Le chanteur Amir heureux finisher du Marathon de New York
Amir a couru son premier marathon à New York entouré d’amis et escorté par l’agence Planet Tours. Le chanteur revient sur cette expérience inoubliable, défi intime vécu en 5h30 et sur sa pratique sportive.
Amir, on te connait chanteur, compositeur et interprète mais pas coureur…Cours-tu depuis longtemps ?
« Pas depuis si longtemps… J’ai commencé sur le tard, après la trentaine lorsque j’ai été embarqué dans mon premier Half Ironman*. »
Tu as donc déjà participé à un Half Ironman ?
« Oui, même trois. Mon premier, c’était au Portugal en 2017. J’ai aussi participé à un semi Ironman en Israël et un autre à Aix-en-Provence, ainsi qu’à plusieurs relais course-natation sur cette distance. En fait, j’en ai vite eu marre du vélo, ce n’est pas fait pour moi. Dans un second temps, quand il me restait que la natation et la course à pied, j’ai trouvé cela beaucoup plus simple d’accès et j’y ai pris goût. »
Quel a été ta meilleure performance sur Half Ironman ?
« C’est simple, tout est nul ! Je suis lent. Mon objectif est de franchir la ligne d’arrivée. Je n’ai aucune ambition de faire des performances. Je pars de tellement loin qu’à partir du moment où j’arrive à tenir jusqu’au bout, je suis déjà bien content. Je ne vais pas en plus m’ajouter la contrainte d’aller vite (rires). C’est mon mode opératoire. Et je me dis quelque part que quand on n’est pas des plus rapides, l’épreuve est plus longue, cela a aussi son prix car ce n’est pas forcément plus facile. »
Le sport est une passion pour toi ?
« Non, le sport en général n’est pas une passion. Je trouve juste ça génial, en parallèle d’être un père de famille, d’avoir une carrière active, de pouvoir trouver le temps de penser à mon bien-être, au dépassement de soi au travers d’épreuves sportives insolites. C’est un privilège dont j’essaie de profiter le plus possible. Tout reste raisonnable bien sûr. Je ne veux pas dédier ma vie à quelque chose qui n’est pas prioritaire pour moi. Mais c’est très important pour mon équilibre global. J’exerce un métier où tout est presque hors du commun, avec des émotions exacerbées. Le sport ramène au sol tout de suite, vous fait comprendre vos limites et c’est essentiel. »
Tu pratiques donc aussi la natation ?
« J’ai beaucoup nagé en préparant une pièce de théâtre** où j’incarne un nageur. Je me suis entrainé avec un champion de natation pendant des mois car j’avais besoin de connaître les sensations physiques du personnage que j’allais interpréter, une première pour moi. Une fois cet objectif atteint, je me suis focalisé sur la course à pied. »
Amir, qu’est-ce qui t’a décidé à te lancer sur marathon ?
« Il y a un an, en voyant la joie sur le visage d’un pote qui rentrait du Marathon de New York, cela m’a donné envie. Dans l’inconscient collectif New York c’est un peu La Mecque des marathons. J’ai eu très envie de le vivre une fois dans ma vie. Et j’ai trouvé cela merveilleux de pouvoir y aller avec un groupe de copains et mes enfants qui sont venus m’encourager. C’est une expérience inoubliable. »
Depuis 2017, tu cours donc régulièrement ?
« Plus ou moins. Je le fais au gré des compétitions auxquelles je m’inscris. C’est toujours un rendez-vous qui déclenche les choses. Le fait d’avoir un objectif, souvent partagé avec des copains me met dans un état d’esprit où le sport devient une activité assez quotidienne. Depuis 2017, on peut dire que globalement, j’ai toujours eu un dossard à honorer chaque année. »
A quelles courses as-tu participé par le passé ?
« En course à pied, j’avais participé au 10 km de Montpellier et au semi-marathon de Tel Aviv. »
A quoi t’attendais-tu sur ce marathon de New York ?
« Je ne m’attendais à rien en revanche je pensais que c’était New York, la ville, les gratte-ciels qui faisait la beauté de ce marathon, mais en fait ce sont les New-Yorkais qui dégagent une énergie folle. Tout du long, les trottoirs sont remplis comme un stade. C’est un peu comme la dernière partie du Tour de France mais sur 42 kilomètres ! »
Physiquement, comment as-tu vécu ce premier marathon ?
« Non sans difficultés, surtout sur les douze derniers kilomètres. Les trente premiers étaient plus ou moins maîtrisés et puis j’ai tout lâché sur la fin. Je n’en pouvais plus. En même temps, j’étais face à moi-même, face à un défi à accomplir à tout prix, parce que je m’étais engagé envers moi-même à le faire. Même si c’était dur, cela valait le coup d’être vécu. Je suis fier d’être allé au bout. On sort grandi de ces expériences ! »
A quoi as-tu pensé en franchissant la ligne d’arrivée dans Central Park ?
« A un tas de choses, en grande partie personnelles. Évidemment, une sensation de soulagement, et cette phrase qui résonne fort dans la tête « Je suis marathonien ! ». C’est complètement fou à mes yeux car dans mes ambitions de vie, il n’y a jamais eu l’idée de pouvoir courir un jour 42 kilomètres. Pourtant c’est désormais la réalité. Quand je me regarde dans la glace maintenant je me dis : « mec, tu as été capable de le faire. Tu peux croire en toi-même, en les choses les plus folles ». C’est une fierté intime. L’impact de ce marathon est plus intérieur que je ne le laisse paraître avec cet échange. Je l’ai fait pour moi, pas pour le clamer haut et fort mais j’ai juste envie de partager ce message : tout est possible si l’on se donne le temps et si l’on se bat pour y arriver. »
Es-tu allé au bout de toi-même sur ce marathon ?
« Clairement, oui, c’était un degré d’épuisement que je n’avais pas connu auparavant, même lors de mes Half Ironman. Du fait de l’alternance des trois disciplines, natation, vélo et course, en triathlon, on est protégé du phénomène de sur-usure. Là, courir 42 kilomètres a sollicité toutes les parties de mon corps, deux fois plus que jusqu’alors. »
Est-ce que cela te donne envie de courir d’autres marathons ?
« Je ne sais pas pourquoi mais malgré la souffrance, mon pressentiment, c’est que ce ne sera pas mon dernier marathon. Je ne sais pas quand et ni où, ni si j’y arriverai, et c’est toute la beauté de la chose. Rien ne presse en tout cas… »
As-tu d’autres défis sportifs en tête ?
« Des tonnes ! Heureusement que je suis toujours animé par des nouveaux challenges. J’en parle très peu, je préfère parler des choses lorsqu’elles sont concrètes mais j’ai beaucoup d’idées, d’envies et de choses qui se profilent. »
On te reverra alors un dossard sur la poitrine ?
« Oui je n’en doute pas ! »
*1,9 km de natation, 90 km et vélo et 21.1 km de course à pied.
**Après 80 représentations à Paris, la pièce de théâtre Sélectionné part quatre mois en tournée en France. Amir Haddad incarne Alfred Nakache, et retrace son incroyable destin. Gamin de Constantine, Toulousain d’adoption, il fut le meilleur nageur français des années 1940. Déporté, il a nagé dans les bassins insalubres du camp d’Auschwitz dont sa femme et sa fille ne sont jamais revenues. En leur mémoire, ce survivant de l’horreur s’est relevé et a repris la compétition jusqu’à récupérer son titre de Champion de France et représenter à nouveau son pays aux Jeux Olympiques.