Manu Meyssat : « j’apprends toujours « 

Emmanuel Meyssat, tout juste 40 ans cumule déjà plus de 20 ans de trail. Deux décennies que le champion lyonnais dévale les sentiers avec succès, en jonglant entre boulot et vie de famille. Un juste équilibre qui tient de l’harmonie. Rencontre. 


En bref.
40 ans, moniteur d’auto-école, père de deux enfants, habite Larajasse (69) a remporté cinq titres nationaux en trail, course en montagne et kilomètre vertical. Team Hoka et ambassadeur Gorilla TribeSes dernières performances : 1e de l’EcoTrail Paris 2018 en 6h, 6e au dernier championnat du monde de trail 2019 (44 km) en 3h43, 2e sur la SaintéLyon 2019 en 6h02’. 

Comment as-tu débuté ? 

©DR

« J’ai commencé par le cross, en catégorie minimes, en faisant des courses de quartiers sur 4 ou 5 km. Rapidement, je me suis rendu compte que j’avais davantage de qualités sur les parcours accidentés que sur le plat. Cela m’a attiré. En 1998, un championnat de France de course de montagne s’est déroulé à 20 km de chez moi. Deux athlètes de mon club sélectionnés m’ont mis le pied à l’étrier. L’année suivante, en junior 2, mieux préparé, j’ai gagné ma sélection. J’ai fini 4e Français et ils en prenaient 4 ! Cette première victoire fut un point de non retour. Je me suis mis à m’entrainer plus pour être performant dans cette discipline. En parallèle, j’ai découvert le trail qui naissait alors. Depuis, cette discipline cousine de la course en montagne n’a cessé de se développer. »

Quel regard portes-tu sur ta « carrière » et le chemin parcouru… 

 « Cela n’est pas vraiment une carrière car j’ai toujours bossé à côté à temps complet comme moniteur d’auto-école. J’ai toujours mis le sport en avant, mais jamais de manière professionnelle. C’est disons pour moi un « loisir ++ ». Bien sûr, je suis fier d’en d’être arrivé là. En minimisant l’entraînement par rapport à certains membres de l’équipe de France, j’arrive quand même à faire des résultats intéressants, tout en gardant un juste équilibre entre vie professionnelle, familiale et entraînement. »

La passion est intacte depuis tout ce temps ? 

« Oui, je me fais toujours plaisir et j’arrive à progresser. Adapter mon alimentation pour privilégier la filière lipidique à la filière glucidique m’a par exemple permis d’être plus économe et d’aller sur des efforts plus longs depuis 4 ans. J’ai réussi à passer des caps. On apprend encore après vingt ans de pratique ! Et développer ses qualités, cela donne envie de continuer ! »

©Peignée Verticale

Quels grands souvenirs dans le rétroviseur ? 

« Mon souvenir le plus marquant, c’est ma première sélection en équipe de France de course de montagne en 1999 en junior. Y’en a eu 20 autres derrière mais cette première à 19 ans, le maillot bleu-blanc-rouge sur le dos, c’était comme un rêve. Ma victoire sur le SaintéLyon en 2016 fut un cap aussi. Et bien sûr, il y a eu les championnats du monde de trail l’an dernier au Portugal. C’était ma première sélection sur un format type marathon qui me correspondait. J’ai fait une belle performance individuelle et nous avons gagné le titre par équipe. »

Ton terrain de jeu, ce sont les Monts du Lyonnais. La SaintéLyon, c’est ta course phare ? 

« C’est en tout cas la course où je me suis le plus acharné. J’y ai participé une bonne dizaine de fois dont 5 ou 6 en solo. L’épreuve me tient à cœur car j’habite dans la région depuis toujours. Je l’ai tenté en 2010 sans la terminer. J’ai longtemps buté dessus car je n’étais pas prêt. Ma première victoire en 2016 a été un aboutissement. »

En temps normal, une semaine type d’entraînement cela donne quoi ?  

« D’habitude, entre 8 et 12 h par semaine en six entraînements. Pendant le confinement, j’ai tourné à 5 ou 6 h, en alternant footing et home trainer. Ma femme travaillait, je gardais mes deux filles, m’entraîner davantage, c’était compliqué. »

Comment vis-tu le fait de ne pas avoir d’objectif en vue ? 

« Je ne vais pas le cacher, j’aime les dossards. Je fais d’habitude une vingtaine de compétitions par an, c’est une source de motivation pour moi. J’aime bien mesurer le bénéfice de l’entraînement sur des compétitions. J’avais prévu les 80km de l’EcoTrail, reporté début octobre, puis la 6000D annulée ainsi que deux courses du TTN court. J’envisageais une sélection en équipe de France mais je ne sais pas si les championnats du monde auront lieu en novembre. Pour l’instant tout est en pointillé… »

©DR

Entre le trail « court » et le « long », une préférence ? 

« J’aime tout, du cross de 15 minutes au trail de 80 km.  Les longues distances, je préfère les courir que les préparer. Les sorties de plus 3h, cela ne me botte pas trop, en revanche, j’adore la stratégie du jour J. La gestion de l’allure, la gestion des ravitaillements, le fait de bien connaître son corps. A la base, je suis plutôt un coureur de court. Je suis longtemps resté sur des courses de 2 ou 3h. Au-delà, cela ne passait pas car mon organisme était habitué aux efforts courts, utilisant la filière glucidique. J’ai adapté mon alimentation pour développer la filière lipidique, cela m’a aidé pour allonger la durée des efforts à 5 ou 6 heures. »

Et l’ultra au-delà de 80 km ? 

« C’est moins ma tasse de thé. J’aime bien quand ça court, assez vite encore. Je suis issu de la culture athlé. Je me cantonne à 70-80 km, c’est un peu ma limite. Je ne dis pas que je ne serai pas capable de faire plus, mais je n’ai pas forcément envie de le préparer. A l’entraînement, un gros ultra type UTMB, c’est chronophage, énergivore, potentiellement source de blessures sur le plan articulaire et tendineux. Quitte à passer 25h ou plus en montagne, je préfèrerai le faire mode rando-bivouac. »

Côté « matos », quels sont tes derniers coups de cœur ?


« D’une manière générale, je privilégie les marques françaises. Hoka, qui m’équipe depuis 4 ans, appartient désormais à un groupe international mais garde un bureau d’innovation à Annecy. Plus récemment, j’ai découvert les lacets en silicone Gorilla, une nouvelle marque implantée à 15 km de chez moi. J’ai le pied fin et je serrais trop fort mes lacets. Du coup, je ressentais des fourmillements, une perte de sensibilité aux orteils. Je n’ai plus ce souci avec ces nouveaux lacets qui s’adaptent aux pieds sans points de pression. C’est ce qu’il me fallait ! »