Half MDS Jordanie : une première de folie
Le Half Marathon des Sables a vécu une première réussie en Jordanie en compagnie de 300 concurrents. Trois étapes au cœur du magnifique désert de Wadi Rum, entre dunes et canyons sculptés par des siècles d’érosion. Sandrine raconte…
Ce Half Marathon Des Sables (HMDS) petit frère du Marathon Des Sables (MDS) se court autonomie totale, en 3 distances 70, 100 ou 120 km à réaliser sur 4 jours en 3 étapes avec un jour de repos après les 2 premières étapes.
Après le Pérou et les Canaries, l’équipe emmenée par le charismatique Cyril Gauthier a mis à l’honneur la Jordanie et le Wadi Rum. Un désert féérique dont les paysages lunaires sont mis à l’honneur dans quelques films comme Lawrence d’Arabie ou la saga Star Wars. Après le Marathon des Sables, je ne pouvais pas rater cette petite nouvelle !
Half MDS Jordanie, du sable bien mou partout…
Etape 1 : 26.8 km et 980m de dénivelé +, 27% de sable, 70% sentier et 3% rocailleux (données du roadbook)
Tout commence après une courte nuit et un réveil à 3h du matin. De l’hotel, sur les bords de la Mer Morte, nous ferons 4h de bus pour rejoindre le départ de cette étape 1. Avec, selon les données du roadbook (reçu la veille), un pourcentage de sable d’environ 28% sur ce parcours.
Comment vous expliquer ? Disons que nous accordons à l’organisation le bénéfice d’une erreur de frappe (!). Car ce fut plutôt une épreuve avec 82% de sable. Et du sable mou, très mou… qui laissera les coureurs, novices comme plus expérimentés épuisés par tout ce sable sur lequel il fut très difficile de progresser. Seul le vainqueur multirécidiviste du Marathon des Sables (9 victoires) Rachid El Morabity et ses collègues en tête auront pu courir à 15km/h en moyenne.
Un bon feu pour se réchauffer
Mais la beauté du site compense bien ces efforts ! Une fois arrivée, c’est la découverte de ses compagnons d’alcôves . En effet, nous sommes logés dans des tentes individuelles regroupées en alcôve de six. Au milieu, un feu bien appréciable quand la nuit tombe. Car oui, il a fait froid la nuit, 10-12 degrés tout au plus alors que les températures frôlaient les 30° en journée.
Je retrouve avec plaisir mon équipe qui participe sous les couleurs de Ultra Sports Science, un fond de dotation dédié à la prévention et aux soins des maladies graves chez les ultra sportifs.
Un repas lyophilisé avalé, matelas (crevé, sic), duvet installé…et c’est l’extinction des feux dès 19h. Demain, c’est l’étape longue qui s’annonce. Je sais déjà que je veux faire la distance de 60km, alors un rechargement des batteries s’impose.
Etape 2 : 62km, 902 D+ et 29% de sable. Réveil à 5h30. Ça pique. MON déroulé/sortie de tente est épique ! C’est donc 62km annoncés avec 902m de D+ et 29% de sable. Cette fois-ci nous sommes vaccinés par l’étape de la veille.
Dès le départ, surprise : c’est roulant et cela fait du bien ! Le premier checkpoint est atteint rapidement (11 km) et c’est au 26ème km que viendra l’heure du choix. 40 ou 62 km.Pour le moment je papote avec un joyeux groupe. Tous à la même allure, en toute convivialité, au milieu de nulle part.
14h pour boucler l’étape longue
Au 26ème km, j’opte pour le 62km, fidèle au défi que je m’étais lancé. Mes jambes suivent, mon dos couine un peu sous le poids du sac. Je suis la seule dans mon groupe à partir vers la gauche. Pas grave… j’avance.
Les deux kilomètres suivants vont très vite me faire regretter mon choix. Du sable, du sable et encore du sable, mou bien entendu. Bientôt, des passages somptueux au creux des canyons rocheux. Je suis comme seule au monde à profiter de ce décor lunaire. Personne à l’horizon, une sensation si rare de nos jours…
C’est déjà le CP3. Je mange un taboulé lyophilisé je repars accompagnée d’une maman et de sa fille partageant l’aventure.
Juste avant le CP4, je retrouve Justine et Julia, deux sœurs et amies déjà croisées sur d’autres aventures. Et que je ne vais plus quitter jusqu’à l’arrivée. Les jambes commencent à être lourdes, le sac pèse encore lourd sur les épaules. C’est en se racontant nos histoires et en fredonnant un refrain inventé pour l’occasion que nous franchissons la ligne d’arrivée du jour.
Il est 22h, nous avons mis 13h59 pour boucler ces 62km ! L’émotion est intense. Les parents de Justine et Julie les attendent de pieds fermes.
Décrocher puis dévaler la dune…
Je m’effondre dans ma tente. Oh oui la journée de repos du lendemain va faire du bien !
Le bivouac s’éveille tranquillement ce matin. Les feux réchauffent les petits déjeuners. Ensuite lessive, yoga, papotage, soins de pieds. Un coca bien frais est offert par l’organisation et un dancing organisé en fin d’après-midi. De quoi tous nous remettre en jambes avant cette dernière nuit dans le désert. Quelle ambiance !
Demain, deux départs. Un à 4h30 du matin pour les plus lents (dont je fais bien sûr partie) et un à 6h30 pour les plus rapides. Cela permettra que l’on finisse en même temps.
Etape 3 : 26.6 km et 733D+. 42% de sable ! Mais cette fois-ci, surprise encore, l’étape se révèlera extrêmement roulante. C’est simple, je n’ai jamais autant couru sur une étape. Surtout, un big up au moral avec la montée d’une dune avant la dévale euphorisante. Les deux talons bien plantés, comme des gamins, on s’élance.
Un tour à Petra pour terminer ce half MDS Jordanie
Au loin, déjà se profile l’arrivée. Je continue de courir, rattrapée depuis bien longtemps par les plus rapides partis plus tard. Je passerais la ligne avec beaucoup d’émotions. Quelques larmes de bonheur en recevant la médaille de finisher, a mes yeux remplis de tous ces paysages hallucinants, entre dunes, rochers et canyons.
Le temps d’enfiler le t-shirt de finisher, nous voilà partis en bus pour la visite de Petra, la merveilleuse, pour clôturer en beauté ce périple.
J’en retiendrais l’extrême bienveillance et gentillesse de l’organisation. Je participais comme « medical patrol », concept qui permet d’intervenir auprès de coureurs qui seraient en difficulté avec un équipement médical minimum présent dans mon sac. Cela m’a notamment permis d’échanger avec de très nombreux participants. Tous comme moi rentrent émerveillé de ces 4 jours passés hors du temps (et hors réseau) dans le Wadi rum, ce désert si vivant.
!