Jean-Louis Vidal, le rouleau compresseur
À 63 ans, Jean-Louis Vidal a trouvé sa seconde jeunesse dans les courses d’ultra. Dans cette spécialité, rien ou presque ne lui résiste. Pas même l’effrayante ‘‘Jogle’’. Nous profitons de la sortie de son livre dédié à cet univers pour repartager ici un portrait paru dans un précédent numéro de Running Attitude.
Portrait réalisé par Julien Bigorne, paru dans Running Attitude 192, en octobre 2018.
A lire. Jean-Louis Vidal vient de publier un livre, « Les courses d’ultra faciles » aux éditions Jacques Flament. Ce livre donne des conseils aux coureurs qui veulent tenter l’aventure de l’ultrafond pour revisiter leur foulée ; comprendre les six principes fondamentaux de la préparation ; établir une stratégie de course.
« Plus c’est long, plus c’est bon ! » Sur les courses d’ultra, lorsque la plupart des concurrents jettent l’éponge ou commencent à marcher en canard, Jean-Louis Vidal, 62 ans, apparaît frais comme un gardon, dans la position du chasseur d’hommes de tête. En l’espace de huit ans, le résidant de Juziers, dans les Yvelines, a appris à trouver son «régime permanent» (comprenez la bonne allure sans puiser dans ses réserves) pour être capable de réaliser des «negatives splits» sur des épreuves à étapes de trois semaines et plus de 1 000 km. Cette capacité, défiant la logique, lui permet de devancer des rivaux bien plus jeunes. «En 2016, la célèbre TransGaule (1 190 km en 19 jours, de la Manche à la Méditerranée) a été un révélateur. Durant la première semaine, j’ai évolué à 9 km/h. Puis, je suis monté en régime jusqu’aux 11,5 km/h de moyenne. J’ai gagné 5 étapes et terminé 3e au scratch», raconte le sociétaire de l’As Issou. Rebelote en 2017 sur la DeutschlandLauf, la traversée de l’Allemagne sur 1 325 km de la frontière danoise au sommet bavarois du Zugspitze. Au bout de 4 jours de course, le Francilien accuse 6h de retard sur le leader. Mais il ne panique pas. Le ‘‘rouleau compresseur’’ se met alors en marche, ses rivaux plafonnent et il finit 3e.
2h28 au marathon
Sa recette ? «Je m’entraîne à allure très modérée tous les jours entre 6 et 30 km, ce qui m’habitue à courir à l’économie», débute-t-il. «À côté de ça, j’ai un profil de coureur rapide. En 1987, j’ai bouclé le marathon de l’Essonne en 2h28, des 5 000 m en 14’30 et participé à l’Hexadrome (le Tour de France en course à pied) dans la même équipe qu’Alex Gonzalez (3 fois sélectionné aux Jo). L’an dernier, j’étais encore capable d’aligner des 500 m à 20 km/h et de finir sur le podium des Championnats de France vétérans en salle (2e en 60-64 ans sur 3 000 m et 3e sur 1 500 m). Ma pointe de vitesse reste l’un de mes atouts», souligne le natif de Paris 14e. Ses performances en ultra fond sont aussi le résultat d’une certaine fraîcheur.
«Mon physique n’a pas été abîmé par des décennies de compétition. J’ai connu des périodes ‘‘off’’ de 10-15 ans. Au collège, j’ai remporté des cross scolaires qui m’ont donné goût à l’athlé. Puis, j’ai privilégié des études d’ingénieur à Centrale-Supélec. J’ai repris à 25 ans pour me tourner vers le marathon. J’en ai disputé dix entre 1981 et 1995, avant d’arrêter de courir jusqu’en 2009 pour diriger mon entreprise de consultant informatique», rappelle l’athlète, qui découvrit l’ultra en 2010 grâce à Lucien Leroux, un ami spécialiste des 24h.
Mental d’acier
Son mental d’acier et la connaissance de son corps en ont fait une référence française. Sur Six-Jours d’abord. «En 2016, j’ai terminé 2e de celui de Privas…en m’arrêtant 44 heures mais en finissant très fort (154 km le dernier jour)», précise l’ultraman, qui devint, en avril dernier, le 10e coureur en dix éditions à finir l’effrayante ‘‘Jogle’’. «C’est la traversée de la Grande-Bretagne du nord au sud, de John O’Groats (Jog) au Lands End (le). 1 380 km en deux semaines, à raison de 90 km quotidiens, sous des vents violents, un froid constant et des pluies diluviennes», dévoile Jean-Louis, qui vivra une nouvelle expérience mémorable le 28 septembre. Il sera l’un des 14 Français sur 400 athlètes à participer le Spartathlon, la course de 246 km entre Athènes et Sparte qui suit le chemin de l’illustre Philippidès. Mythique.