Gynécologie & course à pied
On fait le tour des « questions de femmes » avec le Docteur Guillaume Bagory, gynécologue-obstétricien, spécialisé en chirurgie gynécologique et mammaire à Angers.
Je suis enceinte, je dois arrêter de courir ?
L’idée est ancrée : courir pendant la grossesse augmenterait les risques de fausses couches au premier trimestre. Pourtant le lien entre la course à pied et risques de fausse couche ou d’accouchement prématuré n’a jamais été démontré. En revanche, des études mettent en avant les bénéfices de la course enceinte à la condition que la femme concernée ait pratiqué cette activité de manière régulière avant sa grossesse. Dans ce cas, a priori, pas de contre-indication médicale mais des ajustements nécessaires. Il ne s’agit plus de se « rentrer dedans » mais bien de courir à petite allure en étant capable de maintenir une conversation, sans être à bout de souffle.
En réduisant durée et l’intensité, courir enceinte permet d’améliorer la circulation sanguine et de contrôler sa prise de poids. Prudence étant mère de sureté, votre pratique devra toutefois être soumise à l’avis régulier de votre médecin obstétricien. Au 3ème trimestre, l’exercice peut être plus difficile, à cause de la pression sur le plancher pelvien due au poids du bébé. Cela peut occasionner un inconfort et des douleurs pelviennes. En tout cas, n’oubliez pas que si des douleurs, des saignements, des fuites de liquides apparaissent, ou tout signe qui vous semble anormal, arrêtez de courir sur le champ et consultez rapidement.
Soyez également précautionneuse en privilégiant une boucle autour de chez vous, afin de pouvoir rentrer facilement en marchant si besoin. Planifiez le circuit avec si possible des « arrêts pipi » et des points d’eau ou prenez avec vous de quoi vous hydrater. Ne négligez pas votre tenue, à la bonne taille avec une bonne brassière pour le maintien des seins. Enfin, privilégiez les surfaces « molles » : terre, chemin (mais en regardant bien ou vous posez vos pieds !) plutôt que le bitume où les impacts sont plus forts.
Mini-Quiz. Enceinte, prête à continuer de courir ? Si vous répondez « oui » à toutes les questions et que vous n’avez aucune contre-indication médicale, validée par un professionnel de santé, alors go pour la course. 1/ Avant votre grossesse : est-ce que vous couriez au moins 2 à 3 fois par semaine, 20 minutes ou plus par séance et depuis plus de 6 mois ? 2/ Avez-vous une alimentation équilibrée ? 3/ Etes-vous consciente de vos limites et prête à diminuer l’intensité de vos entrainements pendant la grossesse ?
J’ai des fibromes, c’est gênant pour courir ?
Avoir un ou plusieurs fibromes utérins, c’est fréquent. Ces tumeurs totalement bénignes (non cancéreuses) qui se forment à l’intérieur ou à l’extérieur de l’utérus concernent 70% de femmes de 50 ans. C’est souvent vers 40 ans que leur fréquence augmente mais généralement, ils vont naturellement décroître avec la ménopause. Cela étant, ce n’est pas une raison, bien au contraire pour relâcher la surveillance après 50 ans.
De nombreuses femmes vivent avec leurs fibromes sans jamais en soupçonner l’existence, cependant chez certaines, des désagréments peuvent apparaitre avec des règles douloureuses, avec des saignements irréguliers, ou abondants et/ou prolongés.
En fonction de leur taille et de leur localisation, certains fibromes peuvent exercer une pression sur les organes et générer des douleurs pelviennes. Ils ne constituent en aucun cas une contre-indication à la course à pied. Bien au contraire : activer son corps chaque jour est essentiel. La course à pied, si elle ne génère aucune douleur dans la zone pelvienne, peut parfaitement être pratiquée en cas de fibrome diagnostiqué.
En cas d’endométriose, j’appuie sur « pause » ?
Cette maladie est restée longtemps silencieuse. On en parle aujourd’hui notamment grâce à des évènements sensibilisants comme les Endorun de l’association Endomind. L’endométriose est provoquée par la présence anormale de l’endomètre (le tapis de l’utérus) dans la cavité abdominale. Maladie chronique invalidante, elle peut occasionner des douleurs pelviennes importantes, en période de règles, lors des rapports sexuels ou de façon complètement inexpliquée.
La douleur est due aux saignements mais surtout aux nombreuses micro-terminaisons nerveuses mises à mal car étouffées par le phénomène d’endométriose. A la moindre sollicitation, cela provoque des douleurs souvent proches de la sciatique avec des élancements, des douleurs en « coup de poignard », ou encore des brûlures.
Beaucoup de femmes boudent alors le sport par crainte de souffrir davantage. Pourtant la pratique sportive au quotidien permet de mieux gérer la maladie en maintenant la mobilité des tissus. Si la chirurgie ou un traitement hormonal peuvent soulager certains cas, il est préconisé de bouger car la sécrétion d’endorphines permet de contrôler les voies de la douleur. Il ne s’agit pas de passer en mode compétition, sauf si vous êtes motivée, mais de profiter des bienfaits de cette activité physique pour vous soulager.
Je ne peux pas courir, j’ai mes règles…
Mauvaise excuse. Aucune raison médicale ne contre-indique la pratique d’une activité sportive pendant la période les cycles menstruels. Au contraire, au bout d’une demie-heure d’activité, grâce à la sécrétion de nos précieuses endorphines, les petites douleurs de règles disparaissent. Un entraînement régulier permettra d’élever le seuil de sensibilité à la douleur et de rendre les règles moins pénibles.
Si je cours, je fuis ?
Oui, la course à pied peut entraîner des fuites urinaires. Non, cela n’est pas normal ! Le périnée est un ensemble de muscles partant du pubis jusqu’à la base de la colonne vertébrale. Avec sa forme en hamac, il soutient les organes abdominaux comme la vessie, l’utérus et l’intestin. En courant, les impacts au sol le malmène : il subit des points de pression à chaque foulée, plus encore après une grossesse ou avec la ménopause. Or, on oublie trop souvent que le périnée est un muscle qui doit être stimulé régulièrement. C’est comme les abdos : si on ne les fait pas bosser, ils se relâchent. Le périnée c’est pareil, si on ne l’entretient pas, il perd de sa tonicité.
Si des fuites urinaires apparaissent lors de la course à pied, en sautant à la corde, ou même en éternuant, parlez-en à votre médecin qui pourra vous prescrire des exercices de rééducation ou sonde à domicile. Nous vous recommandons la sonde de rééducation périnéale connectée Emy de Fizimed, testée et approuvée. Voir notre test ICI. Depuis, on court toujours mais on ne fuit plus !