Marathon de New York : la course à faire une fois dans sa vie
Le marathon de New York est une expérience rare, de celles dont vous vous souviendrez longtemps. 42,195 kilomètres d’émotions pures à savourer ou à subir, 42,195 kilomètres d’images que vous n’êtes pas prêt d’oublier. Mais laissez-nous vous raconter votre future course…
Marathon de New York : du rêve à la réalité
S’il ne restait qu’une seule image, ce serait forcément celle-là. Difficile de décrire ce sentiment qui vous envahit à quelques minutes des premiers coups de canon. Perdu au milieu de la foule immense, vous repensez à tout ce périple qui vous a amené là. Ce défi lancé à la cantonade, il y a quelques mois (« Je vais faire le marathon de New York ! »). Les encouragements des proches, les sourires des amis… Votre préparation sagement planifiée. Vos doutes. Puis le voyage en avion, New York et ses buildings démesurés, le décalage horaire, la récupération de votre dossard, votre jogging de récupération dans Central Park... Et maintenant ce projet fou devenu réalité. Dans quelques minutes, les coups de canon du départ. De l’émotion pure, de l’adrénaline qui donne le grand frisson.
Un départ magique
9h40, le bruit sourd des canons résonne. Loin devant, la Wave 1, la vague « élite », s’élance derrière la voiture chrono et les motards de la police. Vous frissonnez de plaisir, ça s’agite autour de vous, même si vous êtes encore loin de franchir la ligne de départ. Mais la libération approche, vos jambes fourmillent, jamais vous n’avez eu aussi envie de courir, d’allonger la foulée. Et puis votre tour arrive. Vous partez enfin à l’assaut du Verrazano Bridge, ce fameux pont, si souvent vu à la télévision, la musique de Frank Sinatra en tête, « New York, New York ».
Vos tout premiers mètres sur ce Verrazano sont incroyables. Vous êtes au milieu d’une foule compacte, certains visages semblent illuminés, extatiques, yeux embués, tandis que d’autres, les yeux baissés, semblent insensibles à l’émotion de ce départ. Ces quelques centaines de mètres resteront à jamais gravés dans votre mémoire.
Marathon de New York : voir Brooklyn et courir
Très vite, vous quittez le Verrazano Bridge pour attaquer la traversée de Brooklyn, environ 23 kilomètres, soit la plus grande partie de la course. Un quartier bigarré et multiculturel, le cœur de New York. De très longues avenues en faux plats et surtout un public et une ambiance indescriptible vous accueillent. Vous avez l’impression d’être à un concert, des dizaines de milliers de personnes encouragent les coureurs, brandissent des pancartes. À chaque coin de rue, des groupes de musique. Vertigineux. Avec une telle ambiance, difficile de ne pas tomber dans le piège de l’exaltation.
Un coup d’œil à votre montre : environ 13 km/h de moyenne. Bien trop rapide. Vous vous efforcez de revenir à l’allure prévue, soit 11 km/h. Ralentir au milieu de cette foule compacte est compliqué. Ça se bouscule, on vous double de partout, les autres n’ont pas envie de se freiner. Mais vous décidez de rester raisonnable. Surtout vous maîtriser dans cette première longue ligne droite piégeuse longeant la Brooklyn-Queens Expressway. Vous ne voulez pas brûler vos ailes.
Vous passez dans le quartier branché de Red Hook, au 6e mile, soit au 10e kilomètre. Direction Lafayette Avenue et Bedford Avenue. Peu à peu, les sourires font place à la concentration. Cette fois vous êtes dans la course, et dans votre bulle.
Des ponts, encore des ponts
Vous arrivez dans Williamsburg. Vous êtes toujours dans Brooklyn, et passez le premier pont aux alentours du 15e kilomètre. Votre allure est toujours un peu trop rapide par rapport à votre plan de course, mais la foule vous porte toujours. Mais plus pour longtemps : vous attendent alors plus de 2 kilomètres de traversée en faux plat sur un pont métallique désert (les ponts sont interdits aux spectateurs).
C’est généralement à cet endroit que les marathoniens appréhendent la difficulté de New York, car les ponts de Big Apple ne se contentent pas d’enjamber la rivière, ils commencent bien avant, au cœur même des quartiers. Conséquence : ils sont très longs. Et nombreux ! En tout, il y en aura cinq à traverser. Et à subir. Le passage au 13e mile, qui représente le semi-marathon, est situé exactement sur le deuxième pont, le Pulaski Bridge, en pleine montée, juste avant d’aborder un bon kilomètre de grimpette. Pour l’instant, vous tenez le coup, mais vous savez que le marathon va vraiment commencer au 30e kilomètre.
Le Pulaski Bridge marque la frontière entre Brooklyn et le Queens, un quartier qui n’est traversé que par quelques kilomètres de course. Les lignes droites se font désormais moins longues, vous empruntez des rues plus sinueuses. L’ambiance devient plus lourde, vous encaissez les premières grosses difficultés. Vous commencez à faire appel à des images positives dans votre cerveau, mais vous êtes bien conscient que la véritable épreuve est juste devant vous.
Marathon de New York : survivre au Queensboro Bridge
Le Queensboro Bridge, situé au 25e kilomètre, est en soi une course dans la course. D’abord parce qu’il marque le début de la deuxième partie du marathon de New York. La plus difficile. C’est ici que le dénivelé est le plus important, à peine une centaine de mètres au total, mais sur près de 2 kilomètres de long, et après avoir déjà encaissé deux ponts et un semi-marathon. Un méchant piège placé au mauvais endroit.
Le Queensboro Bridge est considéré, à juste titre, comme le juge de paix du marathon de New York. Comme beaucoup d’autres ponts de la Big Apple, il comporte deux étages, un pour le métro et l’autre pour les voitures. Vous passerez en dessous, avec l’impression d’être coincé dans un long couloir, un enchevêtrement de poutres métalliques et de plaques de béton. Le contraste est saisissant : en quelques instants, le vacarme de la foule est remplacé par les bruits feutrés de milliers de baskets qui tapent le bitume.
Mais si le Queensboro Bridge est redouté, il vous offre également de belles récompenses. Il suffit de tourner la tête sur votre gauche pour contempler à cet endroit la plus belle vue de New York sur la Skyline de Manhattan. Magique. Vous traversez l’East River et Roosevelt Island, une petite île plantée au milieu de la rivière. Désormais, vous avez du mal à tenir l’allure,vous en êtes réduit à tenter de maintenir la bonne cadence tant bien que mal. Le temps est venu de payer la facture de vos 10 premiers kilomètres trop rapides…
Retour à Manhattan
À peine le temps de vous extraire de ce long couloir métallique et de profiter de la descente que vous voilà à Manhattan. ET là, c’est le choc ! L’arrivée sur Manhattan est magique. D’un coup, vous êtes happé par la clameur de dizaines de milliers de personnes. Les hurlements, la musique vous submergent. La ferveur des New-Yorkais pour leur marathon est incroyable, même pas comparable à l’engouement dans les stades de foot européens. Deux millions de personnes sont descendues dans la rue pour faire une immense fête. Une telle ferveur vous redonne des ailes, vous retrouvez un peu d’entrain et allongez un peu la foulée. Mais attention, la course n’est pas terminée, il reste encore 14 kilomètres avant l’arrivée à Central Park.
À peine le temps de récupérer du Queensboro Bridge, vous attaquez le deuxième gros morceau du marathon : la remontée de Manhattan sur la 1ère Avenue. Près de 7 kilomètres d’une ligne droite en faux plat constant qui semble ne jamais vouloir se finir. Vous collez aux paquets de coureurs qui vous précèdent pour limiter la prise au vent et profiter un peu de l’aspiration, mais vous commencez à vraiment souffrir. Un coup d’œil à votre montre : votre moyenne s‘est effondrée. Cette 1ère Avenue ressemble à un long chemin de croix qui se perd à l’horizon.
Marathon de New York : souffrance à Central Park
« Méfie-toi des derniers kilomètres, c’est toujours le piège de New York », vous avait prévenu un ami marathonien ayant déjà vécu l’expérience. À peine 2 petits miles dans le quartier du Bronx, juste le temps de passer deux autres ponts (Willis Avenue Bridge et Madison Avenue Bridge) et vous voilà de retour pour l’arrivée à Manhattan. Cette fois vous affrontez la 5e Avenue, moins longue que la 1re mais tout aussi dure.
Environ 4 kilomètres d’un nouveau faux plat vous attendent. Comme souvent lorsque vous savez que vous approchez du but, vos jambes vous lâchent. L’arrivée est pourtant toute proche, à peine à 600 mètres à vol d’oiseau. Mais la course fait des détours, c’est le piège absolu. Vous luttez à chaque seconde pour ne pas marcher, et entrez enfin dans Central Park en grimaçant de douleur. Encore 2 kilomètres de calvaire. Chaque virage débouche sur une nouvelle montée, c’est sans fin. Vous n’entendez plus la foule autour de vous, vous êtes à l’agonie.
Mais la délivrance est pour bientôt, car l’arche bleue de l’arrivée est en vue. Encore quelques mètres de souffrance et vous coupez enfin la ligne, déformé par la douleur, les larmes aux yeux. Votre temps n’a plus trop d’importance. Votre record personnel n’est pas pour cette fois, mais finir New York restera une aventure inoubliable. Et cela vaut bien tous les chronos du monde.