Mathieu Blanchard : « je veux donner le meilleur de moi-même »
Rien n’arrête Mathieu Blanchard. Un mois après sa 3e place sur l’UTMB, il a accroché une 5e place sur son premier Marathon des Sables. Ce champion, qui avait participé à l’émission Koh-Lanta en 2020, vit une folle progression !
Mathieu Blanchard, cette 3e place sur l’UTMB, tu y pensais ?
Mathieu Blanchard : « C’était mon objectif A de l’année. J’avais coché la date en rouge sur mon calendrier, avec un grand point d’exclamation. J’ai tout mis en œuvre pour arriver au top le jour J. J’ai donné le meilleur de moi-même et cela a fonctionné ! »
Un mois plus tard, tu as enchaîné avec le Marathon des Sables (MDS), une grande première…
« Oui, après l’UTMB où je me suis beaucoup donné, je ne suis pas arrivé dans un état de forme top au Maroc. Je ne m’étais pas trop entraîné pour récupérer au maximum et être le plus frais possible. J’avais simplement passé deux jours en Camargue pour courir un peu dans le sable. »
Au final, tu décroches une 5e place pour ton premier MDS, c’est inédit !
« Oui, c’est honorable même si au fond de moi, j’espérais un peu mieux. J’étais bien parti sur les trois premières étapes, malheureusement, j’ai attrapé une sorte de gastro qui circulait sur le camp. Cela m’a mis dans le mal sur l’étape longue de 82 km. J’ai dû beaucoup marcher. Cela allait mieux sur la dernière étape de 42 km mais les premiers avaient pris trop d’avance. Je l’ai tout de même terminée en 2e position au sprint ! »
Que retient Mathieu Blanchard de ce MDS ?
« C’était une grosse aventure, une expérience nouvelle. J’imaginais le désert monotone mais il y a des paysages très diversifiés entre les dunes, les montagnes djebels, les oueds asséchés et les étendues de cailloux et d’ardoises. Je retiens le côté extrême avec la chaleur affichant jusqu’à 55°C. Mais aussi, le sable à dompter, le fait de s’orienter à la boussole, de porter un sac de 6 kilos. Il y a aussi le fait d’enchaîner chaque jour. La fatigue s’accumule et les nuits sont difficiles à dormir au sol, sous une simple toile de tente. Et bien sûr, le côté humain, très fort. Tous les soirs sur le camp, on partageait nos émotions entre rires et larmes. Au fil des étapes, les masques tombaient. On était tous à fleur de peau. L’ambiance était très authentique. D’ailleurs, avec Loury, Dorian, et Alix, ma compagne, nous avons tissé des liens forts avec nos 4 autres camarades de tente. »
Comment as-tu débuté la course à pied ?
« En 2014 lorsque je suis arrivé à Montréal. Je voulais de me remettre en forme après quelques années de fêtes, entre mon école d’ingénieur et mon début de carrière. Au début, je ne connaissais pas les trails alors j’ai fait de la route. Jusqu’en 2017, je me suis amusé à faire tous les beaux marathons autour de Montréal comme New York, Boston, Philadelphie, Washington, Ottawa, Toronto ou encore Chicago. »
Quel est ton record sur marathon ?
« Je me suis arrêté à 2h32’, à Chicago en 2017. A l’époque, je commençais le trail. Deux semaines avant, j’avais terminé la TransAlpine de 270 km, qui est assez difficile. Je ne suis pas donc arrivé au meilleur de ma forme à Chicago. »
Penses-tu recourir un marathon un jour ?
« Oui, j’aimerai bien, mais pas tout de suite. Je suis à fond dans le trail et consacrer 3 mois à une préparation marathon, c’est trop sur une saison pour l’instant. D’après ma VO2Max, si je faisais une préparation marathon correcte, je pourrais boucler autour de 2h20-2h25. »
Et comment as-tu basculé sur le trail ?
« Par hasard. En 2016, un ami m’a proposé de faire un trail de 20 km dans la région du Québec. J’ai adoré l’expérience. Après cela, je n’ai plus quitté les sentiers. J’ai eu le coup de foudre pour le trail et ne suis plus du tout revenu sur la route. Désormais, je construis ma saison autour de formats entre 100 et 170 km mais de temps en temps, j’aime aussi les trails de 20 ou 30 km, en préparation ou juste pour le fun. »
Depuis 2019, ta vie a changé. Tu étais ingénieur et désormais, tu te consacres pleinement au sport. Décris-nous ton quotidien…
« Ma vie se partage entre Montréal où j’habite et le Sud de la France où j’ai grandi. Je suis commercial pour la Clinique du Coureur, une équipe de scientifiques et chercheurs dans le domaine de la course à pied. Je suis aussi coach pour Le Coaching du coureur, filiale de La Clinique du coureur. En 2019, j’ai quitté mon poste d’ingénieur pour devenir coureur pro. Je rejoins l’an prochain le team international de Salomon aux côtés des meilleurs : Kilian Jornet, François d’Haene, Courtney Dawaulter… c’est le graal ! Pour moi c’est fou ! »
Quel est ton plus grand souvenir de coureur ?
« Mes 2 UTMB ont été très marquants. Le premier en 2018 (Mathieu débutait dans l’ultra et avait terminé en 13e position, ndrl) car quelques mois plus tôt, mon petit frère a eu un grave accident et perdu une jambe. Pour le motiver un peu, je lui avais dit de venir assurer mes ravitaillements. Notre arrivée main dans la main, cela a été beaucoup d’émotions. Pour lui, pour moi, pour notre famille. Il se montrait pour la première fois en short, avec sa prothèse. Et sur l’UTMB cette année, c’est simple, je n’avais jamais vécu d’émotions aussi fortes de toute de ma vie ! A l’arrivée, j’ai perdu le contrôle, j’étais comme transcendé. Et j’ai plané sur un nuage pendant trois semaines ! »
Et ton pire souvenir ?
« C’était en 2018, un mois après l’UTMB, je suis parti courir l’Ultra Trail Atlas Toubkal au Maroc. La course se déroule en bonne partie au-dessus de 3000 mètres d’altitude. Je n’avais aucune acclimatation car je suis arrivé la veille. A l’époque, je travaillais encore et j’avais peu de jours de congé. J’ai fait un mal aigu des montagnes. C’était une souffrance affreuse. J’ai eu peur pour ma vie. Cela m’a donné une leçon : il y a certains paramètres comme la chaleur ou l’altitude à ne pas prendre à la légère. »
La semaine d’entraînement de Mathieu Blanchard, elle ressemble à quoi ?
« C’est très variable en fonction de l’objectif. Cela peut aller d’une semaine light à 5 heures, et monter jusqu’à 30 heures par semaine en alternant course à pied, vélo, renforcement musculaire et un peu de natation aussi. »
Ton autre passion, c’est la plongée sous-marine. Raconte-nous…
« Oui, je voue une grande passion à l’océan. Par le passé, j’ai travaillé comme moniteur de plongée, photographe sous-marin et rédacteur pour des magazines. Je rêve d’acheter un voilier un jour et de parcourir l’océan en explorant les fonds sous-marins comme Cousteau, un personnage qui m’a énormément inspiré. »
Quelle sera la suite de ta saison ?
« Je vais terminer mon année avec l’Ultra-Trail de Capetown en Afrique du Sud fin novembre. »
En 2022, on te reverra à Chamonix ?
« Oui, c’est clair. Mon histoire avec l’UTMB n’est pas terminée. Je le sens au fond de moi, j’ai encore quelque chose à faire là-bas. Ce sera la pierre angulaire de mon année 2022. Pour le préparer, je ferai des courses très montagneuses. Pourquoi pas l’Ultra-Trail de Madeira en avril et le Lavaredo en Italie en juin. En octobre, ce sera sans doute la Diagonale des Fous. En 2019, j’avais dû quitter La Réunion en vitesse la veille du départ pour partir sur le tournage l’aventure Koh-Lanta. J’ai donc envie de la courir, cette Diagonale ! »