Le combat de Cécile : « le cancer ne m’aura pas ! »
Pour clôturer octobre rose, mois dédié à la lutte contre le cancer du sein, partageons le témoignage de Cécile qui a bouclé un half-ironman et un marathon après un an de chimio et de radiothérapie.
En février 2021, la vie de Cécile Giuge, marathonienne de 46 ans, bascule. Cancer du sein. « Cela a été une énorme claque. On ne s’attend jamais à ça. Je suis sportive, je ne bois qu’occasionnellement, je ne fume pas. Alors on se demande pourquoi moi, est ce que j’ai fait quelque chose pour mériter ce cancer », raconte cette Niçoise.
Après une mastectomie, sa chimiothérapie dure six mois, suivie par trois mois de radiothérapie à raison de cinq jours par semaine. Bien sûr, de lourds effets secondaires et une grosse fatigue générale.
Encaisser et repartir de zéro
Malgré cela, Cécile, comme pour mieux se battre, reste active. Natation, vélo, marche, à petite dose, en fonction de ses forces.
« Après les six mois de chimiothérapie, en septembre 2021 j’ai repris plus régulièrement la course pied avec l’aide bienveillante d’un ami coach Stephan Lecaplain. Je reprenais à zéro, en alternant course trottinée et marche sur 4 km. Et j’étais au bout de ma vie ! Puis en janvier 2022, j’ai fait un 10 km en 54’. Un exploit pour moi. Loin de mes 46’ en 2019 mais quelle fierté de courir 10km non stop après ma chimiothérapie et ma radiothérapie. »
Pendant cette année de traitement, la course à pied l’aide beaucoup. Moralement. « Ce n’était pas évident, car j’étais bien affaiblie. Je me forçais pour me prouver que je pouvais le faire. J’en veux au cancer de m’avoir diminuée ainsi. Surtout qu’avec ce cancer j’ai pris des kilos et je le ressens. Ce n’est pas non plus évident à accepter », confie la coureuse.
Cécile prend désormais un cachet de Taximofene, un traitement qui durera cinq ans. Lui aussi avec des effets secondaires à encaisser. Douleurs musculaires, grosse fatigue, nausées,manque de force et parfois, un moral au fond des chaussettes… Malgré cela, encore, le goût du challenge l’anime.
Un half-ironman pour mettre le cancer derrière moi
En mai dernier, Cécile a bouclé le half ironman d’Aix. Un report suite à la pandémie de 2020. L’occasion pour la coureuse de mettre son cancer derrière elle. « Les entrainements n’ont pas été simples. Heureusement mon ami coach Stephan Lecaplain qui a été ultra bienveillant, en s’adaptant à mon état de fatigue.«
« Le jour J, cela a été beaucoup d’émotions. De l’angoisse aussi. Heureusement les amis de mon club de triathlon US Cagnes Triathlon, étaient là. Ils ont fait en sorte que mon départ se passe bien. Sur la partie natation, je n’étais pas au top car j’ai paniqué. Sur le vélo, discipline où je me sens le mieux, j’ai pris du plaisir. J’ai pris conscience de tout ce que j’avais traversé avec le cancer. De la chance de pouvoir être là, à rouler.
Pour la course à pied, je savais que ce serait plus dur. Mon entrainement était très juste. En plus, il faisait plus de 30°C, j’ai clairement souffert. J’ai pensé abandonner car je ne voyais pas la fin des 3 tours. Mais dans ma tête j’étais là pour franchir cette ligne d’arrivée et dire ‘non le cancer ne m’aura pas’. Donc j’ai couru/ marché sans rien lâcher.
Puis à 2km de l’arrivée, je me suis mise à pleurer sans pouvoir m’arrêter. C’était tellement intense. D’ailleurs pour la petite histoire j’ai eu deux médailles ce jour là. Le bénévole a cru, comme je pleurais, que j’étais blessée. Je lui ai raconté mon histoire. Il m’a tendu une deuxième médaille, celle-là pour mon combat sur le cancer du sein. » raconte l’heureuse finisher. Quelle fierté. Quelle revanche cinq mois après la fin de ses traitements ! Avec un beau chrono en prime, en 6h26, sur un half ironman réputé exigeant.
« Me dire que j’étais vivante »
En bonne compétitrice, Cécile a enchaîné avec le marathon de Chicago bouclé le 8 octobre dernier. « Je le connaissais ce marathon de Chicago car c’est qu’en 2019 que j’ai fait mon record personnel en 3h39. Cette année j’en suis loin, en 4h19. Bien sûr, j’ai été déçue de ne pas être aussi performante qu’avant le cancer, à mon petit niveau. Mais à partir du 25e km, où j’ai eu des crampes et une grosse fatigue, j’ai pris le parti d’alterner marche-course et de « kiffer » au maximum l’ambiance. Le dynamisme de la foule m’a portée.
Avec mon t shirt ‘I’m a fighter cancer’, j’ai reçu beaucoup d’encouragements du public comme des coureurs » raconte la marathonienne. Cet enchaînement half ironman en mai et marathon en octobre a été très dur pour mon corps, je le sais. Les médecins disent en général que l’on commence à se sentir mieux trois ans après la fin des traitements. Mais je ne le regrette pas. J’avais besoin de me prouver que j’étais capable de le faire. Me dire que le cancer n’a pas pris le dessus sur moi. Me dire que j’étais vivante. »
Si cette femme battante nous a envoyé son témoignage spontanément dans le cadre d’octobre rose, c’est pour donner du courage. « Je veux dire aux personnes touchées par le cancer que le sport est important pour se battre. Chacun à son niveau, chacun selon son état physique et moral. Mais il ne faut rien lâcher, continuer à se battre, même si c’est juste marcher un peu, faire une activité physique, est une clé pour se sortir contre ce foutu cancer. »