Antibiotiques & tendinites : des médicaments à risque

Certains antibiotiques favorisent les tendinites.

Des antibiotiques sont mis à l’index pour effets indésirables en provoquant, notamment, des tendinites d’Achille. Le point avec notre médecin.

Les antibiotiques de la famille des quinolones et fluoroquinolones font l’objet de restrictions d’utilisation. Il s’agit ainsi de minimiser le risque d’effets indésirables. Durables et invalidants, ces effets délétères affectent principalement le système musculo-squelettique (tendons, muscles, articulations) ainsi que le système nerveux.

En effet, après traitement par fluoroquinolones, les tendinites, notamment d’Achille ont été démontrées par une enquête du ministère de la Santé dès 1992.

Quinolones : un rapport bénéfice/risque jugé défavorable

Concernant les quinolones, leur rapport bénéfice/risque est désormais jugé défavorable par le Comité de pharmacovigilance européen (PRAC). Apurone® (fluméquine), la seule quinolone commercialisée en France, est désormais retirée du marché. S’agissant des fluoroquinolones (ciprofloxacine, lévofloxacine, moxifloxacine, norfloxacine, ofloxacine et loméfloxacine), elles sont désormais à réserver aux infections pour lesquelles une antibiothérapie est indispensable.

En cas de suspicion de tendinite, il est donc conseillé de consulter immédiatement son médecin. L’apparition de tendinite (œdème, douleur) doit être systématiquement recherchée dès les premiers jours de traitement. Sa mise en évidence entraînera l’arrêt thérapeutique et la mise au repos des tendons concernés avec strapping et talonnette (bilatéral pour le tendon d’Achille, même si l’atteinte est unilatérale).

Une douleur interne de la cheville localisée derrière la malléole ? C'est peut-être une tendinite du jambier postérieur.

Les 7 principaux antibiotiques responsables de tendinites

Les antibiotiques à base de fluoroquinolones et de quinolones pouvant entraîner tendinites et ruptures d’Achille sont surtout prescrits dans les infections urinaires, prostatiques, ostéo-articulaires et ORL. En voici la liste :

SubstancesSpécialités
FLUOROQUINOLONES
CiprofloxacineCiflox® et génériquesUniflox®
LévofloxacineTavanic® et génériques
MoxifloxacineIzilox® et génériques
NorfloxacineSpécialités génériques
OfloxacineOflocet® et génériquesMonoflocet®
LoméfloxacineLogiflox®Decalogiflox®
QUINOLONE
FluméquineApurone®

Le tendon d’Achille en première ligne

Les tendinites induites par les fluoroquinolones et les quinolones ne sont pas exceptionnelles. En dehors des personnes âgées de plus de soixante ans, aux tendons plus fragiles, les sportifs sont bien sûr plus exposés que les sédentaires.

Dans 98% des cas de tendinite, c’est le tendon d’Achille qui est atteint. Dans 50% des cas de rupture, celle-ci est inaugurale. Le délai d’apparition moyen suivant la première prise de fluoroquinolone est de dix jours pour les tendinites et de vingt jours pour les ruptures tendineuses. La survenue de cet événement et son évolution restent imprévisibles. Néanmoins, on peut estimer que l’évolution est favorable dans 66% des cas avec, pour les tendinites, un délai de guérison inférieur à trente jours.

En pratique, il faut savoir que, depuis 1993, sur la notice Vidal® figure une mise en garde du laboratoire. « Les tendinites parfois observées sous traitement antibiotique aux fluoroquinolones, peuvent conduire à une rupture tendineuse touchant plus particulièrement le tendon d’Achille et surviennent notamment chez le sujet âgé. Ces tendinopathies peuvent survenir dès les premières 48 heures et devenir bilatérales (des deux côtés). La survenue de ruptures tendineuses semble être favorisée par la prise de corticoïdes au long cours. Afin de limiter le risque de tendinites, il convient d’éviter l’administration de ce médicament chez les personnes âgées, chez les sujets ayant des antécédents de tendinites ou soumis à une corticothérapie ou exerçant une activité sportive intense. Le risque de rupture est plus important au moment de la reprise de la marche d’un patient alité. »

D’autres médicaments peuvent favoriser les tendinites

Les fluoroquinolones et les quinolones ne sont pas les seuls médicaments qui peuvent induire des tendinites. Pour l’instant, aucune enquête n’a été effectuée de manière vraiment scientifique (en double aveugle) dans une population de sportifs.

En attendant, et en pratique, si une affection nécessite un traitement antibiotique, il est indispensable de prévenir son médecin traitant que l’on pratique une activité sportive, notamment le running. On doit être d’autant plus vigilant que l’on est déjà sujet aux tendinites. Mais aussi si l’on a un taux d’acide urique élevé ou que l’on est traité à la cortisone pour une autre affection.

Pour être complet sur la question des médicaments induisant des problèmes musculo-tendineux, signalons que le Roaccutane® ainsi que les médicaments consommés pour faire baisser le cholestérol (fibrates et statines)  peuvent donner comme effets secondaires des manifestations douloureuses musculo-articulaires a et donc favoriser les tendinites.