Brooks Hyperion Elite : du carbone pour carburer

Depuis quelques mois, dans la foulée du géant Nike, initiateur du mouvement, les équipementiers commercialisent des modèles très orientés compétition utilisant notamment une plaque de carbone dans la semelle, technologie censée améliorer les performances. Le 1er mars, le modèle Hyperion Elite de Brooks sera disponible en quantité limitée – 105 paires en France – chez quelques revendeurs spécialisés. Nous avons pu la tester en avant-première.

Test réalisé par Frédéric Poirier, 54 ans, 1,77 m, 69 kg, 2h47’ sur marathon (2013). 

Premier constat en les sortant de leur boîte, elles sont légères : 200 grammes en pointure 44. Second constat, le mesh est très souple et constellé de minuscules encoches et le chaussant est assez étroit. En tenant la chaussure avec ses deux mains pour plier l’avant de la semelle, il faut fournir un effort important en raison de la lame de carbone qui court de l’avant à l’arrière de la semelle.



Dès les premières foulées on a irrésistiblement envie d’accélérer, d’abord en raison de leur légèreté et aussi du fait d’une légère bascule sur l’avant qui incite à courir de manière dynamique. Si le confort est préservé, le mesh très minimaliste n’isole pas très bien de l’humidité en cas de pluie. Sur une séance d’environ 50 minutes avec variations d’allure, sur bitume, il est difficile d’estimer le gain apporté par rapport à un modèle plus polyvalent, alors direction la piste du stade de la porte d’Auteuil, à Paris, pour un entraînement plus rythmé.

A l’aise sur la piste

Au programme, après 20 minutes d’échauffement et quelques gammes (foulées bondissantes, montées de genoux, etc.), place à des séries de 300 mètres en 58 secondes (3’15 » au km) avec le même temps de récupération en courant lentement. Les quatre premières séquences sont courues avec le modèle Hyperion Tempo, beaucoup plus polyvalent (test à venir dans Running Attitude n° 210 en kiosque fin mars). Les séries sont courues entre 58 et 59 secondes. Le vent se lève un peu et la pluie fait son apparition, je chausse les Hyperion Elite pour courir les six dernières séries. Bon point pour la bonne adhérence de la semelle sur la piste désormais bien humide. Verdict de cette première série avec les Elite  : 56 secondes. C’est en autochronométrage certes, mais avec la même méthode que précédemment. Les 4 sections de 300 mètres suivantes seront toutes courues entre 55 et 56 secondes, bonus avec une ultime séquence sans contrôler l’allure, courue en 50 secondes.

Indéniablement il se passe quelque chose, le modèle Hyperion Tempo est à peine plus lourd (215 grammes) mais beaucoup moins réactif que les Elite.

Aux pieds, les Hyperion Elite. A côte, les Hyperion Tempo.

Quelques jours plus tard, au bois de Vincennes, sur un circuit plat mesuré à la roue de géomètre, séances de 800 mètres sur bitume. Objectif 6 x 800 mètres en 3 minutes (3’45 » au km soit pile 16 km/h) avec 2 minutes de récupération, les deux premières séries en Hyperion Tempo. Après les deux premières courues en  » piochant  » un peu en 3′ et 2’59 », les quatre suivantes en portant les Hyperion Elite sont courues à peine plus vite (entre 2’57 » et 2’58 ») mais avec bien plus d’aisance.

Ultime comparatif à nouveau sur la piste d’Auteuil et à nouveau sous la pluie pour 6 x 600 mètres en 2’10 » (3’35 » au km) avec 2 minutes de récupération. Trois séries avec les Tempo en 2’10 » / 2’11 », les trois suivantes en 2’09 » avec les Elite.

Deux autres entraînements un peu plus longs (1h30 chacun) montrent plusieurs aspects : leur coloris clair les rend salissantes lorsqu’il pleut fort et on a vite les pieds très mouillés. Le confort est assez bon pour un modèle orienté vers la performance, même après 1h15 avec des variations d’allure. Si les différences de chrono sur les séances effectuées ne sont pas significatives, leur aisance sur ce type d’entraînement est vraiment supérieur à leur modèle  » inférieur  », les Hyperion Tempo.

Sans parler de rebond, on se sent plus dynamique et avec une facilité de propulsion qui donne une irrésistible envie de continuer sur un rythme élevé.

A quels coureurs sont elles destinées ?



Leur nom et leur prix (250 €) ne laissent aucun doute quant à leur positionnement élite. Elles seront à utiliser en compétition et sur quelques entraînements pour s’habituer à courir avec. Elles sont évidemment utilisables sur courte distance, 5 ou 10 km. Pour des distances supérieures, ce sera au coureur d’apprécier la situation : elles sont assez confortables sur une durée de 1h30, donc largement utilisables sur un semi-marathon pour de nombreux coureurs, mais il faut néanmoins  » avoir du pied  » pour en tirer la quintessence, et notamment avoir une bonne fréquence de foulée (> 170 pas par minute).
Pour une durée supérieur à 1h45, et envisager un marathon (sur des chronos allant de 2h20 à 2h50), il n’est pas certain qu’elles conviennent à tous les profils : leur amorti est très dynamique, ll faudrait effectuer des séances d’entraînement longues (2h à 2h10) avec ce modèle pour vérifier qu’elles seront bien adaptées au coureur.

Il n’est pas facile, avec un modèle destiné à la performance, de déterminer le réel gain sur les chronos qui serait apporté par les chaussures. En tout état de cause, que ce soit sur les séances effectuées sur piste ou les quelques entraînements à allure variées (pour un total d’environ 90 km), cela s’est fait avec plus d’aisance ce qui pourrait repousser le seuil de fatigue, participant ainsi à l’amélioration des performances.