l’occasion.
Son répertoire musical s’étoffe d’une course à l’autre. Joe Dassin, Brassens, Renaud, les Beatles bien sûr, mais aussi Bigflo et Oli ou encore la Reine des Neiges, apprise pour un trail blanc. « J’ai une règle d’or, c’est de ne jamais refuser une chanson qu’on me demande », explique Philippe, qui prend donc toujours le temps d’un refrain en chemin.
L’entraînement, c’est fait pour se faire mal, la compétition pour se faire plaisir. Voilà qui résume sa philosophie. L’ingénieur enchaîne donc les bornes la semaine sans sourciller, histoire d’avoir « la caisse » pour s’arrêter chantonner sur ses trails.
« On chante, on rit, on se raconte un bout de nos vies en avançant sur le circuit. Je chante toujours un petit refrain aux ravitaillements, ou lorsque je croise un signaleur au milieu de nulle part. C’est une façon de remercier ces bénévoles qui donnent de leur temps. Et c’est d’ailleurs comme ça que j’ai rencontré ma copine, bénévole sur l’Oisans Trail Tour. Mon ukulélé lui a fait de l’effet, il paraît… », plaisante ce ménestrail.
Deux Swisspeaks en musique
Parmi ses grands souvenirs, le Marathon des Sables, bouclé en 2017. Les concurrents de cette édition-là n’oublieront pas les soirées ukulélé au coin du feu !
Mais l’ultra dont il est le plus fier, c’est bien la Swisspeaks. Une course hors-norme de 360 km et 26 000mD+ au milieu des « 4 000 » alpins. « J’ai vécu six jours exceptionnels, notamment en compagnie de Sylvain Laur, patron de Compressport, rencontré en chemin. J’ai eu de grosses douleurs aux genoux après 250 km. J’ai cru devoir abandonner mais par chance, un podologue m’a remis d’aplomb. J’ai ainsi pu terminer en 145h45’, après un tas de pauses musicales et d’échanges extras. Et le plus dingue, c’est qu’un bénévole m’a payé l’inscription pour l’année suivante ! J’y suis donc revenu avec grand plaisir en 2020, avec soirée raclette et chansonnette chez ce bénévole suisse. De grands moments ! », s’enthousiasme le trentenaire, décidemment en forme.
Où qu’il passe, ce « ménestrel du trail » enjoué est toujours plébiscité. On l’invite désormais volontiers pour mettre l’ambiance. Sur le Trail de l’Aber Wrach, en Bretagne, les finishers ont ainsi chanté en chœur Brest de Miossec. Même succès l’été dernier sur l’Echappée Belle. Un beau « morceau » de 144 km, 11 000 mD+ et des cailloux, des cailloux, toujours des cailloux. « J’ai fait la course avec une tendinite, en compagnie d’un jeune coureur qui avait mal au genou. On a galéré, mais on s’est soutenus en chantant. Ma copine était bénévole sur le dernier ravito. Cela m’a aussi fait tenir. Nous en sommes partis à 4 minutes de la barrière horaire. C’était chaud ! » se souvient Philippe.
Une belle tournée en 2022
Sa tournée 2022 est déjà bien remplie. Après le Trail des Calanques, l’ultra du Ceven’Trail en mars, il participera tout bientôt à 3 des 14 étapes de « Je cours pour la culture », une course de 660 km entre Montgeron, près de Paris et Aix-en-Provence, avec des concerts quasiment tous les soirs. Puis il baladera son ukulélé sur le Nivolet-Revard et dans les Gorges de l’Ardèche en mai. Cet été, il sera sur le premier Zinzin Ultra-Trail de Denis Clerc, à Florac et retournera ensuite sur la monumentale Swisspeaks. Jamais deux sans trois, comme dit la chanson…
Sa tournée 2022 est déjà bien remplie. Après le Trail des Calanques, l’ultra du Ceven’Trail en mars, il participera tout bientôt à 3 des 14 étapes de « Je cours pour la culture », une course de 660 km entre Montgeron, près de Paris et Aix-en-Provence, avec des concerts quasiment tous les soirs. Puis il baladera son ukulélé sur le Nivolet-Revard et dans les Gorges de l’Ardèche en mai. Cet été, il sera sur le premier Zinzin Ultra-Trail à Florac et retournera ensuite sur la monumentale Swisspeaks. Jamais deux sans trois, comme dit la chanson…