J’ai testé la nourriture lyophilisée

Initialement, ces rations Lyophilise and co étaient prévues pour mon Marathon des Sables d’avril, reporté en septembre. J’ai testé ces repas durant la première semaine de confinement.  

Par Sandrine-Nail-Billaud

OK, vous vous dites que j’aurai pu faire des courses et anticiper et vous avez raison, oui mais voilà je suis professionnel de santé, de garde une nuit sur trois et franchement moi qui, d’habitude, suis capable de tenir un siège avec mes boites de conserve que je rachète d’une fois sur l’autre sans vérifier qu’il m’en reste, et bien là, je me suis trouvée démunie. Et puis, comme beaucoup d’entre vous, j’ai ruminé les annulations en série qui arrivaient chaque jour pour les différentes courses du calendrier de mars, puis d’avril. La mienne, c’était le Marathon des Sables. Un rêve de gamine, depuis toujours… J’avais participé l’année dernière, en 2019, pour le magazine à la première étape. Deux nuits en bivouac, 32 km dans le désert et paf au moment où tu commences à te prendre au jeu, retour à Paris pour le salon du running et le marathon le dimanche suivant en meneuse d’allure… J’ai eu une folle envie de retourner dans le grand bac à sable, pour vivre le MDS, le vrai, en 250 km, six étapes et en totale autonomie. Côté nutrition, il faut justifier de 2000 calories au minimum chaque jour.

2000 calories par jour

Comme tous les participants, je me suis demandée, qu’est-ce que je vais manger ? Je me suis tournée vers Lyophilise and co, entreprise française et leader dans la distribution des aliments lyophilisés pour course à étapes. Tout ça avec l’aide de mon précieux fichier Excel donnant poids du produit sans l’emballage et les calories. Le lyophilisé, c’est de la nourriture sans l’eau mais pas juste déshydratée, car cela ne se conserverait alors pas assez longtemps. La lyophilisation, c’est un processus de dessiccation sous vide à basse température de produits préalablement congelés. C’est-à-dire que c’est une élimination progressive de l’eau du produit préalablement congelé (phase solide) par passage à la phase vapeur, sans passer par la phase liquide. Ce changement d’état s’appelle la sublimation. Cela donne un produit avec moins de 5% d’eau résiduelle jusqu’à moins de 1% pour les lyophilisateurs très performants – fin de l’enseignement scolaire à domicile.

A peine 48h après – l’équipe de Lyophilise and co fait presto – je recevais un énorme colis. Tout pour tenir six jours dans le désert, petit déjeuner, déjeuner, diner, compotes, soupe, barres et autres douceurs à manger pendant la course. Raisonnable, je ne me suis pas jetée pas sur la première barre coco venue (une tuerie, je vous le dis) et je remisais tout ça me promettant de m’attaquer au déconditionnement puis reconditionnement en petit sachet sous vide avec étiquette indicatrice dessus, un peu plus tard. La suite, vous la connaissez : report de l’épreuve en septembre… Je rangeais donc mon carton dans une armoire en ayant pris soin de vérifier que les dates de préemption étaient OK, pas de souci, tout pouvait même attendre le MDS 2021.

Puis ce virus est venu mettre son grain de sel. Confinement annoncé le 16 mars et pas grand chose dans mes placards. D’un coup, tilt, je me suis dit que l’occasion était bonne pour tester cette gamme lyophilisée, sans sable chaud, sans tente berbère certes, mais tout de même un peu en mode « survie ».

Muesli, couscous et macaroni

Le lundi. Le matin un délicieux Granola framboise grand format. Bon, 800 calories pour ce petit dej. Il va falloir que j’en fasse des tours d’escaliers pour éliminer ça ensuite ! En même temps je continue à aller travailler à l’hôpital à vélo – électrique, ok – mais je coupe l’assistance. Cela se mange chaud ou froid. Je teste le froid. Je mets trop d’eau, mais c’est bon, avec des framboises (presque) aussi bonnes que celles que je mangeais en cachette dans le jardin de ma grand-mère. A midi : taboulé, c’est ce qui est le plus pratique en course mais c’est aussi très bien vu l’activité intense dans mon service. Un peu d’eau froide, 10 minutes d’attente et go. Même pas faim avant 17h. Bon en réalité, j’ai’aussi mangé dans la matinée et l’après midi le saucisson sec, les amandes, la dinde séchée, la barre de nougat, les bananes sechées et la barre de céréales. Ben oui c’était prévu comme ça pour le jour 1. Le soir : soupe puis le plat du soir, le meilleur de la journée: colombo de poulet et riz de la marque française MX3 ! Et si on a prévu d’avoir des dosettes de sel avec soi, alors c’est juste parfait, réconfortant et hop au lit à 20h30, comme dans le désert.

Le mardi. Réveil à 5h30. Je vous donne encore le déroulé de ma journée du mardi mais après cela risque d’être lourd et répétitif donc je passerais jusqu’au jeudi soir. Au petit déjeuner, un muesli chocolat avec l’eau chaude et le chocolat qui fond, c’est parfait sauf le gros grumeau, mais la prochaine fois je mélangerais mieux. Au déjeuner, pour changer, du taboulé et dans le package prévu, à peu près la même chose : saucisson, amandes, bananes mais pas de barres de céréales, à la place l’addictive barre coco. Dans l’après-midi, j’ai prise une petite compote. Le soir, une soupe encore. Et cela tombe bien car j’ai coupé le chauffage chez moi. Puis, un délicieux couscous poulet de chez Mx3 qui lui aussi méritera son petit sachet de sel, surtout si l’on est en condition MDS, et que la déshydratation guette.

Puis arrive le jeudi soir. Normalement, le jeudi soir, c’est la fin de l’étape longue et donc repas de fête avec bien sûr, le matin et le midi à peu près comme d’habitude. Bon cette foi-ci je n’ai pas mangé toute la quantité de barres et gels énergétiques, viande séchée etc. C’était censé être une épreuve de 80 km– je n’aurais jamais fini les 80 ou 90 km le jeudi soir mais plutôt dans la nuit ou le vendredi matin mais pas grave –  et donc le soir, une double ration de macaroni au fromage. Un plat de rêve. Avec compote et pudding à la vanille au dessert… de quoi passer une bonne nuit.

Bilan des courses…

Au final : c’est définitivement très bon dans l’ensemble. On retiendra : mettre la quantité d’eau préconisée et pas plus (sinon c’est dégoutant) et surtout bien mélanger, un détail primordial, sinon on se retrouve par exemple avec de gros grumeaux dans la popote et ce n’est pas bon en bouche. Après 6 jours : pas de lassitude constatée mais en même temps chaque repas est en lui-même une aventure : mettre la bonne quantité d’eau, touiller, ne rien renverser et manger sans se brûler en ayant attendu la bonne durée. La fourchette ours c’est bien mais pas facile pour racler sur les bords. La meilleure option : les doigts pour saucer et ne rien gaspiller. C’est très nourrissant et je ne suis pas sure que les tours courus sur mon balcon quotidiennement, mes déplacements à vélo et mes 4 étages d’escaliers aient la même valeur de dépense physique que 250 km dans le désert mais j’ai aussi gardé une activité professionnelle intense et je peux vous assurer que l’aligot en plein service de garde à l’hôpital en a fait saliver plus d’un !

Suite à cette semaine, je n’ai pas perdu ni pris de poids (c’est déjà ça…) mais j’ai ressenti un énorme manque de légumes verts, fruits frais, yaourt, sans parler d’un petit verre de vin rouge, d’un éclair au chocolat et d’une glace à la fraise… C’est sur ce sont des rations de course, de survie pour certains mais franchement, je termine la semaine en forme, contente quand même de retrouver une alimentation normale à défaut d’un arrêt du confinement. Je sais désormais ce qui m’attend pour le MDS du 18 au 28 septembre. Allo, Lyophilise and co, vous pourriez me remettre la même chose ?