Marie & Gaétan : un couple d’enfer !
Gaétan Marquilly, 25 ans et Marie Travers, 27 ans, ont réussi à se qualifier aux Mondiaux d’Ironman. Une performance très rare pour un couple.
« Le 10 juillet, j’ai accompli l’un de mes deux rêves d’enfant : me qualifier aux Championnats du monde d’Ironman (IM) ». Le Valdoisien Gaétan Marquilly n’a que 7 ans lorsqu’il découvre le triathlon au club de la Vallée de Montmorency. A ses 13 ans, son entraîneur Gwénaël Sesboué finit pour la première fois les Mondiaux de cette spécialité qui consiste à parcourir 3,8 km de natation, 180 km à vélo et 42,195 km à pied. Les récits de son mentor l’émerveillent, le fascinent. Pour lui, finir la célèbre course à Hawaï devient l’objectif à atteindre un jour. Les années passent, les courses défilent. Plus de 1 800 en tout.
L’Ironman, un rêve d’enfant pour Gaétan
Le Saintloupien de 25 ans, brillant cycliste dès ses débuts, est devenu un triathlète complet et un coureur redoutable sur petite et moyenne distance. En 2017, sa pointe de vitesse contribue à qualifier son équipe aux Championnats de France d’ekiden et de D2 en duathlon. Individuellement, il se qualifie aux Championnats du monde d’Half-Ironman (70.3) en 2018 grâce à sa victoire chez les 18-24 ans à Aix. En 2019, une nouvelle qualification grâce à sa 4e place à Barcelone. « La première fois, j’avais sorti une course de ‘ouf’. Il faisait froid, je n’avais qu’une envie, c’était de rentrer ! Vainqueur de ma catégorie, j’avais accepté mon billet pour l’Afrique du Sud. Là-bas, j’avais fini 20e des Mondiaux en groupe d’âge », raconte-t-il. Une chute à vélo l’empêcha de faire mieux l’année suivante, mais l’expérience acquise l’oriente vers l’Ironman. La Covid-19 retarde sa première participation. Ce sera pour le 10 juillet 2022.
Décor grandiose pour l’Ironman de Thoune
Ce jour-là, le triathlète blond à la fine barbe est au départ de l’Ironman de Thoune (Suisse), l’un des plus beaux au monde. « Dans les eaux du lac de Thoune, on nage vers les trois montagnes mondialement connues que sont l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau. Un décor à la fois pur et sauvage, digne du Seigneur des Anneaux ». À ce moment-là, Gaétan a un objectif chronométrique : couvrir la distance en moins de 10 heures. « C’était mon premier Ironman. Je ne voulais pas me mettre trop de pression à viser la qualification pour les Mondiaux chez les 25-29 ans, car il n’y avait que 4 billets attribués », confie l’enseignant dans un collège de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Néanmoins, la forme est là. Il a décroché un podium sur l’Half de Choisy-au-Bac et terminé 21e de la TransJu (un 23 km sur des pistes de ski).
« Sixième après la partie vélo, j’aborde mon premier marathon. Je vise un chrono de 3h15, mais sans repères, je ne sais pas si je suis capable de tenir l’allure définie. Le parcours est somptueux le long des rives du lac de Thoune et passe devant le château de Schadau, tout droit sorti d’un conte de fées. À aucun moment, je suis dans le rouge. Pour tenir le coup, je prends boisson d’effort et gel énergétique tous les 5 km. La fin de course est difficile mais je boucle les 42,195 km en 3h11 et l’Ironman en 9h22 ».
Suspense au protocole
À l’arrivée, il découvre sa 5e position à…une place de la qualification pour Hawaï ! Florent Gallant-Pierce, censé arracher le dernier billet, n’a franchi la ligne qu’1’37 devant. Ses deux minutes perdues sur lui lors de la première transition ont alors un goût amer. Heureusement, la cérémonie protocolaire balaie ce sentiment. Le vainqueur Andrew Woodroffe ne prend pas son billet qualificatif. Gaétan ira donc bien à Hawaï ! Mais pas seul.
Sa compagne Marie Travers sera aussi du voyage et pas en tant que spectatrice. La jeune femme de 27 ans a réussi le tour de force de se qualifier aux Mondiaux après seulement trois saisons de triathlon. « Un couple engagé sur une même édition des Mondiaux d’IM, c’est très rare. Je pense que ça a dû arriver chez les amateurs mais je n’ai pas d’exemples à citer », explique Marie.
« Généralement, dans un couple de triathlète, l’un se met au service de l’autre car la préparation est si chronophage qu’elle nécessite du soutien et des aménagements. Mais nous sommes parvenus à bien nous organiser, à nous entraîner ensemble au stade d’Eaubonne et à la piscine de Soisy, à combiner des sorties communes à vélo dans le Jura et dans les Vosges et préparer des séances séparées en course à pied ».
Ancienne gymnaste, la native du Territoire de Belfort a repoussé ses limites en course à pied avant de se lancer en triathlon. « Ma première course a eu lieu en mai 2015 à Beynes (Yvelines). C’était le Mud Day Paris. Un ami m’avait encouragée à m’inscrire. Il s’agissait d’un parcours de 13 km comptant 22 obstacles qui testait l’endurance, la force, la vitesse et la dextérité de quelque 24 000 participants », se souvient la Francilienne qui prend plaisir à ramper dans la boue, se relever, ‘‘jumper’’ et escalader. « La course se déroulait dans la bonne humeur, dans un camp du GIGN. Chaque épreuve – piscine d’eau glacée, passages sous terrains, traversée d’espaliers – était une découverte ludique ».
Déclic au Mud Day pour Marie
L’expérience lui donne envie de poursuivre l’aventure en course à pied. Elle s’entraîne alors trois fois par semaine après son travail de pâtissière-chocolatière à L’Atelier de Nicolas, à Ermont (Val-d’Oise). « Je me lève tôt (5h), débute tôt (7h) et finis tôt (15h). Ça me laisse la possibilité d’aller courir en forêt de Montmorency, même si le rythme est soutenu ». Attirée par les trails, son premier tour de force est pourtant réalisé sur route. « En 2018, j’ai fini les trois grandes épreuves de Paris (20 km, semi et marathon) ainsi que le marathon de New-York bouclé en 3h50. Sur le papier, j’ai mis 25 minutes de moins pour boucler les 42,195 km du Big Apple. Mais à Paris, j’avais fait demi-tour et attendu un quart d’heure mon patron et meilleur ami Nicolas Bischoff, avec lequel j’ai partagé tous mes marathons », révèle-t-elle.
De l’endurance sur le Half MDS
L’adepte des défis ose l’année suivante l’Half Marathon des Sables (MDS), à Fuerteventura (Canaries). « J’ai fait partie des 450 participants de 36 pays à parcourir en autosuffisance ces 120 kilomètres en 3 étapes comptant 3 000 m de dénivelé. Les températures étaient accablantes mais les paysages à couper le souffle dans le sable et les montagnes de la péninsule de Jandia ». Cette épreuve lui dévoile l’étendue de son endurance et son attrait pour les belles courses. Initiée au vélo par son grand-père, Marie se lance dans le triathlon fin 2019. Sa hardiesse l’amène à s’inscrire d’emblée à l’IM de Thoune. La Covid-19 lui donne finalement plus de temps de préparation. Puis, sa rencontre avec Gaétan fin septembre 2020 lui fait changer d’optique. Elle ira en Suisse pas uniquement pour finir l’épreuve…
Un courageux marathon au bout de son Ironman
« En l’espace de quelques mois, je suis passé de 5 à 12 entraînements par semaine. J’ai rejoint son club de triathlon et ai pu bénéficier de conseils, de plans de préparation. Mes premières compétitions m’ont donné confiance. J’ai terminé 1re de l’Half de Choisy-au-Bac et 3e du M de Pont-Audemer chez les 25-29 ans. Et puis, j’ai proposé à Gaétan de s’inscrire à l’IM de Thoune pour qu’on vive cette première ensemble ». À Thoune, après la meilleure natation de sa jeune carrière et une remontada à vélo, elle réalise un courageux marathon. « Je l’ai bouclé en 3h47, soit mieux que mes marathons de Paris et de New-York, alors que je l’abordais avec les jambes raides après 7 heures d’effort ! », sourit Marie, qualifiée pour les Mondiaux d’Ironman grâce à sa 2e place en 25-29 ans en 10h49. Depuis, le couple valdoisien imagine sa course du 6 octobre à Hawaï et son périple jusqu’à Kona en partie financé par 6 000€ de dons d’amis et proches. En quelque sorte, son voyage de noces.