David Barnabé : « amputé, je courrais ! »
David Barnabé s’est fait cette promesse en perdant sa jambe gauche suite à un grave accident. Depuis son amputation, ce gendarme revit à grandes foulées. Après son premier semi à Paris, il rêve plus vite, plus haut, plus fort.
« Le jour de mon amputation, je me suis juré deux choses. Que je reprendrais du service et que je courrais un semi-marathon. Je voulais montrer au monde que l’on peut être blessé et aller de l’avant », raconte David Barnabé, gendarme mobile au CEGN.
Depuis ce 11 janvier 2019, date de son opération, cet adjudant-instructeur a retrouvé le sourire. Cette lourde décision, il l’a prise seul. Pour mettre fin à son calvaire. En 2007, lors d’un exercice de nuit à Saint-Astier, en Dordogne, sa cheville a vrillé à 180°. Suite à cet accident grave, les pépins se sont enchaînés.
« J’ai regagné dix ans et le sourire »
« Entre 2013 et 2016, j’ai subi quatre opérations, avec appareillage, greffe de corail, greffe d’os de hanche. Rien n’a fonctionné. J’ai contracté en plus un algoneurodystrophie. Des crises me faisaient hurler de douleur, comme si on m’arrachait la jambe. Sous la douche, je mordais un bâton de bois, car l’eau qui coulait sur ma cheville me faisait terriblement souffrir… Je ne dormais plus que deux heures par nuit, » raconte en substance le blessé. « J’ai pris une photo de moi avant l’amputation, une autre trois jours plus tard. Clairement, j’étais un autre homme. J’avais regagné les dix ans perdus, je n’avais plus les traits de la souffrance et j’avais retrouvé le sourire. Car j’étais devenu un sale con aigri, je n’ai pas peur de le dire… » poursuit l’adjudant originaire de Franche-Comté.
S’il a choisi de courir, c’est pour le symbole. Car avant de perdre sa jambe, David Barnabé n’était pas coureur. Plutôt joueur de foot, adepte de musculation, il s’entretenait simplement dans le cadre des examens annuels de son corps de métier.
Semi de Paris, un défi personnel devenu collectif
Après six mois de rééducation en centre, David Barnabé, s’est donc mis à courir, équipé d’un pied Challenger, adapté au sport. « Lors d’un stage pour les blessés militaires, j’ai rencontré Christophe, coach, et Justine, kiné, que se sont proposés de m’accompagner sur mon premier semi. Des collègues ont lancé une cagnotte pour que je puisse m’équiper d’une lame de course carbone », raconte-t-il, très touché par ces belles initiatives.
2,4 kg pour son pied Challenger, 1,2 kg pour sa nouvelle lame de course. Cela change tout ! Car l’effort à fournir est conséquent lorsque l’on court avec une prothèse. « On dépense entre 40 à 50% d’énergie supplémentaire » précise le sportif, qui soigne particulièrement sa préparation physique, son alimentation et son sommeil.
De son premier semi, à Paris en septembre 2021, David garde un souvenir ému : « J’étais hyper fier de terminer parmi tous les valides, avec un chrono en 2h25’. C’était le début de beaux défis ! »
« Je me sens libre et normal en courant »
Courir est devenu sa passion. « En courant, je me sens libre et normal. Quand vous êtes handicapé, le regard des autres est parfois blessant, dérangeant. Ce sport inspire un certain respect », commente David. Il s’entraîne trois fois par semaine, avec l’une de ses prothèses joliment décorées par sa femme Peggy.
Depuis, les courses s’enchaînent, les belles rencontres avec. David Barnabé a ainsi participé aux Gendarmes et Voleurs de Temps début juin. « Sur l’initiative de Jean-Luc Monges, l’organisateur, j’ai parrainé une nouvelle course handisport. 10 km de trail avec mon pied Challenger. J’en ai ch… mais la fameuse montée des marches avec le public massé transcende pour terminer. » relate le gendarme, finisher en 1h13’.
Dans la foulée, il a franchi un nouveau cap en cumulant 52,4 km en 131 tours de piste lors des 24 heures Race de l’OTAN à Naples, pour lever des fonds pour les blessés militaires. Parrain de l’association Gendarmes de cœur, ce quinqua jovial s’investit à fond pour soutenir les blessés.
Désormais, il prépare les Invictus Games, jeux paralympiques militaires prévus à Düsseldorf en septembre 2023. « Je prévois aussi de courir plus tard un marathon ! », ajoute le master. Et rien ne lui fait peur : « Je rêve du plus dur, le Marathon des Sables, même si cela inquiète ma petite femme. Je veux rien m’interdire, la vie est trop courte ! »