J’ai découvert le drop 0 avec Altra

passer au drop 0, mode d'emploi

Il était temps que mes mollets découvrent le drop 0 sur la route mais aussi en trail. Que de mieux que la marque Altra, leader dans le drop très faible, pour tester ce nouveau mode de course « à plat » ?

Le drop, tout le monde en parle mais savez-vous au juste ce que cela signifie ? C’est tout simplement la différence de hauteur entre l’arrière et l’avant d’une chaussure. Aussi, perchée sur des talons, le drop est très haut car l’arrière de la chaussure est nettement surélevé par rapport à l‘avant. Mais à plat dans une paire de tongues, le drop est nul puisque l’avant du pied et le talon sont au même niveau.

Du drop élevé au drop 0

En course à pied, le drop moyen constaté sur les chaussures est de 10 à 12 mm. C’est l’évolution des chaussures au cours de ces dernières décennies qui a eu tendance à augmenter l’épaisseur au niveau du talon.

L’argument généralement avancé par les marques ? La protection face aux blessures par des amortis et des drops de plus en plus importants. Mais finalement ce n’est pas si évident. Car on s’est rendus compte que ces ajouts de drop et de techniques stabilisatrices avaient peut-être eu pour conséquencs de modifier notre biomécanique de course naturelle. Et donc l’attaque talon qui concerne aujourd’hui la majorité des coureurs (chiffre avancé de +80%) serait peut-être en partie la conséquence du port ces chaussures « maximalistes » avec des drops importants.

Alors bien sûr, le drop étant présent dans la plupart des chaussures du quotidien, le corps s’est habitué. Et c’est d’ailleurs sans doute pour cette raison que le passage à un drop faible ou nul est un peu difficile et souvent douloureux !

On ne talonne pas avec une paire zéro drop ! ©Altra

Comment passer au drop 0 en toute sécurité ?

Premier exercice requis : courir pieds nus dans le sable ou dans l’herbe. Ainsi, vous remarquerez tout de suite que quelle que soit votre foulée, une fois pieds nus, c’est sur l’avant-pied ou le médio-pied que vous courrez et non sur le talon. Cette première constatation suggère donc qu’un drop bas va inciter à courir sur l’avant-pied ou le médio-pied. Mais pas de miracle, un drop ne modifie en aucun cas une foulée à lui tout seul. Cela va juste vous inciter à courir d’une autre manière.

Toute la chaine postérieure qui va être sollicitée par un changement de drop : mollet, tendon d’Achille et aponévrose plantaire. Il convient donc d’y aller doucement dans un premier temps. On recommande de commencer par réduire le drop à 4 mm par exemple ou encore de partager les entrainements en deux temps. On peut ainsi faire un échauffement avec les chaussures à drop 0 puis la séance spécifique avec les chaussures habituelles.

 Quel est l’avantage de passer à un drop 0 ?

Le plus gros avantage est de se rapprocher de la position pied nu et d’une biomécanique naturelle. En mettant votre pied à plat, vous êtes en accord avec votre biomécanique. Car votre anatomie n’est initialement pas faite pour courir sur les talons.

Une fois bien adapté au drop 0, vous allez favoriser tout le renforcement de la chaine postérieure qui est ultra importante pour la pratique de la course à pied. Si en plus d’un drop faible, vous utilisez des chaussures minimalistes, vous allez également renforcer toute la musculature intrinsèque du pied.

Drop 0 ne veut pas dire pas d’amorti !

Mais alors un drop 0, c’est la même chose qu’une chaussure minimaliste ?

Alors non, pas du tout car la chaussure minimaliste est une chaussure qui se rapproche le plus possible du pied nu. C’est-à-dire un drop nul bien sûr mais aussi un amorti inexistant (comme les chaussures Five Fingers à 5 doigts par exemple). Alors qu’une chaussure à drop 0 peut parfaitement conserver des critères de confort comme amorti, relance, techniques stabilisatrices du pied, dynamisme dans sa conception.

J’ai testé Altra Escalante 3 (route)

Altra Escalante 3, tout confort pour passer au drop 0

La marque américaine Altra est spécialisée dans les chaussures permettant une « foulée plus naturelle ». Elle a sorti la version 3 de son modèle phare pour la route l’escalante.

Il s’agit donc d’une chaussure équipée d’un drop zéro. Il est vendu sous le concept de « Balanced Cushionning », combiné à la « Footshape Toe Box, un avant de la chaussure plus large qui libére le pied et augmente la stabilité. La nouvelle Escalante se veut un peu plus lourde que sa grande sœur l’Escalante 2.5. Le poids annoncé est de 263g (H) / 219g (F) contre 241g (H) / 210g (F). La tige a elle été revue afin de maximiser le confort et la respirabilité.

La chaussure a une hauteur de 24 mm. L’empeigne propose toujours un minimum de coutures, notamment sur l’avant, afin de favoriser la souplesse et le confort. Et c’est franchement très appréciable quand on a tendance à avoir ces fameux pieds à ampoules.

A l’essai sur route, la première surprise vient d’une certaine rigidité de la tige arrière. Mais surtout le modèle est très stable et bien sûr aucun déséquilibre lié à la présence d’un drop, vu qu’il n’y en a pas !

Bon il faut passer au-delà de la vision de ces pieds vu d’au-dessus avec notamment cette impression de largesse oversize et de légère déformation sur l’avant. Mais on s’y habitue très vite.

Altra Escalante 3, confort, amorti, stabilité

Aux premières foulées c’est l’amorti, le confort du chaussant qui sont très impressionnants. Mais que c’est dur de relancer ! Et surtout ça tire très très dur dans les mollets… A tel point que le premier essai s’arrêtera au bout de 3km avec l’impression d’avoir l’arrière de la jambe passée sous un rouleau compresseur.

Massage manuel, rouleau de massage, pistolet de massage… j’aurais épuisé tout ce qui était en ma possession pour tenter de récupérer ma chaine postérieure après les premières séances. Mais au final, en augmentant progressivement les distances, je me rends compte que quand je reprends mes chaussures « classiques » je me sens plus à l’aise, voire plus reposée dans ma foulée. Et bonus non négligeable, les ischios, les mollets se sont redessinés différemment.

Aussi après ce premier essai sur toute il me tardait de voir l’effet d’un drop 0 avec une chaussure de trail…

Altra Olympus 5, le drop 0 tout confort pour trails courts sur terrains peu techniques.

J’ai testé l’Altra Olympus 5 (trail)

Avec 33 mm de hauteur de la semelle, cette Altra Olympus 5 est la plus haute de la marque. Cette hauteur implique une certaine rigidité, compensée par le confort de l’amorti. Le Vibram Megagrip qui compose la semelle extérieure lui offre la durabilité nécessaire pour accumuler les kilomètres

Concernant cette semelle on est tout de suite séduit par l’amorti et le confort qu’elle produit alors que la chaussure pourrait paraître minimaliste. Mais c’est cependant la paire la plus amortie de la gamme chez Altra. Elle se destine aux longues distances en trail.

Pour rappel, cette chaussure comme toute Altra possède un drop 0 et toujours cette même toebox large à l’avant du pied.

Du confort sur trails peu techniques

Cependant, l’Altra Olympus 5 a été conçue pour des sentiers modérément techniques. Ses crampons de 4 mm ne lui offrant pas l’accroche nécessaire en cas de boue ou de neige trop importante. Sur un parcours de 40km boueux, j’ai trouvé une chaussure qui accrochait très bien et qui s’en sortait parfaitement pour m’empêcher de glisser en descente ! g

D’un point de vue technique, l’Altra Olympus 5 est une version légèrement revisitée du modèle précédent. Le véritable changement se situe au niveau de la tige. Celle-ci a été retravaillé pour apporter plus de confort et de maintien et elle monte assez haut le long du tendon d’Achille.

A quoi cela peut servir ? Plus de confort ? Facilité d’enfilage ? En fait cela m’a posé souci car j’aime bien quand je déroule le pied ne rien sentir qui touche sur le tendon d’Achille. Toujours pour éviter ces fameux frottements. Mais finalement, j’ai trouvé cela assez confortable. Cela confère encore plus d’effet cocoon à la paire, genre « charentaise ».

Altra Olympus 5, le drop 0 tout confort pour trails courts sur terrains peu techniques.
Altra Olympus 5, édition spéciale Chamonix.

Drop 0 et mes mollets alors  ?

Et bien bizarrement cet effet drop 0 est beaucoup moins pesant pour la chaine musculaire postérieure en trail que sur route. Peut être est-ce dû à la variabilité des appuis en trail, différente de la foulée répétitive en course à pied ?

Mais il m’a semblé m’être adaptée très vite à ce modèle sur une distance de 40km en trail. Ce que je ne vous dis pas, c’est que le lendemain de ce trail, quand même, mes mollets ont protesté pendant 48h. A ne plus pouvoir descendre ni monter des escaliers, une vraie démarche de canard… Mais à force de les utiliser ces douleurs post-course ont progressivement disparues.

Au final cette chaussure est réellement destinée aux sorties très longues de par son confort, plutôt par temps secs. Attention au laçage, il n’est pas toujours évident de trouver le bon serrage et/ou position des lacets pour bien serrer le pied. 

Alors vous aussi vous voulez passer en drop 0 ? Une seule consigne, allez-y très progressivement. Vos muscles de la chaine postérieure de vos jambes vous en seront reconnaissants. Et vous éviterez de vous blesser en faisant d’emblée des longues sorties en drop 0.