Amazean Jungle Thailand by UTMB : on vous raconte
L’Amazean Jungle Thailand by UTMB s’est déroulé autour de Betong, ville du sud de la Thaïlande cernée par la jungle. 1500 trailers ont participé à ses 5 distances de 10 à 160 km. Sandrine revient sur cette édition inaugurale.
Betong, petite ville de la province thaïlandaise de Yala vivait repliée sur elle-même jusqu’à l’arrivée de ce Amazean Jungle Thailand by UTMB. Après un test grandeur nature en 2022, l’UTMB World Series proposait donc cette année une première édition autour de 5 distances : 100 miles (160 km), 100 km, 50 km, 20 km et 10 km. J’y débarque en pleine nuit après un transfert de 3h depuis l’aéroport le plus proche, à Penang en Malaisie.
Je retrouve avec plaisir le champion Sange Sherpa – qui remportera le 100 miles haut la main, Valentin Orange, Français expatrié au Vietnam impatient de découvrir le 100 km tout comme l’ultra-traileuse hors-pair Perrine Fages, avec qui j’ai la chance de partager ma chambre.
Toute une ville aux couleurs de l’UTMB
Le lendemain, nous découvrons une ville typique, préservée du tourisme de masse avec tout de même quelques boîtes de nuit, karaoké et bar à hôtesses autour du quartier animé de notre hôtel. Toute la population semble ici adhérer au projet UTMB, avec des fresques aux couleurs de l’événement sur les façades, et des drapeaux Betong Festival un peu partout. Un QR code permet de manger pour 1000 Baht (environ 30 euros) dans les commerces partenaires.
La ville a sorti le grand jeu, avec des lumières un peu partout. C’est une première découverte ‘urbaine’, avant l’immersion au cœur d’une nature sauvage et luxuriante, entre les sangsues, les tigres et les éléphants sauvages. Nous le savons déjà, la chaleur sera l’une des difficultés à gérer avec 80% d’humidité et près de 40°C au maximum.
Pas de crochet en Malaisie pour l’Amazean Jungle Thailand by UTMB
A 5h du matin, il fait déjà 24 degrés. Les coureurs du 100 km s’élancent les premiers, depuis un tunnel tout illuminé pour l’occasion. Perrine, malgré une courte nuit, est prête à en découdre, avec un peu d’inquiétude sur les conditions de courses, notamment la présence de sangsues. Je prends le même chemin 1h plus tard pour le départ du 50 km, annoncé pour 55 km et 2400m de dénivelé positif.
Je sais déjà que la plus grosse difficulté sera la première barrière horaire au point de ravitaillement A2 car elle est courte et ne correspond pas à mon niveau actuel (ou habituel !). Il faut dire que les parcours des 160 et 50 km ont dû être complètement revus en dernière minute. Un aller-retour était prévu en Malaise, mais en dernière minute, le gouvernement malaisien n’a plus voulu voir passer le peloton sur ses terres. Le temps a été ajusté en conséquence, je vois bien que cette barrière horaire à 21 km va être difficile à atteindre.
Mer de nuages & océan de boue
En guise de mise en jambes pour l’instant, une partie roulante dans la ville. Les premières difficultés pointent assez vite. Une corde sert à se hisser une pente très raide et glissante, ce qui occasionne bien sûr un bouchon. Ça papote gentiment thaïlandais autour de moi jusqu’au sommet.
Là, une vue « waouh » sur la fameuse Sea of Mist. Une mer de nuage recouvre la vallée, et le soleil brille au-dessus des montagnes. La nature est si belle ! Après une pause photo, je reprends le chemin sous les chants des enfants thaïlandais. Je calcule que je suis bien dans les temps.
Ouf. Sauf que … C’était sans compter les 1200 mètres de dénivelé à avaler sur 11km, avec des montées plus pentues et glissantes les unes que les autres. Je m’agrippe aux arbres pour me hisser et m’y raccroche pour ralentir ma descente. Le terrain est très gras. Tout le monde dévale sur les fesses (les miennes sont déjà en sang !), malgré les cordes installées. La pente se radoucie vers le point A2. Côté timing, c’est juste mais jouable.
Sauf que le ravitaillement n’est pas comme annoncé au km 21 mais à 23,7 km… Cela change tout ! Je me retrouve à devoir sortir à cette barrière horaire pour 15 minutes de retard ! Comme moi, 178 coureurs seront ainsi bloqués sur les 555 partants. Rageant. J’aurai tant aimé poursuivre la découverte de la faune et la flore locale. Et franchir l’arrivée de cet Amazean Jungle by UTMB au bout du tunnel tout illuminé.
Une jungle luxuriante et si bruyante
Un retour express en pickup local et me voici de retour à Betong. Je sais que Perrine est dans le dur. Pour elle aussi le kilométrage et le dénivelé annoncés sont erronés. La nuit tombe sur la jungle. L’atmosphère est très impressionnante avec tous les cris d’animaux qui se font écho.
Pour assurer la sécurité, les militaires Thaïlandais sont nombreux, postés très régulièrement. La signalisation est extraordinaire, aucun risque de se perdre, la rubalise orange est en permanence bien visible. Coté ravitaillement c’est l’abondance., Cela fait longtemps que je n’ai pas vu autant de bénévoles mobilisés dans l’allégresse avec des chants, des danses, et tout un tas de choix de plats et encas à se mettre sous la dent.
Pour Perrine, rien ne se passe comme prévu. Au km 60 (plutôt 66 km en réalité), elle est terrassée par des vomissements. Son estomac dit non, son corps aussi. La mort dans l’âme, elle me rejoint à la case départ. Dépitées, nous listons les spécificités de nouvel UTMB thaïlandais.
Paysages majestueux au cœur d’une faune et d’une flore luxuriante, mais surtout, une technicité extrême. Sur le 100 km, on comptera 50% d’abandon sur cette première édition. La faute au couac sur les barrières horaires suite aux modifications de circuits. Mais Betong et ses habitants si généreux méritent bien un festival de trails à la sauce UTMB.