« J’ai couru Marseille-Cassis »
Parmi les 12 656 finishers de la 42e édition de Marseille-Cassis, Sandrine. Elle raconte ces 20 km mythique via le col de la Gineste sous les rafales de mistral.
8h30, top départ sur le Boulevard Michelet. Après les élites et les sas-1h20, -1h30 et -1h45, le flot des coureurs, qui sont dans le sas grand public, s’écoule tranquillement. Même par vague cela fait du monde, beaucoup de monde.
On passe le premier kilomètre à slalomer. A régler son allure, à enlever ou pas ses manchons. A se dire qu’il y a du vent et que ça va souffler là-haut…
Km2 et 3 : Le slalom entre les coureurs se fait bien, le peloton s’étire. On en oublierait presque qu’on est déjà sur un faux plat montant. Je jette régulièrement un œil sur le côté pour vérifier que mon amie Muriel est toujours là. Fidèle au poste elle me sourit. Jusqu’ici tout va bien.
A l’assaut de la Gineste
Km 4 et 5 : Le faux-plat grimpe légèrement plus. Certains attaquent le début de cette montée en marchant. Premier ravito : j’attrape une petite bouteille d’eau, j’ai déjà soif et la vraie grimpette nous attend. Passage du km5, je coche la case “1/4 du parcours de fait” dans ma tête.
Km 6 et 7 : On passe le rond-point de Luminy et le gentil faux-plat devient encore un peu plus raide. L’allure baisse un peu, Muriel tient bon en courant. On profite d’un dernier petit replat avant d’arriver au virage qui annonce le début de la vraie montée de la Gineste. Je tourne la tête vers la droite et je vois en face les coureurs qui viennent d’entamer la montée… Je n’aurais pas dû : moi qui déteste les montées, je ne vais pas y couper…
Km7 à 10 : Muriel me dit “Bon ben c’est là que ça commence vraiment ». Je me cale sur son allure, essayant par toutes les techniques possibles de me persuader que c’est facile, que je suis à l’aise… C’était sans compter sur mon dos qui me complique la tâche. Je reçois la douleur comme une information et j’essaie juste de grimper à un bon rythme sans me griller.
Côté vue c’est toujours extraordinaire. Le vent a eu la bonne idée de chasser les nuages gorgés de pluie de la veille. En lieu et place : du soleil pour apprécier le décor. Les kilomètres défilent avec un vent de face propre à décorner les bœufs. Je tente de m’abriter derrière des coureurs plus grands que moi, sans succès… On arrive déjà au dernier virage du col. Je commence à avoir du mal alors que Muriel me dit, « à l’antilope il reste 1 km de montée » (l’antilope, vous savez, sur le panneau de sécurité routière) ; le plus dur est donc fait. Là, ouf, un ravito. Hop une bouteille pour me réhydrater et joie, maintenant, cela descend. Le chrono est anecdotique. On a dit plaisir avant tout !
En descente, avec vue plongeante
Km11 à 15 : le ciel se dégage, le vent semble moins présent. On va pouvoir aussi profiter du panorama redescendant sur Cassis. Muriel part comme une flèche. Même si ça ne me fait sourire, j’ai du mal à encaisser son changement d’allure soudain et mon dos me rappelle très vite à l’ordre. Ok j’allonge mes foulées, genre « naturelle pieds en canard » et ça passe…
Km16 à 18 : Après avoir enchaîné les petites relances bien casses pattes, on attaque la vraie grosse descente sur Cassis. Celle qui fait à la fois plaisir et peut aussi faire très mal si on arrive affaibli. Mais je retrouve la forme et j’ai l’impression de voler. Je profite du cadre et des encouragements du public. On termine ensemble la descente avec Muriel. Notre euphorie se calme bien vite une fois au rond-point de Cassis. Si je ne me souviens plus bien de l’édition courue en 2019, il me semble pourtant que ça va piquer sévère jusqu’à la grande ligne droite finale sur les hauteurs de Cassis.
Une Gineste bis en dessert ?
Km18 à 20 : Où sont mes jambes ? La descente se transforme en plat et je n’ai soudain plus d’énergie. Je dis à Muriel qu’il faut qu’on s’accroche, qu’il ne reste pas grand-chose. Le km19 est terrible. On nous fait grimper de nouveau. Même si c’est juste un faux plat j’ai l’impression qu’on me sert une Gineste bis en guise de dessert. Je ne suis pas la seule. C’est un peu l’hécatombe sur le parcours. Beaucoup, sûrement partis sur de très bonnes bases, marchent. C’est dur mais pas question de lâcher maintenant. Plus qu’un gros kilomètre avant l’arrivée. On se rebooste autant qu’on peut, et le parcours finit miraculeusement par redescendre. On ne lâche plus rien, on se prend la main avec Muriel et c’est sur un sprint drôle et tout tordu, moi devant la tirant que nous passerons la ligne d’arrivée.
L’émotion de l’arrivée d’avoir fini et d’avoir partagé cela ensemble nous fait tomber dans les bras l’une de l’autre, et c’est ensuite le retour en marchant vers les médailles, les consignes, et la longue file d’attente pour monter dans un bus pour revenir vers Marseille.
Alors mythique cette Marseille-Cassis ? Oh que oui ! Il faut l’avoir fait au moins une fois dans sa vie pour comprendre la course et l’envie du dépassement de soi qu’elle provoque ! Mais surtout pouvoir profiter de ces paysages magnifiques et d’une organisation sans faille, c’est important aussi de le souligner.
Le gagnant a bouclé le parcours en 1h01 soit un peu plus de 19km/h en moyenne. Pour nous, c’est plus du double mais le plaisir est sans aucun doute le même !