Devenir Ironman avant de mourir

Sur le half Ironman d'Aix.

Dans son livre, Une odyssée, Jacob Lis, raconte son long voyage pour vaincre un cancer du sang. Sous chimiothérapie pendant trois ans, ce jeune ingénieur résilient a terminé un Ironman, son rêve numéro 1 à réaliser avant de mourir. Désormais guéri, il cumule les défis.

« Le cancer, je ne souhaite à personne mais cela a été la chance de ma vie car celui que je suis devenu me rend profondément heureux. Ma vision du bonheur a été un peu redéfinie car j’ai vraiment pris conscience de la valeur de la vie. Et je peux dire que le sport m’a sauvé pendant mon cancer », raconte Jacob Lis dans son livre Une Odyssée (édition Atlande) préfacée par Bernard Tapie. Son nom est un pseudo, l’auteur souhaitant rester discret. Cet ingénieur trentenaire, plus scientifique que littéraire, raconte son histoire pour donner de l’espoir. Y croire, toujours, et se battre.

Dans Une odyssée, un jeune trentenaire parisien partage son combat contre le cancer au travers des défis sportifs qui l'ont aidés à encaisser les traitements.

Vivre ou mourir

Cancer du sang. Lorsqu’un médecin prononce ces mots en juin 2015, son monde s’écroule. Jacob est en pleine forme. Aîné d’une fratrie de quatre, c’est le sportif de la famille. Quelques semaines plus tôt, il courait d’ailleurs son premier marathon à Paris (3h45). « J’ai consulté car je sentais une gêne au niveau du cou. J’ai passé un scanner, puis une IRM, tout s’est enchaîné très vite. Cette boule au cou était en fait une métastase de 13 cm. J’avais tout le haut du corps métastasé. Des centaines, sans doute, que je ne sentais pas. », raconte ce Parisien.

L’Ironman en tête

Sur le half Ironman d'Aix.

Il encaissera la chimiothérapie la plus invasive, celle que l’on applique aux patients atteints d’une leucémie aigüe. Trois ans de traitement lourd. Sans garantie de résultats. Jusqu’en 2016, il passera dix mois à l’hôpital Saint-Louis, branché en permanence sur un cathéter, relié à une valve.

Les cheveux qui tombent par poignées, les nausées, la fonte musculaire spectaculaire, Jacob, qui voit son corps lui échapper décrit ce lot d’épreuves. Mais à 24 ans, cet ancien judoka ne se laisse pas abattre. Sur son lit d’hôpital, il dresse sa to-do list de rêves à réaliser avant de mourir. En tête, l’Ironman, son objectif numéro 1.

Pendant sa deuxième phase de traitement, une chimiothérapie mensuelle, Jacob reprendra son poste à mi-temps les premiers mois tout en commençant à s’entraîner pour le triathlon. Le chemin sera long. « Les premières fois, j’étais totalement à plat au bout de 200 mètres de course. Cela a été une renaissance à un point zéro absolu. J’ai dû retrouver mon souffle, me remuscler car je ne pesais plus que 60 kilos pour 1,81 m, prendre des cours de natation. Mais à force de discipline et d’entraînement, on progresse forcément », s’enthousiasme-t-il. Après un dossard test en 2017, sur le 10 km de la Course des Héros solidaire du cancer, il enchaînera comme prévu le triathlon L de Deauville (5h40’) en juin puis l’Ironman de Cologne en septembre. Toujours sous chimio, il terminera ce triathlon de l’extrême (3,8 km de natation, 180 km de vélo et 42 km de course) en 12h40’, un bel exploit !

Jacob Lis a terminé la CCC l'été dernier.
Jacob Lis a terminé la CCC l’été dernier.

Tour du monde et défis sportifs

En 2018, pour fêter sa rémission après une dernière phase de traitement médicamenteux, il partira découvrir le monde, un autre grand rêve. Une année de congé sabbatique pour bourlinguer sac au dos, en compagnie d’amis.

Depuis, Jacob continue de profiter de la vie, toujours en quête de nouveaux défis. Il a bouclé une série de marathons, notamment New York, Rome et Milan, tous autour de 3h15’, les Templiers l’an dernier, un Half Ironman ce printemps.

Sa dernière grande aventure, c’est la CCC, 100 km autour du Mont-Blanc. « C’était une aventure ultra-chouette que j’ai partagée avec mon ami Romain. J’ai adoré la communion avec la nature, la magie de la nuit en pleine montagne. Le lendemain, malgré une tonne de courbatures, on rêvait déjà de l’UMTB, de la Diagonale des Fous »… La to-do-list s’allonge ! En 2023, Jacob prévoit de courir un autre Half Ironman, quelques ultras. Il se fixe aussi l’objectif de passer sous les 3h au marathon, pourquoi pas à Berlin. Qui vivra verra.