Par Dominique Cado, marathonien Breton d’un âge que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. www.lalignebleue.net
L’épine sur la tige de la rose est présente pour qu’elle puisse s’épanouir en la protégeant des prédateurs. Chez le runner la douleur des épines du corps sont là aussi pour le protéger, à condition qu’il obéisse aux picotements annonciateurs de la souffrance de la blessure en se désintéressant, en s’anesthésiant d’un cerveau toujours prêt à toutes les folies.
Le corps, la bonne âme, alerte par des signes douloureux quand on dépasse les bornes supportables. Pourtant, aux premières sensations la douleur est encore sous contrôle et on a le pouvoir de décider de l’instant où l’on souhaite qu’elle cesse, avant de découvrir le chemin de croix de la souffrance de la blessure.
Si Cicéron est votre philosophe préféré et que vous écoutez tout au long de l’année ce qu’il relatait : « Les douleurs sont supportées sans rechigner par les athlètes des jeux gymniques* malgré la dureté des épreuves », c’est que vous n’avez pas entendu vraiment son précepte : « Souffrir pendant l’épreuve ». Ça c’est normal, mais tout au long de l’année ce ne l’est plus.
Quand les sensations ne sont plus à la hauteur des runnings, que des douleurs récurrentes deviennent le quotidien et que vous persistez à pratiquer votre sport favori, la porte devient béante pour consacrer du temps aux souffrances de la blessure, physique et psychologique ; les deux étant épinglées comme un dossard inutilisable au corps éreinté, endommagé, cabossé, mutilé, contusionné (vous rayez les verbes inutiles) souvent pour de longues semaines ; tandis que la douleur précoce était là en amont comme le meilleur professeur pour apprendre la patience.
Il est dommage que le monde du running manque d’un soupçon d’hypocondrie pour que les douleurs du corps soient entendues. Alors, en ce début d’année prendre de bonnes résolutions de sagesse, la seule voie pour arriver enfin à mettre en évidence ce que vous rêvez d’être.