Coup de chaleur : attention à l’hyperthermie d’effort
Le coup de chaleur à l’effort ou hyperthermie maligne d’effort est peu connue du sportif. Et pourtant, cette élévation brutale de la température centrale au-dessus de 39°C peut arriver, particulièrement en été.
L’hyperthermie maligne d’effort, c’est une élévation extrême et brutale de la température centrale qui fait suite à une activité ou un travail musculaire intense. Cela entraine un dysfonctionnement du système nerveux central et des mécanismes régulateurs de l’organisme. La conscience s’altère alors avec des confusions, une désorientation, des troubles de la conscience pouvant aller jusqu’au coma et une souffrance des différents organes vitaux. La peau devient très chaud. Mais le fait de transpirer beaucoup ou peu n’a en général pas d’importance pour le diagnostic.
Coup de chaleur, dans sports d’endurance concernés, mais pas seulement
Il s’agit le plus souvent de sport avec des efforts de plus d’une heure. Semi-marathon, marathon, course d’endurance ou d’orientation, trail et ultra-trail. Les sports nécessitant des combinaisons de protection chaude et étanches (donc peu respirantes) sont également concernées : moto, rallye auto etc…
La pratique du sport en altitude peut aussi provoquer des hyperthermies, parfois confondues avec le mal des montagnes. C’est au final tous les sports et activités de plein air qui sont concernés par le risque d’hyperthermie. Il faut cependant aussi rester vigilant en salle de sport ou la température élevée et l’absence d’aération dans ces salles sont à risque d’hyperthermie.
Quels sont les facteurs de risques de l’hyperthermie d’effort ?
Les conditions météorologiques
Plus que la température élevée, c’est l’écart de température entre le début et la fin d’un effort qui est dangereux pour l’organisme. Ainsi bien sûr qu’une ambiance thermique chaude inhabituelle pour le sportif. Le sport pratiqué pendant les heures les plus chaudes de l’été expose ainsi à des risques.
La présence d’un vent chaud ou inversement l’absence de vent qui permet de rafraîchir l’organismepourra aussi jouer. Citons aussi l’absence de zones d’ombres sur un parcours et la pratique d’un sport sur un sol chaud comme le goudron noir. Enfin, le degré d’humidité dans l’air car plus il y a de chaleur humide moins l’organisme peut évacuer sa transpiration.
Les erreurs d’alimentation et d’hydratation
Ce n’est pas de boire qui refroidit mais de s’arroser la tête et la nuque notamment. Donc s’hydrater comme à son habitude est une chose, mais se rafraîchir la tête, la nuque, les avant-bras est primordial. En effet en s’aspergeant et grâce à l’évaporation ensuite, c’est ainsi que la température centrale peut être régulée.
Une mauvaise condition physique
La fatigue, le manque de sommeil, l’anxiété, la présence d’une pathologie infectieuse type rhume, rhinopharyngite et la forte température (contre-indiquée pour l’effort sportif !) occasionnent une fatigabilité. Cela peut donc provoquer un dysfonctionnement d’adaptation de l’organisme. Il convient donc d’être attentif à son état de forme avant la participation à un effort sportif.
Une pratique mal adaptée
Notamment par l’utilisation d’un équipement non adapté aux températures extérieures avec des vêtements trop lourds, non aérés, étanches, type K-way pour plus transpirer et favoriser une perte de poids recherchée par certains coureurs. Attention également aux efforts longs avec un sac à dos pouvant générer un écran anti aération.
La prise de médicament peut être responsable d’un coup de chaleur
En effet, la prise de médicament peut masquer les signes d’alerte d’une hyperthermie et notamment la vigilance du coureur. Enfin la prise d’antidouleurs et notamment d’anti-inflammatoires peut masquer les symptômes d’une hyperthermie.
Quels sont les signes de l’hyperthermie d’effort ?
Le sportif, en plein effort dans des conditions ou circonstances météorologiques particulières ne ressent plus de fatigue, peut ne plus transpirer, n’a plus le réflexe de s’hydrater, s’essouffle anormalement. Il peut aussi vomir, présenter des crampes et avoir un comportement inhabituel avec une désorientation pouvant aller jusqu’au malaise brutal et au coma.
Il est possible aussi d’observer alors une destruction musculaire appelée rhabdomyolyse. C’est une urgence absolue pour sa prise en charge.
Quelles mesures préventives pour éviter le coup de chaleur ?
Si vous envisagez de participer à une épreuve sportive qui doit se dérouler dans des conditions météorologiques chaudes et avec une humidité importante, alors l’acclimatation à la chaleur sera primordiale. Cette adaptation entraînera une augmentation du volume plasmatique et de la transpiration dans les 10 à 14 jours, qui permettront alors de s’adapter aux conditions de l’effort.
On l’a vu, l’hydratation est importante mais il faut surtout penser à se refroidir la tête en mouillant sa casquette, son Buff très régulièrement avec si possible de l’eau glaciale. Enfin, on recommande bien sûr d’adapter sa tenue aux conditions météo mais surtout à l’effort qui va être fourni. Pas de vêtements chauds, étanches et imperméables s’il est possible de courir en short et en manches courtes.
Que faire en cas d’hyperthermie ?
Le docteur Patrick Basset, directeur médical du semi et marathon de Paris et de l’UTMB notamment, nous donne les actions possibles à réaliser pour prendre en charge le plus vite possible un patient en hyperthermie : mettre à l’ombre le patient, le retirer des surfaces comme le goudron chaud. Immersion du corps complet (sauf la tête si inconscient) dans une piscine d’eau glacée ou arrosage en quantité importante, de la tête avec de l’eau glacée. Les choses à ne pas faire : dire de boire pour se refroidir.