Antoine de Wilde : le running dans la peau
Antoine de Wilde, c’est un athlète de haut niveau complet, consultant sportif, organisateur de courses, entraîneur, fondateur d’une marque de vêtements… Ce passionné vibre pour l’immense sentiment de liberté que procure la course à pied. Un champion enthousiasmant !
Déjà 27 ans de course à pied pour Antoine de Wilde, bientôt 37 ans. Sacrée destinée pour ce grand gaillard (1,92 m) au look soigné. Car au départ, l’histoire tient du hasard. « Tout gamin, j’ai fait un peu de foot, du tennis de table et du karaté. J’étais fan de Jean-Claude Vandamme. Quand j’ai vu que je ne pouvais pas faire le grand écart, j’ai arrêté… » plaisante-t-il, avant de dérouler : « Et puis un dimanche pour digérer le déjeuner, nous sommes allés marcher avec mes parents. Nous sommes tombés sur une course organisée à Nevers ce jour-là. J’avais 10 ou 12 ans. Je portais des chaussures bateaux, un bermuda et un polo mais j’ai voulu participer. Et j’ai gagné dans ma catégorie ! Mes parents ont exposé ce trophée dans leur brasserie. Je me suis dit que j’allais continuer… »
Son rêve de gosse va se réaliser. Il intègre le club A.O Nivernaise – qu’il n’a jamais quitté –, apprend à courir en s’amusant – le fameux fartlek – et rapportera bientôt une collection de trophées pour la déco de la brasserie familiale.
Philippe Rémond, entraîneur complice
En 2004, une victoire le met en lumière. A Saint-Quentin-en-Yvelines, il devient champion de France junior de cross-country, au sprint, devant un certain Mahedine Mekissi, futur médaillé olympique.
Suivent des sélections en équipe de France, des titres en inter-régionaux, et deux rencontres décisives. Tout d’abord Régis Dumange, PDG de la marque Textilot « Plus » implantée à Nevers, deviendra le fidèle partenaire de sa carrière mais aussi son « catalyseur ». Ce partenaire privilégié, lui aussi coureur, lui fera rencontrer son « mentor », Philippe Rémond.
Le champion de France de marathon (1994 et 2001) prend en effet Antoine sous son aile, lui transmet le goût du hors-stade, la passion de la communauté running. Premier Paris-Versailles à 21 ans. Bientôt, un premier marathon. Ce sera le plus festif du calendrier, le Médoc, où Philippe Rémond fait figure de « patron ». L’esprit de Pauillac enthousiasme le jeune bourguignon, ouvertement épicurien.
En 2012, Antoine termine ainsi ce premier 42 km – le plus long du monde – en 4e position. L’année suivante, il en prend la 2e place, une minute seulement derrière Thierry Guibault. En 2016, il termine 7e des Championnats de France à Tours en 2h28’, son record.
En parallèle, il continue de s’exprimer en cross-country l’hiver – sa discipline fétiche – et sur 3 000 m steeple l’été. Mais une faiblesse aux tendons d’Achille l’empêche de développer davantage son potentiel sur ces distances après 2010.
Antoine de Wilde, roi du Gois
Compétiteur et joueur, il s’essaie alors à tout. Quelques trails victorieux comme l’EcoTrail Paris ou la SaintéSprint puis une passion avec les Foulées du Gois. Sur la chaussée submersible qui sépare l’île de Noirmoutier du continent, 30 athlètes internationaux courent chaque été contre la marée montante. Le Nivernais fait des merveilles avec sa foulée ample, toute en puissance et sa science de la course. Il a déjà gagné le Gois quatre fois, en route vers le record du Belge Frédéric Desmet.
Puissance, vitesse, mais aussi endurance. Les efforts très longs, il y a aussi goûté en participant deux fois à La France en Courant, relais de 2 800 kilomètres à travers l’Hexagone. « J’ai souffert comme jamais, mais c’était magique. J’ai découvert mon pays autrement, des paysages magnifiques, dormi à la belle étoile et campé en tente, une première pour moi », raconte le coureur, capitaine de son équipe, des sportifs de la Nièvre, son fief.
Les conditions spartiates de ce défi collectif lui rappellent un autre voyage initiatique. En 2008, à 23 ans, il avait passé six mois en Ethiopie. Un de ces voyages qui change un homme : « J’avais rencontré la famille de Bekele, découvert la culture, un mode de vie très simple. Durant ce voyage, j’ai pris une claque. Cela a été un tournant dans ma carrière d’athlète mais aussi d’homme. Je suis rentré changé. Dans la foulée, j’ai d’ailleurs battu mes records sur 800 m et 10 km. », se souvient-t-il.
Coach et organisateur passionné
Lorsqu’il ne s’entraîne pas, il motive les autres. « Le sentiment de liberté que procure le running est énorme. Juste une paire de baskets et on fait des merveilles ! », s’enthousiasme le champion, qui a vu autour de lui quantité de gens métamorphosés grâce à la course à pied.
En 2012, marqué par le cancer du sein de sa maman, il crée La Bottine de Nevers, course féminine solidaire de cette cause. Le succès l’invite à décliner l’épreuve dans d’autres villes de la Nièvre, et à organiser en parallèle un trail urbain, La Moustache, solidaire de la lutte contre le cancer de la prostate.
Avec son association I Feel Run, il fait courir 5 000 Nivernais autour d’entraînements gratuits proposés chaque semaine à Nevers, Decize, Cosne-sur-Loire et Beaune. Des rendez-vous sur les bords de Loire qu’il manque rarement. Via sa société La French Run, Antoine De Wilde coache également des entreprises comme des particuliers et multiplie ainsi les rencontres enrichissantes.
Côté organisation, son dernier « bébé », c’est le Nevers Marathon by Plus. La prochaine édition est prévue le 26 novembre 2022 avec départ sur le circuit de Formule 1 de Magny Cours, passage en long du Canal latéral de la Loire et final dans Nevers.
« Organiser un marathon pour mettre en valeur mon territoire, c’est un honneur », commente l’organisateur. « 42.195 km, c’est mythique. C’est dur, c’est ingrat. Je suis autant interpellé par la performance ahurissante de Kipchoge en moins de 2h, que par le coureur de 100 kilos qui termine en 6h30. On peut sortir de prison, être médecin, chômeur, champion du monde, qu’importe. On prend tous le même départ, pour courir la même distance, avec la même envie : finir comme on peut ! Tous égaux. Il n’y a que le running qui permet ça et c’est énorme ! », rappelle ce champion.
La French Run, des vêtements made in France
Et ce touche-à-tout passionné ne s’arrête pas là. L’an dernier, en pleine pandémie, Antoine a crée La French Run, nouvelle marque française de textile running et lifestyle fabriquée en France. On peut commander ces vêtements éthiques sur la boutique en ligne, ou bien profiter des conseils de son équipe, dans le concept store de Nevers. Depuis l’été dernier, une deuxième magasin La French Run s’est installé à Paris, dans le 16e arrondissement. Le début d’une nouvelle aventure…
Avec toutes ses casquettes, Antoine De Wilde court donc littéralement partout. Mais il trouve toujours le temps de s’entraîner ! Cette année, il espère défendre son titre sur les Foulées du Gois et compte s’attaquer au Marathon du Mont-Blanc.